Comment la France se prépare à faire face aux tsunamis, 20 ans après le séisme de Sumatra

C'était il y a 20 ans jour pour jour. Le 26 décembre 2004, le séisme de Sumatra déclenchait un tsunami dévastateur dans l'Océan Indien. Cet évènement a causé la mort de 250 000 personnes. En France, la communauté scientifique se prépare à prévenir un éventuel phénomène de tsunami.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le centre d'alerte aux tsunamis (CENALT) situé à Bruyères-le-Châtel près de Paris (CEA/CENALT)

Pour la communauté scientifique, cela a été un véritable électrochoc. Celle-ci a pris conscience que les tsunamis ne concernaient pas que l'océan Pacifique. Le risque zéro n'existe pas et ce même en Méditerranée ou dans l'Atlantique. La France pourrait donc être, elle aussi, touchée. Ce scénario est pris au sérieux par les autorités.

Le 19 janvier 2024, un signal sonore accompagné d'un message d'alerte indiquant l'imminence d'un tsunami a été envoyé sur tous les téléphones géolocalisés sur le littoral méditerranéen. Fort heureusement, il ne s'agissait que d'un simple exercice piloté depuis le centre national d'alerte aux tsunamis (CENALT), situé près de Paris. Ce centre est, en quelque sorte, une tour de contrôle avec un écran géant au mur et une carte du monde où s'affichent de petits triangles de couleur.

Le centre d'alerte aux Tsunamis (CENALT) situé à Bruyères-le-Châtel près de Paris (CEA/CENALT)

Ces triangles symbolisent les 400 capteurs sismiques répartis à travers le globe et surveillés par les équipes de Pascal Roudil, sismologue et responsable du centre national d'alerte au tsunami au CEA : "Quand on a des stations qui se mettent à clignoter en rouge, cela veut dire qu'il y a une petite activité qui se passe en ce moment même. Cette activité, cela peut être des gens qui tapent du pied à côté des sismomètres, cela peut être un camion sur la route qui n'est pas loin ou cela peut être un phénomène qui génère des ondes acoustiques à l'intérieur du sol comme un tremblement de terre." Ces sismomètres sont, d'ailleurs, suivis 7 jours sur 7, de jour comme de nuit.

"Dans un cas réel, un séisme de magnitude 6,8 au large de Nice, toutes les stations qui seraient touchées se mettraient à clignoter en rouge."

Pascal Roudil

Franceinfo

Dans ce cas précis, "toute la Côte d’Azur" serait menacée, "mais cela concernerait l'Italie, l'Espagne, l'Algérie, la Tunisie, le Maroc et là on se mettrait en situation de crise", avertit le sismologue. Entre le déclenchement du séisme et l'arrivée des vagues, les habitants ont seulement quinze minutes pour se mettre à l'abri. Depuis la création de ce centre d'alerte en 2012, une centaine d'événements notables ont été signalés mais sans risque réel de tsunami.

Ce type d'événements s'est d'ailleurs déjà produit en Méditerranée aux 16ème et 19ème siècles, bien qu'il n'ait pas été de l'ampleur des tsunamis asiatiques. "On n’attend pas des tsunamis qui fassent plus de 2 ou 3 mètres de haut, contrairement à l'océan Pacifique ou Indien où là il y a eu des vagues qui faisaient plus de 30 mètres de haut", rassure Pascal Roudil. Toutefois, il n'est pas nécessaire d'avoir des vagues aussi impressionnantes pour subir des dégâts.

"Pour faire des dégâts, il suffit de 50 cm à peu près. Un mètre, c'est largement suffisant pour soulever des bateaux et les propulser sur le front de mer."

Pascal Roudil

à franceinfo

C'est pour toutes ces raisons que des exercices sont organisés par les communes du littoral afin de sensibiliser les habitants.

Mieux cerner les tremblements de terre

Les scientifiques développent de nouvelles technologies afin de mieux comprendre les tremblements de terre. Depuis quelques années, certains sismologues utilisent le réseau de fibre optique pour sonder les entrailles de la Terre, avec par exemple l'opérateur Altitude Infra, qui déploie la fibre en Haute-Savoie. "Sur cet exemple, nous avons un câble d’un centimètre de diamètre avec 48 fibres de verre à l'intérieur pour le raccordement des abonnés et leur apporter le haut débit. Une des fibres a été mise à disposition au titre de la recherche sur l'étude sismique", explique le responsable de projet Sébastien Arlant.

Le sismologue Olivier Coutant a mené l'expérimentation, sur cette fibre enterrée près d'Annecy, à l'aide d'une machine bien spéciale, le DAS, un système de détection acoustique : "c'est exactement un laser qui envoie des 'pulse' à une cadence extrêmement élevée et on mesure le temps de propagation de la lumière dans la fibre. On en déduit d'éventuelles déformations de la fibre qui peut s'allonger ou se raccourcir quand elle est soumise à des mouvements sismiques du sol." Cette technologie s'avère idéale pour étudier notamment ce que l'on appelle la microsismicité.

"Les gros séismes majeurs n'arrivent pas comme ça, du jour au lendemain, sans crier gare. On a toujours eu intérêt à regarder la petite sismicité pour découvrir les failles avant qu'elles ne cassent vraiment."

Olivier Coutant

à franceinfo

Bien que la fibre optique ne remplace pas les sismographes, elle possède l'avantage d'être partout, dans des endroits inaccessibles et notamment dans les grands fonds marins, avec plusieurs milliers de kilomètres déployés à travers le globe.

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