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Réchauffement climatique : ces communes qui tentent de s'adapter au risque de #MontéeDesEaux

Biot, dans les Alpes-Maritimes, fait partie de ces communes en France qui freinent l’urbanisme dans les zones soumises au risque d’inondation. La ville refait une place à la nature, quitte à détruire des maisons et à supprimer des permis de construire.

Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Destruction du Hameau de La Brague, à Biot, le 24 mars 2021, dans le cadre de la lutte contre les inondations.  (PATRICE LAPOIRIE / MAXPPP)

"Tout cet espace que vous voyez, c’était une copropriété avec des petites maisons accolées, individuelles, et il y avait une vingtaine d’habitations, se souvient Laurent Lebéssous, qui revient sur place comme on fait un pèlerinage. Elles ont été détruites au mois de mars, c’est tout récent", poursuit cet ancien habitant du Hameau de La Brague, situé au pied du village de Biot. 

À quelques jours de l'ouverture de la COP26, qui aura lieu du 1er au 12 novembre à Glasgow en Ecosse, et après les prévisions alarmantes des scientifiques du GIEC sur le climat, franceinfo s'est rendu dans cette commune des Alpes-Maritimes qui a décidé de revisiter ses ambitions de développement urbain pour faire face aux enjeux climatiques. Un peu plus de cinq ans après la crue centennale de la Brague en octobre 2015, les habitations qui avaient été construites dans cette petite cuvette, empiétant sur le lit d'une rivière apparemment inoffensive, ont été rasées pour laisser place à un terrain vague sur lequel il ne reste plus que quelques gravats aujourd'hui. 

Au total, Jean-Pierre Dermit, le maire de Biot, a ainsi fait racheter 24 maisons qui ont été détruites, et a bloqué près d'un millier de constructions. "On remonte le temps de manière à ce que la nature puisse retrouver ses droits, parce que la nature participe aussi à la lutte contre les inondations", explique-t-il. "On ne peut pas dire non au développement, mais aujourd’hui sur ma commune j’ai mis un frein au développement", assume le maire.

"Ma priorité, c’est de mettre en sécurité les gens avant de pouvoir rêver de croissance et de développement économique."

Jean-Pierre Dermit, maire de Biot

à franceinfo

Ce type de projet a un prix. L’opération a coûté 14 millions d’euros. Elle a été rendue possible par le soutien du fonds d’État pour les catastrophes. Globalement, les habitants ont été soulagés de pouvoir quitter ce secteur.

Une politique de l’effacement urbain 

Les inondations meurtrières de 2015 avaient endeuillé un secteur plus large dans le département et cette reconquête de la nature dépasse aujoud'hui la commune de Biot. La communauté d’agglomération de Sophia-Antipolis a ainsi lancé un projet qui passe par le rachat et la destruction des maisons à risques et par la reconversion économique des campings et des manèges qui occupent un espace important de cette plaine qui mène sur le bord de mer.

Cette transition prendra du temps, mais la volonté politique est là. "Tout le monde s’accorde vraiment pour conclure qu’on ne lutte pas contre la nature, assure Valérie Emphoux, en charge de la gestion des milieux aquatiques à la communauté d’agglomération. On doit l’accompagner et lui restituer ses droits, qu’elle reprend de toute façon d'elle-même, et son équilibre." Après la crue de 2015, quatre campings ont été fermés par la préfecture. Et le conservatoire du littoral, qui est associé à ce projet de renaturation, pourrait racheter une cinquantaine d'hectares. 

Cette politique de l’effacement urbain n'est pas propre à ces communes des Alpes-Maritimes. Emma Haziza est hydrologue, présidente et fondatrice de l’agence Mayane. Elle explique qu’en dix ans, une révolution s'est mise en marche. "Pendant très longtemps, on est resté focalisé sur le fait que seule notre capacité de contrer l'aléa était la solution la meilleure. On est vraiment resté sur une image très napoléonienne qui disait : faites moi rentrer ces eaux dans leur lit. Et donc, on a construit des barrages, des digues, et on a cherché vraiment à contrôler là où irait l'eau", explique-t-elle. 

"À partir des années 2005-2010, on a complètement changé de focus et on s'est dit qu'en fin de compte on n'était pas capable de lutter contre la nature, et qu'il fallait travailler sur les enjeux eux-mêmes."

Emma Haziza, hydrologue

à franceinfo

Travailler sur les enjeux, c’est-à-dire détruire ou protéger les maisons, et construire différemment. À Romorantin par exemple, dans le département de Loir-et-Cher, un quartier a été conçu pour surnager. Un concours d’idée a même été lancé par le ministère de la Transition écologique pour avancer encore sur les solutions. Parce que d’après les spécialistes, on est au tout de ce travail d’adaptation.

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