Attaque du Hamas contre Israël : partir ou rester, l'angoisse et le dilemne des habitants de Sdérot

Quatre jours après l'offensive du Hamas, à quelques kilomètres de la bande de Gaza, des soldats de Tsahal traquent toujours des commandos, sous le hurlement des alertes anti-roquettes. Pendant ce temps, les civils se terrent dans l'angoisse de nouvelles attaques, quand ils ne décident pas de fuir leur maison.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue - avec Sandrine Mallon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 95 min
Une maison de Sdérot endommagée par la chute d'une roquette, le 9 octobre 2023. (JACK GUEZ / AFP)

Après la sidération en Israël, l'armée dit avoir repris le contrôle complet des territoires du sud, situé près de la bande de Gaza. Mais sur place, les habitants restent sous le choc des attaques qu'ils ont subies de la part des commandos terroristes du Hamas. À Sdérot, à quelques kilomètres seulement de cette bande de Gaza, même si la situation est stabilisée, des chars tournent encore dans les rues et des détonations retentissent. Comme ici à Ben Gourion, ce quartier résidentiel, désormais fantomatique, à trois minutes en voiture du commissariat de police en ruines après l'attaque du Hamas.

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Le long des rues : des voitures criblées, calcinées, aux vitres brisées, des débris, ainsi qu'un vêtement ensanglanté témoignent de la violence de ces derniers jours. Une énième détonation a convaincu tous les membres de cette famille de quitter leur appartement direction Eilat, la pointe sud d'Israël : "On se décidera une fois qu’on aura quitté la zone dangereuse, mais pour le moment, nous ne savons pas où nous allons. On suit le mouvement, peu importe", glisse Salior, le père de famille. 

"On voulait partir avant, mais quand on a entendu qu'il y avait des terroristes infiltrés, on s'est barricadés à la maison."

Salior, un père de famille de Sdérot

à franceinfo

Avec son épouse, ils tentent de fermer le coffre de la voiture, qui contient quatre petites valises : "Ma femme est très angoissée, moi, j’essaye de rester cool et de faire bonne figure pour les enfants, pour ne pas les inquiéter...", confie-t-il. 

Alors que son petit garçon fait la liste des choses essentielles, tels que des vêtements, de la nourriture pour le chien et le lit bébé, sa sœur crie : "Maman, ça ne rentre pas !". Le père demande à tout le monde de rentrer dans le véhicule : "Les enfants, attachez-vous ! Qui n’a pas mis sa ceinture ?". Mais avant le départ, Nanuli, la grand-mère, nous glisse, désespérée : "Nous avons très peur, nous devons partir vite parce qu’il y a une alerte rouge. C’est le bazar, nous sommes très inquiets, ici à Sdérot, on souffre vraiment beaucoup."

"On est les seuls à être restés"


Malgré le calme des rues, la ville reste en état d'alerte : pas de sirène, par exemple, pour annoncer le sifflement de la roquette qui survole la famille. Le temps de se mettre à l'abri, sur le parking, un couple qui semble seul au monde sur son balcon nous fait signe : l'homme indique qu'il descend. "Moi, c'est Nicolaï. Il y a deux ans, il y avait des roquettes, mais il n’y avait pas de terroristes dans les rues, c’est ce qui est incroyable. Beaucoup de personnes sont mortes. Dans mon immeuble, il y a 18 appartements, mais on est les seuls à être restés. Je suis ici avec ma femme et mes parents habitent juste à côté, mon père a 85 ans et ma mère, 76. Ils ne peuvent pas bouger, c’est pour ça que nous ne pouvons pas partir", lâche-t-il.

Après une annonce du gouvernement israélien de faire des stocks pour plusieurs jours, les rayons des supermarchés près de la bande de Gaza ont été dévalisés. (JACK GUEZ / AFP)

Cet employé d'usine dit avoir de quoi tenir, en vivant dans son "mamad", l'espace protégé de son appartement : "J'ai tout ce qu’il faut à la maison, de l’eau de la nourriture. Même les croquettes pour les chats, nous en avons acheté beaucoup", sourit-il presque. Mais il redevient aussi sérieux : sa crainte, comme celle des autres d'habitants de Sdérot, c'est qu'il y ait encore des combattants palestiniens cachés dans la ville, prêts à attaquer par surprise. 

"Cette défaillance nous a terrorisés"

De son côté, le gouvernement israélien a prévenu d'une guerre "longue et difficile" contre le Hamas, recommandant aux habitants de stocker chez eux des vivres pour au moins trois jours. Rapidement, les rayons des supermarchés ont été dévalisés. Pour Benjamin, un Franco-israélien de 38 ans, s'est précipité dans une supérette avant la fermeture, ce sera donc trois litres d'eau par jour et par personne, de la nourriture sèche et en conserve, une lampe de poche, des médicaments, une trousse de premiers secours. De quoi rester longtemps dans une zone protégée.

"J'ai quatre enfants à la maison, j'ai déjà fait des courses, mais il y a un côté anxiogène qui vous dit peut-être que vous n'en avez pas fait assez. J'ai vécu pas mal de guerres avec Gaza, pas mal de roquettes... Mais on n'a jamais connu ça. Là, on a une vraie crainte. Cette défaillance nous a terrorisés, parce qu'on s'est dit qu'on n'est peut-être pas aussi forts qu'on le prétend. Une telle défaillance de l'armée, des services de sécurité, des renseignements, ce n'est pas normal", dénonce-t-il.

Plus question de fuir vers le nord d'Israël : plusieurs membres réservistes de l'armée de sa famille y ont été envoyés, de crainte qu'un autre front ne s'ouvre à la frontière libanaise.

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