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"Je respecte la règle... dans une certaine mesure" : au Royaume-Uni, le reconfinement n'est que partiellement suivi

Si en France, l'hypothèse d'un troisième confinement semble de plus en plus plausible, d'autres pays ont pris cette décision il y a déjà plusieurs semaines. C'est par exemple le cas en Angleterre. Mais Outre-Manche, la mesure n'est pas vraiment respectée.

Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
En Angleterre, le port du masque n'est pas obligatoire dans la rue. (TOLGA AKMEN / AFP)

C'est une petite musique qui monte en France depuis quelques jours : nous dirigeons nous vers un troisième confinement ? En Angleterre, une telle mesure est en place depuis trois semaines, une décision prise dans l'urgence le 4 janvier dernier. Aujourd'hui, les hôpitaux anglais croulent toujours sous les malades du Covid-19. Il y a actuellement plus de 30 000 patients et les personnels soignants racontent leur épuisement et leur détresse face à une vague bien plus haute que celle d’avril dernier. Et cela dure depuis des semaines.

À travers le pays, des morgues sont fabriquées à la hâte en raison d'un nombre de décès qui a considérablement augmenté ces dernières semaines. Les compteurs s'affolent : depuis le début de l'épidémie il y a eu plus de 85 000 morts du virus, rien qu’en Angleterre, près de 100 000 dans tout le Royaume Uni. Mais les tous derniers chiffres donnent des raisons d'espérer. Le nombre de nouveaux cas quotidiens s'est effondré : un peu plus de 22 000 en une journée, soit une baisse de 40% en une semaine. Le pays est revenu au niveau de mi-décembre. C'est peut-être enfin un effet du confinement, selon les spécialistes.

Des commerces non-essentiels qui restent ouverts

Ce confinement anglais est pourtant assez flou. Les restrictions ne sont pas claires et il est nettement moins respecté qu'en mars. Officiellement il n'est possible de sortir que pour des achats de première nécessité, faire de l’exercice ou travailler, si le télétravail n'est pas possible. Tous les commerces sont fermés sauf ceux de première nécessité. Mais certaines boutiques restent ouvertes. Dans ce quartier de Londres, par exemple, on trouve sans problème un vendeur de vélos, un magasin de bricolage ou un fleuriste ouverts tous les jours.

Dès qu'il fait beau, les gens sortent. C'est par exemple le cas de Julia : "Je respecte la règle... dans une certaine mesure. J’ai besoin de bouger, de sortir de chez moi. Aujourd’hui, je fais des courses. J’ai aussi marché avec un ami qui promenait son chien, nous nous sommes baladés en respectant une bonne distance entre nous. Ce genre de choses… " Les règles ne sont pas claires et il n'y a pas de contrôle, et donc les gens sortent.

Une "zone locale" que personne ne sait définir 

Pour sortir faire de l'exercice et se dégourdir les jambes, la consigne indique que vous ne devez pas aller "en dehors de votre zone locale", mais rien ne précise ce qu'est une zone locale. Il y a deux semaines, Boris Johnson a été repéré faisant du vélo à 11 kilomètres de chez lui. Était-il hors la loi ? Non, répond le gouvernement. Si la "zone locale" recouvre la ville tout entière, Londres fait plus de 1500 km2, quinze fois Paris... Et c’est aussi là que l’on trouve les taux de contamination les plus élevés du pays. Mais ce confinement autorise donc tous les Londoniens à s’y balader et le masque n'est pas obligatoire à l’extérieur, uniquement dans les lieux publics fermés.

Ce confinement peu restrictif ne plait pas du tout aux professionnels de santé, les infirmiers, les médecins… tous ceux qui voient les malades s’entasser et les morts s’accumuler. Ils sont nombreux à réclamer l’obligation du port du masque en extérieur, mais ils ne sont pas entendus par le gouvernement qui n’en fait qu’une recommandation.

Le conseil scientifique n’a pas été entendu non plus quand il préconisait un confinement plus tôt, bien avant l’annonce de Boris Johnson. Le Premier ministre a fini par s’y résoudre parce que le variant anglais propageait la maladie dans des proportions jamais vues jusqu’ici. Il a décrété ce confinement mal taillé dans l’urgence. Le Dr Nick Mann, médecin généraliste londonien, lui en veut : "J’ai fait partie de ceux qui ont fait pression sur le gouvernement depuis septembre. Premièrement, pour interdire la réouverture des écoles. Deuxièmement, pour un confinement quand les contaminations ont commencé à augmenter."

Le confinement est arrivé si tard, avec des règles pas assez strictes... Je comprends bien les inconvénients d’un confinement, je ne suis pas stupide. Mais en termes de santé publique, c’est le seul moyen d’arrêter la transmission de ce virus.

Dr Nick Mann

à franceinfo

Au début de ce confinement, le Premier ministre envisageait de le lever au plus tôt à la mi-février. Mais lundi 25 janvier, Boris Johnson a évoqué un possible assouplissement avant cette date. Il y a évidemment la pression économique. De nombreux commerces qui ont déjà beaucoup souffert des restrictions, se retrouvent dans des situations catastrophiques. Et leurs salariés avec. Les restaurants, les hôtels, tout le secteur culturel… La liste est interminable. Et puis une partie de la majorité met déjà le gouvernement sous pression pour une réouverture des écoles au plus tard à Pâques. Soit début avril.

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