Présidentielle américaine : Starbucks, Walt Disney, Harley-Davidson... Les trumpistes boycottent les marques qu'ils jugent trop inclusives
Aux États-Unis, les grandes fortunes et les grandes entreprises affichent depuis longtemps leur couleur politique et s'engagent dans les campagnes présidentielles. Ainsi, mardi 29 octobre, à une semaine du scrutin, les anciens PDG de 17 des plus grandes entreprises américaines comme American Airlines, American Express, LinkedIn, Xerox, ont publié un appel à soutenir Kamala Harris dans le magazine Fortune.
Dans l'autre camp, Elon Musk, le multimilliardaire patron de Tesla, est désormais le premier supporter de Donald Trump. Et sur les chaînes de télévision conservatrices, les clips de campagne à la gloire de Donald Trump s'intercalent avec des publicités d'entreprises qui, comme Patriot Food, une chaîne de supermarché en ligne ne vendent que des produits américains. Sur le logo, un drapeau, un militaire et un homme en tenue d’ouvrier au-dessus un slogan, "Putting American first", c'est-à-dire "Faire passer l'Amérique en premier". Un slogan qui rappelle l'un des slogans de Donald Trump, "America First".
Le républicain avait remporté la course à la Maison Blanche en 2016 avec une injonction très simple : "Achetez américain, embauchez américain". Ce slogan est écrit sur la vitre arrière de la voiture de Nicolas, croisé sur le parking d’un supermarché dans la banlieue de Detroit. Il explique faire "attention tout le temps" et essayer "toujours d'acheter des produits américains".
"Il faut prendre soin de nous-même, et l’Amérique a besoin de ça pour relancer son industrie. Les choses doivent se faire de l’intérieur".
Nicolas, soutien de Donald Trumpà franceinfo
En ce qui concerne les voitures et l'alimentation, Nicolas achète tout ce qui est estampillé "made in USA", comme le demande son candidat. En revanche, il n’aime pas vraiment que les grandes marques affichent leurs penchants politiques, surtout si ce ne sont pas les siens. Il pense aux grandes compagnies américaines, comme la chaîne de cafés Starbucks, la bière Budweiser, ou encore le bourbon Jack Daniel's.
Harley-Davidson, Budweiser ou Starbucks boycottés
Ces marques sont toutes frappées par une gigantesque campagne de boycott des milieux conservateurs, qui leur reprochent d'avoir mis en place ou promu des politiques pro-LGBT, populaires chez les démocrates. Un boycott encouragé par Tricia, rencontrée dans un rassemblement pro-Trump dans le Michigan. Elle n’emmène plus ses petits-enfants chez Disney, "parce qu’ils sont woke".
De la même manière, elle évite "les supermarchés Target" car "ils permettent aux hommes d’utiliser les vestiaires des femmes", avance-t-elle. "Je ne suis pas d’accord avec ça, parce qu’un homme peut rentrer et dire 'je me sens femme aujourd’hui'… Ça ne va pas !", s'indigne-t-elle. "Je n’ai de problème avec personne, vous faites ce que vous voulez, mais laissez-moi faire ce que je veux. Et moi, j'irai dans les endroits qui partagent les mêmes valeurs que moi", dit-elle.
À côté d’elle Steve, énumère les marques qu'il boycotte : "Budweiser, Jack Daniel's, et Harley-Davidson", "parce qu’ils ont tourné woke". "Ils cherchaient à obtenir ainsi les faveurs de ceux qui n’achetaient pas leurs produits. Il ne faut pas faire ça ! Il faut être de vrais Américains. Il y a les hommes et puis il y a les femmes", lance-t-il.
Sur YouTube, la vidéo "Harley-Davidson a viré woke, donc j'ai détruit ma moto", postée en août, illustre cette vague de boycott. On y voit un homme détruire sa Harley à l'arme de guerre.
Derrière ces boycotts, un influenceur d'extrême droite
Cette série de boycotts a été organisée par Robby Starbuck, ancien réalisateur de clips à Los Angeles, devenu influenceur d’extrême droite. Sur les réseaux sociaux, il cumule plus d’un demi-million d'abonnés. Désormais installé dans le Tennessee, il pourchasse et dénonce les compagnies qui soutiennent les causes LGBT, ou sponsorisent, comme l'ont fait Jack Daniel's ou Harley-Davidson, des programmes télé ou des événements proches de cette cause.
Dans une de ses vidéos, il déclare que "les gens ont besoin de savoir où va leur argent". Il dénonce le fait que d'après lui, "de grandes compagnies abusent leur clientèle conservatrice en bourrant le mou de leurs employés avec ces saletés, et utilisent l'argent que ces clients, des gens qui travaillent dur, donnent en toute innocence à ces entreprises, pensant qu’ils soutiennent de grandes marques américaines, alors qu’en fait, elles l’utilisent pour financer le wokisme."
Et le boycott a fonctionné puisque plusieurs de ces entreprises ont annoncé qu'elles arrêtaient leurs programmes d'inclusion et diversité, ainsi que tout soutien affiché à la cause LGBT. Une victoire pour les supporters du programme de Donald Trump, conscients de leur pouvoir d'influence direct sur l'économie américaine.
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