Publicité pour les produits sucrés et salés : le bras de fer entre les instances de santé et les chaînes de télévision

Une réunion cruciale se tient jeudi à l'Arcom. Le ministère de la Santé souhaite que les chaînes réduisent le volume de ces publicités, mais les chaînes de télévision sont inquiètes pour leur modèle économique.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une réunion cruciale a lieu jeudi 24 octobre 2024 à l'Arcom autour de la charte alimentaire, les instances de santé veulent réguler la diffusion de certaines publicités. (FRÉDÉRIC CIROU / MAXPPP)

La nouvelle charte alimentaire est en négociation depuis plusieurs mois. Il s'agit d'une série d'engagements que prennent les chaînes télévision pour promouvoir dans leurs programmes une alimentation et des comportements qui font du bien à notre santé, comme l'opération "mangez bougez", par exemple. Selon les informations de franceinfo, une réunion déterminante a lieu jeudi 24 octobre à l'Arcom, pour l'avenir de la charte, qui prendra effet dès le début d'année 2025 et pour cinq ans.

Cette réunion est cruciale, parce que parmi les nombreux points au menu du jour, le ministère de la Santé souhaite que les chaînes réduisent le volume de publicités pour les produits gras, sucrés, salés, quand les plus jeunes sont susceptibles de les voir à la télévision. Ces publicités pour les produits D et E du nutriscore, peuvent concerner tout ce qui est gâteaux, chips, pâte à tartiner. Il y a urgence pour les instances de santé, qui demandent aux chaînes de réduire leur diffusion lors des heures d'écoute conjointes. Aujourd'hui, d'après une source de premier plan, ces produits apparaissent dans six pubs alimentaires sur dix.

Les chaînes s'inquiètent pour leur modèle économique

Les moments où enfants et parents se retrouvent devant la télévision sont considérés comme des heures d'écoute conjointes. Avant, après le journal télévisé, Koh Lanta, Fort Boyard, Top Chef sont considérés comme autant de moments d'heures d'écoute conjointes.  Du côté des chaînes, on nous dit que c'est difficile, pour ne pas dire impossible, de savoir en amont combien d'enfants sont devant l'écran à ce moment-là. Se priver de publicité pendant le pic d'audience remet en cause, d'après les chaînes, leur modèle économique et le financement de ces programmes, avec une estimation de deux tiers de perte de leurs revenus d'ici 2030 en cas de réduction de ces publicités..

L'algorithme du Nutriscore va, par ailleurs, évoluer. Certains aliments vont être rétrogradés, passer de C à D, par exemple. La crainte de ces chaînes est de voir les annonceurs se tourner d'autant plus vers le digital, les réseaux sociaux pour diffuser ces publicités, sans restriction, là où de nombreux jeunes passent plusieurs heures de leur temps chaque jour. "Il faut aller plus loin, mais la télé ne peut pas tout faire toute seule, on a beaucoup trop perdu en termes de chiffres", confie à franceinfo une source au sein de la profession.

Le gouvernement entend jouer un rôle actif dans la prévention aux risques liés à la consommation de ces produits sucrés. Selon les informations de franceinfo, la nouvelle ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq veut en faire une priorité, même si le mot prévention n'apparaît plus dans le titre de son ministère. Elle a nommé un conseiller spécial à la prévention et pousse d'ailleurs l'idée d'une délégation interministérielle pour faire bouger les choses. Sur cette charte alimentaire en particulier, l'enjeu sera de la signer d'ici la fin de l'année 2024. Ce qui n'a pas été le cas la dernière fois, l'exécutif de l'époque, sous Olivier Véran, estimant qu'elle manquait d'ambition.

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