"Il est plus conservateur que nous !" : comment Bruno Retailleau intéresse le RN

Les sorties du nouveau ministre de l'Intérieur, figure Les Républicains, ont crispé ses alliés du bloc central. Le Rassemblement national compte s'en servir.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, arrive pour une réunion des membres du nouveau à l'hôtel Matignon, à Paris, le 23 septembre 2024. (IAN LANGSDON / AFP)

Ses petites phrases ont fait dresser les poils, des deux côtés de l'échiquier politique, mais pas de la même façon. Dans de récentes interviews, fin septembre, Bruno Retailleau, désormais ministre de l'Intérieur du gouvernement de Michel Barnier, qui regroupe la droite et des macronistes, a estimé que "l'immigration" n'était "pas une chance", et que l'"État de droit" n'était "pas intangible ni sacré". Indignation d'une partie des macronistes, mais applaudissements du Rassemblement national. "Quand on l'écoute, on a l'impression que c'est l'un de nos porte-parole", s'amusent à répéter des cadres du RN, avec l'idée de tenter de fragiliser le nouvel exécutif. 

Ils sont malgré tout plusieurs à se retrouver sur la ligne Retailleau. "Il parle comme nous", appuie auprès de franceinfo un député. Pour un proche de Marine Le Pen, le nouveau locataire de Beauvau permet même de "changer de culture, de radicaliser tout le monde". "Il est plus conservateur que nous !", estime-t-il. "Ce n'est pas la première fois qu'un membre du parti Les Républicains utilise nos mots", tempère un pilier du groupe mariniste à l'Assemblée nationale. Le RN se tient donc à distance. On nous assure qu'il n'y a pas eu de rencontres ni de prise de contact avec Bruno Retailleau."On sait très bien qu'il n'aura pas les moyens d'aller jusqu'au bout, on n'y croit pas", tranche un élu.

Parier sur son échec... pour s'en servir

Le RN , parti d'opposition rappelons-le, n'attend plus que des preuves pour le décrédibiliser. La date est toute trouvée : le 31 octobre, le parti de Jordan Bardella va défendre ses textes au Palais-Bourbon, dont les peines planchers et le rétablissement de la double peine. "À voir comment se positionnera le gouvernement", défie un député. Selon un proche de Marine Le Pen, les positions de Bruno Retailleau vont surtout leur servir à "ajouter des trucs dans la liste de course et on dira, qu'il ne va pas assez loin. On sait être des éternels insatisfaits", explique-t-on à franceinfo.

L'ex-sénateur Vendéen est d'après un ministre macroniste mis à l'écart par une partie de ses camarades. "Il a une convergence idéologique avec le RN qu'il n'a jamais cachée", s'agace-t-il. À l'entendre, il est surtout pour Michel Barnier une porte d'entrée vers le RN, que le nouveau Premier ministre n'exclut pas de l'arc républicain.

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