"Nous sommes rétablis" : la Chine tente de rassurer les investisseurs après trois années de restrictions sanitaires
La Chine, deuxième économie mondiale, a été affectée par trois années de restrictions sanitaires. Depuis deux mois, le pays rouvre ses portes avec la fin de sa politique zéro Covid. De nombreuses régions tentent de nouveau d'attirer les investisseurs étrangers notamment dans la province du Jiangsu, à une centaine de kilomètres de Shanghaï.
Illustration dans l’une des plus grosses usines au monde d’aspirateurs, à Suzhou. Sur ce site de production, on fabrique chaque année 10 millions d’aspirateurs. Toutes marques confondues, une grande partie des aspirateurs achetées en France sont produits sur ce site. Selon l'un des responsables, durant ces trois années de Covid, l’usine a été confrontée à une importante baisse de ses exportations, car avec la fermeture des frontières, les liens physiques avec les clients étrangers étaient devenus impossibles.
C’est pour cette raison, qu’avant même la levée des restrictions sanitaires au mois de décembre, la ville de Suzhou a été l’une des toutes premières en Chine à affréter un avion à destination de l’Europe, pour permettre aux entreprises locales de rétablir le contact avec leurs clients européens. Les responsables de l’usine d’aspirateurs faisaient partie du voyage. "Cette rencontre en face-à-face avec des clients était très importante. Cela va prendre du temps pour obtenir de nouveaux projets et recevoir de nouvelles commandes."
"Rencontrer les clients à l'étranger le plus tôt possible va nous aider à reprendre une production normale le plus tôt possible et à augmenter nos ventes."
Une des dirigeantes d'une usine d'aspirateurs en Chineà franceinfo
Tourner le dos à la période Covid
Cette ville de Suzhou est l'un des gros centres manufacturiers en Chine avec dans sa banlieue d’immenses zones industrielles où sont implantées des dizaines de milliers d’entreprises, notamment étrangères. On retrouve, par exemple, l'entreprise française Decathlon qui assemble des vélos pour le marché chinois. Dans ces zones d’activité, il y a encore beaucoup de place pour accueillir de nouvelles usines, mais depuis 2020, les entreprises étrangères ont été refroidies par la politique zéro Covid. Les investissements ont été mis en pause, la Chine n'était plus considérée comme un pays fiable sur le plan économique, où une usine pouvait être arrêtée en quelques heures sur décision des autorités.
Il y a donc un gros travail à réaliser pour rétablir la confiance. C’était le but de ce premier voyage en France, explique Xiaosu Cao, responsable de l’une des zones d’activité. "Lorsque nous sommes arrivés en France, nous sommes allés voir nos clients actuels, mais aussi de nouveaux clients potentiels et plusieurs institutions. Nous avons passé quatre jours au total en France, notamment à Lyon où nous avons vu l'institut Mérieux pour la biomédecine. Nous leur avons présenté la situation actuelle en Chine et à Suzhou. Nos clients français nous ont posé des questions sur l'épidémie en Chine et le développement de l'économie. Je pense que leur hésitation est compréhensible, ils redoutent une répétition des mesures sanitaires, mais de mon point de vue personnel, le pays a déjà été libéré. La plupart d'entre nous a eu le Covid à la fin 2022. Nous sommes rétablis."
"Même si l'épidémie se reproduit, je pense que nous pourrons tous l'affronter et vivre avec et que cela n'affectera pas le développement économique."
Xiaosu Cao, responsable de l’une des zones d’activité de Suzhouà franceinfo
Les autorités locales promettent des aides et des facilités financières pour toutes les entreprises étrangères qui accepteraient de s’installer dans l’une des zones d’activité de Suzhou.
La plus faible croissance depuis 40 ans en 2022
Suzhou possède aussi la plus grosse usine dans le monde d'un autre groupe français : L'Oréal. Ce site espère aujourd'hui profiter de la fin des restrictions sanitaires. L’Oréal, c’est d’ailleurs la première entreprise que la municipalité de Suzhou est venue rencontrer lors de son passage à Paris. À la tête de l’usine, Xiangling Lu attend les premières retombées de cette nouvelle ère post-Covid, avec peut-être un agrandissement du site. "La bonne nouvelle, c’est que le 20 mars, le grand chef de L’Oréal en charge de l'industrie viendra avec son équipe visiter l'usine de Suzhou. Ce sera leur première visite après trois années d’épidémie. Derrière moi, vous voyez, il y a un nouveau bâtiment avec des ateliers vides. Il y a certainement beaucoup de nouvelles opportunités. Ils vont examiner cela. Il faut préparer nos usines à une augmentation des ventes et de la production. En effet, il est probable que de plus en plus de Chinoises vont peu à peu enlever leur masque. Cela signifie qu’elles vont utiliser davantage nos cosmétiques. Il y aura davantage de consommation."
Comme à Suzhou, d’autres municipalités et provinces chinoises ont aussi organisé des voyages à l’étranger avec un objectif : répondre aux consignes du gouvernement central. Le pouvoir a fait de la relance de l’économie la priorité absolue. L'objectif des Chinois est aujourd'hui, d'oublier les années Covid en particulier 2022 qui a donné à la Chine un taux de croissance à seulement 3 %, le taux le plus faible depuis 40 ans.
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