La politique de la ville, l'autre préoccupation d'Emmanuel Macron
L’exécutif veut mettre les bouchées doubles à l’approche de l’été, pour éviter que les quartiers ne s'embrasent.
Il y a ce qui se voit et ce qui s’entend : les déplacements comme celui d’Emmanuel Macron lundi à Montpellier, ou celui de son Premier ministre mardi dans un centre pénitentiaire, avec à chaque fois des déclarations à forts accents régaliens. Et puis ce qui se voit moins, les dispositifs, et les filets déployés pour éviter "que ça n’explose" dans les banlieues.
Plusieurs ministres craignent un embrasement à l’été, sur fond de convergence entre crise sociale, pauvreté, et désespérance d’une partie de la jeunesse. "On fait tout pour ne pas que cela arrive", confie la discrète Nadia Hai, chargée de la Ville. C'est sur ses épaules que repose la mission de prévenir cet "embrasement".
Dix millions d'euros débloqués
La ministre n'est pas avare de chiffres. Elle explique que 300 éducateurs supplémentaires seront déployés dans les quartiers dès le début de l'été, et autant le seront en septembre. Des médiateurs au plus près du terrain, pour aider notamment à endiguer la délinquance juvénile.
Ce mardi, Nadia Hai annonce aussi la création d’un nouveau fonds de 10 millions d’euros destiné aux quartiers prioritaires. La somme servira à financer des projets associatifs en faveur des jeunes des quartiers, dans l’éducation, le sport, la culture, l’insertion sociale, la santé mentale entre autres.
"La réponse ne peut pas être tout-sécuritaire, précise Nadia Hai, il faut développer une offre alternative". Extraire les plus précaires des mains des réseaux criminels qui leur proposent de l'argent facile - celui de la drogue. Mais éviter aussi que les quartiers tombent dans les bras d'associations en réalité affiliées à l'islam politique.
Nadia Hai constate que "les islamistes essaient de profiter de la crise pour renforcer leur implantation", sous le faux nez de la charité, en proposant des paniers alimentaires pour les familles en difficulté, en proposant aussi d’aider pour les cours des enfants, ou pour l’insertion professionnelle. "On veut et on doit revenir dans ces quartiers en disant que l’offre ne peut être que celle de la République", insiste Nadia Hai. Ce fonds doit aussi servir à cela : dans le maquis des associations, faire le tri entre le bon grain et l’ivraie.
Le gouvernement veut "marcher sur ses deux jambes"
Signe de la vigilance accordée à ce sujet, les dossiers sont directement suivis par Matignon. Jean Castex préside toutes les six semaines un Comité Interministériel à la Ville, pour vérifier que les mesures annoncées sont traduites en actes.
Matignon défend une méthode qui permet de "marcher sur deux jambes", le sécuritaire et le préventif. Car au sommet, certains se méfient de l'approche tout sécuritaire, et encore plus à un an de la présidentielle. "La sécurité c’est un combat que politiquement vous ne gagnez pas, met en garde un fidèle d'Emmanuel Macron, il y aura toujours un truc horrible qui se passe." Et l'émotion chasse ainsi le chiffre.
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