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Législatives : l’extrême-droite dans le flou

Après la présidentielle, viendront les législatives. Et déjà, les équipes de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour s’y préparent, dans un certain flou.

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Eric Zemmour, le 17 mars 2022, à Saint-Denis. (THOMAS COEX / AFP)

Prudence de sioux dans les états-majors. Personne n’ose se risquer à des pronostics ni même à afficher ses ambitions avant le résultat de la présidentielle. Résumé prudent d’un proche de Marine Le Pen : "Soit Marine se fait méchamment essorer, et on essaiera de sauver nos députés, soit elle est au second tour et s’en sort avec les honneurs et on essaiera d’avoir un groupe." Ambition limitée, un groupe à l’Assemblée n’était constitué que de quinze députés.

Pour l’heure le RN en compte sept. Chez Eric Zemmour, pas question non plus de fanfaronner. Le parti Reconquête! est jeune, ne compte aucun élu sous cette bannière pour l’instant, difficile donc d’évaluer le potentiel électoral même si on nous assure avoir déjà commencé à identifier quelques zones de force, dans l’Est notamment et sans surprise, du côté de la côte d’Azur.

Le RN a déjà presque tous ses candidats

D’ici lundi, le parti de Marine Le Pen aura aligné environ 500 candidats sur 577. Les investitures ont commencé à l’automne. La formation a choisi de commencer tôt, pour verrouiller ses candidats, éviter les désertions notamment direction Reconquête. À tel point que ces derniers jours, les secrétaires départementaux du RN ont été appelés à faire ouvrir les comptes de campagne de leurs candidats, difficile ensuite de se dérober.

D’autant que ce scrutin revêt un intérêt financier pour le RN : les législatives, c’est un revenu pour les partis : toute candidature qui dépasse 1% rapporte. Plus une formation dispose de candidats sous son étiquette, plus cela rapporte. Ce qui fait dire à ce cadre de Reconquête qu’un accord avec le RN est peu probable : "Ils ont 24 millions de dettes à éponger."

Chez Eric Zemmour, le risque d’un trop plein de candidats

Imaginez un navire amiral, Reconquête!, allié à trois petites formations comme Via, le parti de Jean-Frédéric Poisson. Ajoutez à cela l’alliance avec Marion Maréchal, et vous avez le risque de produire des divisions en quantité industrielle. Le parti d’Eric Zemmour préfère donc prendre son temps, au risque de mécontenter certains. "Je ne sais pas ce qu’on attend", commente par exemple un cadre local. On nous assure qu’aucune investiture ne sera accordée avant le second tour de la présidentielle.

L’état-major zemmouriste a aussi imaginé des commissions indépendantes à chaque parti qui proposerait des noms eux-mêmes validés par une commission qui chapeauterait le tout. Difficile à comprendre, mais c’est le prix à payer, espère-t-on, pour arriver à ne pas mécontenter tout le monde. Le processus de désignation des candidats aux législatives de Reconquête promet en tout cas des discussions animées, d'autant plus en cas d’échec d’Eric Zemmour dès le 10 avril.

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