Législatives 2022 : Zemmour qui pleure, Le Pen qui rit (en silence)
Le Rassemblement national se réjouit des déboires d’Eric Zemmour et de son parti Reconquête. Mais sans l'exprimer publiquement.
Compte tenu de la violence des échanges et des anathèmes échangés ces derniers mois, nul n’aurait été étonné d’entendre les porte-parole de Marine Le Pen se réjouir des déconvenues d’Eric Zemmour, laminé dès le premier tour des législatives, comme l’ensemble de ses candidats.
Et pourtant, depuis dimanche : rien. Pas une critique, pas un sarcasme contre celui à qui Marine Le Pen reproche en privé d’avoir "pourri la campagne présidentielle." Mais n’allez pas croire que le RN soit triste de l’élimination de celui qui prétendait le remplacer. En coulisses, ça rit sous cape. En public, ça file droit. Car il y a un second tour dans quatre jours, et quelque 965 000 électeurs ont glissé un bulletin Reconquête dimanche. Donc pas question de s’aliéner de potentielles réserves de voix.
Les électeurs d’Eric Zemmour sont les bienvenus. Pas ses soutiens politiques. Mardi soir sur France 2, Marine Le Pen a encore fermé la porte à un retour des ex-RN partis chez Reconquête.
"Les tempêtes débarrassent les arbres des bois morts. Je ne les regrette pas."
Marine Le Pensur France 2
Voilà pour les quatre députés européens – Gilbert Collard, Nicolas Bay, Jérôme Rivière, Maxette Pirbakas – partis avec leur mandat… et l’argent qui y est lié. La porte reste ouverte en revanche aux zemmouristes qui n’ont pas de passif particulier avec le RN. Il y a également le cas Guillaume Peltier : l'ex député Les Républicains a déjà tenté de rejoindre Marine Le Pen avant la présidentielle. Il "est très affable depuis fin avril, il envoie des textos, il tape à la porte", confie un cadre RN. Le Pen n’en veut pas car, dit-elle, "il porte malheur à ceux qu’il soutient". En politique, il y a aussi une part d’irrationnel.
Le RN a "tourné la page" de Reconquête
Marine Le Pen est prête à ranger Eric Zemmour au rayon des reliques du passé. "Leur destin, on s’en fout un peu, on a tourné la page, pour nous c’est fini", confie un porte-parole du RN. Le parti prédit à Reconquête le même destin que le MNR de Bruno Mégret, ou les Patriotes de Florian Philippot, qui existent modestement sans remporter pour autant de victoires électorales.
En privé, Marine Le Pen ose même un pari : celui d’une guerre pour la présidence de Reconquête, entre Marion Maréchal d’un côté, le tandem Nicolas Bay-Guillaume Peltier de l’autre. Il y a un préalable à cela : qu’Eric Zemmour renonce à cette présidence. Scénario qu’il n’a jamais évoqué.
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