Éric Dupond-Moretti jugé pour conflit d'intérêts : comment le ministre va gérer son temps entre sa fonction et le banc des prévenus
Un ministre de la Justice en exercice devant un tribunal pour conflit d'intérêts, c'est inédit. Éric Dupond-Moretti est jugé à partir de lundi 6 novembre par la Cour de justice de la République. Il lui est reproché d'avoir usé de son poste pour régler des comptes avec des magistrats. Comment vont s'organiser ces 15 jours de procès pour Éric Dupond-Moretti tout en restant ministre ? "Il veut maintenir ses activités de ministre le plus possible pendant son procès", confie un de ses collègues. Il avait été envisagé qu'Élisabeth Borne assure l'intérim, mais cette option n'a pas été retenue. "Dupond-Moretti s'est battu contre cette idée", confie un macroniste. "Ça aurait trop dramatisé", dit un proche.
Pas d'intérim mais des aménagements
Il y aura des aménagements : le garde des Sceaux sera excusé pour le Conseil des ministres du mercredi 8 novembre, mais selon le calendrier prévisionnel des audiences, il devrait pouvoir assister à celui de la semaine prochaine. Si besoin, sa signature sera déléguée à son directeur de cabinet, même si Éric Dupond-Moretti compte bien signer décrets et circulaires tôt le matin, ou le soir en rentrant du Palais de Justice. Reste à déterminer qui répondra à sa place, pendant les questions au gouvernement du Parlement : la Première ministre, le porte-parole Olivier Véran, ou bien un autre ministre. "Ça se décidera en fonction des sujets", glisse un conseiller de l'exécutif.
Face à cette situation inédite, dans la majorité certains dédramatisent, à l'image de cette ministre : "Quand on est en vacances ou arrêté à cause du Covid, personne ne dit qu'il faut un intérim". Un député MoDem salue : "Il est présumé innocent, c'est bien qu'il reste en poste". Mais tout le monde n'est pas aussi à l'aise, comme cet élu Renaissance, "choqué qu'Éric Dupond-Moretti ne se déporte pas pendant le procès", ou ce conseiller qui y voit "un mauvais signal alors qu'on devrait être exemplaires".
Éric Dupond-Moretti, quant à lui, est serein, confiant, voire impatient relate son entourage. "Il a hâte d'en découdre et de prouver son innocence, insiste un député, il a l'air sûr de lui". L'avantage, c'est qu'à la fin du procès, les choses iront vite : quelques heures, au pire quelques jours, et la Cour de Justice de la République rendra sa décision. "S'il est blanchi, on aura bien fait de le garder", dit une ministre, mais s'il devait être condamné, Élisabeth Borne a déjà prévenu : Éric Dupond-Moretti devrait alors quitter le gouvernement.
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