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Reportage
Tourisme : les croisières ont le vent en poupe, malgré les critiques sur leur impact environnemental
Le succès des croisières ne se dément pas et semble même se renforcer, en grande partie grâce au rajeunissement de la clientèle potentielle. Sur les réseaux sociaux, on trouve de nombreuses publications, qui font beaucoup de vues, vantant les mérites de la croisière. Certains influenceurs sont sans doute "aidés" par les compagnies pour diffuser ce type de contenu, mais cela n'empêche que l’âge moyen du croisiériste est aujourd’hui de 46 ans contre 56 ans en 2012.
Il y a aussi une vague de "primo-croisiéristes", qui ont donc récemment expérimenté cette forme de tourisme pour la première fois. Stéphanie, une Américaine de 26 ans, arrive de Floride avec sa mère et sa grand-mère. Les trois femmes semblent ravies de cette première expérience : "C'est notre première croisière européenne. C'est pratique, il y a quelque chose à faire pour tout le monde : l'une veut aller jouer au casino, l'autre veut aller au club, la troisième veut aller faire la sieste, ou aller manger quelque chose ! Nous n'avons même pas pensé à comment cela peut avoir des conséquences sur l'environnement."
Stefano, un Italien qui découvre la croisière en famille, avec sa femme et ses deux enfants, confirme : "C'est une bonne expérience pour manger et pour voyager. C'est très confortable." Et quand on lui parle de l'impact environnemental de ce type de vacances, il estime que "cela revient au même que de voyager en voiture ou en avion."
À Marseille, premier port français pour la croisière, 2023 a été une année record : 36% de passagers en plus par rapport à l’année précédente. C’est la seule activité en croissance du port de Marseille-Fos, qui est aussi devenu le plus pollué de France l’an dernier. Notre-Dame de la Garde est le site le plus fréquenté par ces visiteurs, avec sa vue imprenable sur Marseille mais aussi sur le port maritime. Faire un selfie avec son paquebot en arrière-plan est devenu un incontournable.
"On trouve toujours de nouveaux clients"
Ce qui plaît aux croisiéristes, c'est d'abord... le bateau. Jean-François Suhas, président de l’association Marseille Cruise et élu à la chambre de commerce, se souvient : "À bord des premiers bateaux sur lesquels j'ai navigué, il y avait des restaurants et c'est tout. Aujourd'hui il y a tellement de choses : des simulateurs de Formule 1, des boîtes de nuit pour les enfants... Et grâce à ces nouveaux produits, on trouve toujours de nouveaux clients." D'autant que les compagnies, au bord du dépôt de bilan après le Covid, ont mis le paquet sur ces services et sur le marketing.
Deuxième clé du succès selon Jean-François Suhas, le "tout inclus", cette promesse de dépenses maîtrisées en ces temps d'inflation. Les mini-croisières de cinq jours en Méditerranée sont proposées à moins de 600 euros par personne avec couchage, pension complète et activités à bord.
Dernier argument : le sentiment de sécurité, alors que les crises internationales ou la menace terroriste sont omniprésentes dans l'actualité. "Les navires sont hypersécurisés. À Marseille, 100% des passagers, 100% des bagages sont contrôlés, précise Jean-François Suhas. Avec le contexte de guerre à nos portes, on a un report sur la Méditerranée occidentale, aussi pour des questions de sécurité."
Les publicités vantent le bateau, plus que la destination ou les escales
Les bateaux sont des hôtels déplaçables, ce qui fait aussi leur force : quand une zone n’est plus attractive, ils peuvent aller chercher la rentabilité ailleurs. Comme par exemple aux États-Unis, pays historique de la croisière et principal consommateur encore aujourd'hui. Véronique Mondou, maître de conférences à la faculté de tourisme d’Angers, rappelle que "ce sont les Américains qui ont introduit ce modèle. On trouve des publicités où il est écrit que le bateau est devenu la plus grande destination, et non plus les escales. Pour les compagnies, la question environnementale est une question très européenne."
Pour les vacances de printemps, les taux de remplissage sont de 100%. Ce sera sans doute pareil cet été, sachant que 60% des gens qui font une croisière y reviennent. Un autre problème que celui de la pollution va prendre de l’ampleur : le surtourisme... Ou comment ne pas transformer Notre-Dame de la Garde en pont de paquebot plein à craquer.
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