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Coupe du monde 2022 : le gouvernement hausse le ton contre les sites de paris sportifs qui visent les jeunes

En plein Mondial de football, l’exécutif s’inquiète notamment pour les jeunes, particulièrement ciblés par les paris sportifs. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un joueur regarde un site de paris sportifs. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

C’est une publicité dans les couloirs du métro, à la télévision ou sur les réseaux sociaux qui a fait bondir la secrétaire d’Etat, Sarah El Haïry. En cause, un slogan  : "Le plus important, c’est de gagner", détournement marketing du célèbre adage de Pierre de Coubertin, et une animation inspirée des mangas. "Une campagne agressive", juge la ministre chargée de la Jeunesse et du Service national universel, qui s'alarme du nombre de jeunes qui parient sur le sport.

>> "Pigeon", "big fish", "VIP" : comment des sites de paris sportifs fichent et incitent les utilisateurs à jouer (et perdre) beaucoup

35% des 15 à 17 ans jouent à des jeux d’argent et de hasard

En théorie, les paris sont interdits avant 18 ans, mais une récente étude, conduite sur plus 5.000 jeunes, montre que 35% des 15 à 17 ans jouent à des jeux d’argent et de hasard. Le danger est financier mais aussi psychologique ou social avec les risques d’addiction. Or, les opérateurs ainsi que les régulateurs n’en font pas assez au goût de la ministre. "On ne peut pas laisser croire à la jeunesse qu’on joue son destin en pariant", explique en privé Sarah El Haïry. Selon nos informations, la ministre a donc adressé vendredi un courrier à la patronne de l’Autorité nationale des jeux.

Elle demande au régulateur d’aller "plus loin" sur la limitation des publicités, notamment sur les supports destinés aux jeunes. Elle propose aussi que les publicités en faveur des paris sportifs mentionnent la probabilité statistique de perdre. Un autre courrier doit partir aujourd’hui de son cabinet à destination de l’ARCOM, censée contrôler la publicité… 

"Comme le tabac ou l'alcool"

Le gouvernement n’est pas le seul à s’inquiéter des risques et dérives des paris sportifs pour les plus jeunes. Il y a quelques jours, le socialiste Stéphane Troussel, patron du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis a lancé une campagne de sensibilisation. L’élu estime que ces publicités visent principalement les jeunes des quartiers populaires en utilisant leurs codes. Du coté de l’Assemblée, la Nupes s’est récemment saisie du sujet. Parmi les mesures sur la table : limiter la publicité, réclamer une carte d’identité pour s’inscrire sur les sites de paris ou interdire aux sportifs de devenir égéries des opérateurs. Comme le reconnait un conseiller, "C’est comme le tabac ou l’alcool. Si la loi ne force pas la main des opérateurs, ils ne bougeront pas".

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