Bilan 2023 et perspectives 2024 en Italie et au Sénégal

Le club des correspondants s'intéresse aux faits qui ont marqué l'année 2023 et aux dossiers qui occuperont l'année 2024 à Rome et à Dakar.
Article rédigé par franceinfo, Bruno Duvic - Théa Ollivier
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Fin de l'année 2023, quelles perspectives pour 2024 ? Photo d'illustration. (ERHUI1979 / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

À la fin de l'année 2023, l'heure des bilans approche. Nous partons au Sénégal et en Italie pour savoir ce qui a caractérisé l'année qui se termine et savoir ce qui sera au centre des préoccupations en 2024. En Italie, pas de grande réforme accomplie cette année, mais 2024 devrait permettre d'en savoir plus sur le chemin sur lequel la coalition droite-extrême droite de Giogia Meloni mène l’Italie. Au Sénégal, après une année très chargée politiquement et judiciairement, tous les regards sont tournés vers l'élection présidentielle.

L'Italie de Giogia Meloni, un laboratoire pour l'UE ?

Le bilan de l'année 2023, après une première année complète au pouvoir, pour la coalition de droite-extrême menée par Giogia Meloni se résume en une formule : pas de sortie de piste, pas d’éclat non plus. Sous Giorgia Meloni, l’économie italienne s’est tenue. La croissance et l'inflation restent à peu près dans la tendance de la zone euro. La croissance sera un peu en dessous l’an prochain, alors que l’Italie était plus forte que les autres. Mais elle n’a rien fait, c’est même le contraire, pour soigner une maladie locale : la dette. Le budget 2024 la creuse même de 16 milliards supplémentaires.

Au plan international, Giorgia Meloni a maintenu le soutien à l’Ukraine, malgré la réticence de ses alliés d’extrême droite de la Ligue. Et elle garde la ligne atlantiste qui était celle de son prédécesseur Mario Draghi. Il y a une promesse majeure non tenue qui concerne l’immigration. Plus de 155 000 arrivées d’exilés cette année, le chiffre est au plus haut depuis 2016, alors qu’elle avait fait campagne sur une restriction drastique des entrées. Enfin, à part quelques incitations financières, Giorgia Meloni n’a rien fait pour relever le défi de l’Italie : sa démographie est en chute libre, le pays pourrait perdre cinq millions d’habitants d’ici à 2050.

L’Italie est souvent considérée comme un laboratoire politique. Et le premier constat, c’est que même si Giorgia Meloni est issue d’un parti post-fasciste, Fratelli d’Italia, on n’a pas changé de régime en Italie. Le gouvernement a placé ses hommes et femmes (surtout ses hommes) aux postes clés de la télévision publique. Mais en résumé, tous ses prédécesseurs ont fait la même chose. C’est une question à suivre en 2024, parce que la majorité part du principe que la gauche tenait le monde de la culture et des médias et compte bien s’appuyer sur la télévision publique pour proposer ce qu’elle appelle un autre récit, de droite donc.

Giorgia Meloni porte, également, un projet de réforme constitutionnelle avec un changement significatif : l’élection directe du Premier ministre. Cela aurait comme conséquence de minimiser l’influence du président de la République, dont l’un des rôles est justement de nommer le Premier ministre. Giorgia Meloni exerce déjà très largement ses pouvoirs, son parti est en tête et de loin dans les intentions de vote avant les élections européennes, l’opposition n’arrive pas réellement à exister. Le Parlement n’a pas grand-chose à dire, une caractéristique italienne qu’elle a plutôt renforcée.

Une élection test pour la démocratie sénégalaise

Après un long suspense, dans ce pays de 18 millions d’habitants à la pointe de l’Afrique de l’Ouest, le président Macky Sall au pouvoir depuis 2012 a tranché : il ne participera pas à l’élection présidentielle du 25 février 2024 pour briguer un troisième mandat. Il a finalement désigné son actuel Premier ministre Amadou Ba comme étant le candidat de la coalition présidentielle. En face, c’est la participation ou non d’Ousmane Sonko, le principal opposant au pouvoir, qui a tenu le Sénégal en haleine tout au long de l’année. Condamné à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse", l’homme politique au discours panafricaniste et souverainiste a été radié des listes électorales.

Arrêté fin juillet notamment pour appel à l’insurrection, c’est depuis la prison qu’Ousmane Sonko se bat encore juridiquement pour être rétabli sur le fichier électoral, qui est le prérequis indispensable pour pouvoir être éligible. Il reproche à Macky Sall de vouloir l’écarter du scrutin présidentiel par des procédures judiciaires à répétition.

C’est dans ce contexte qu’ont éclaté de violentes manifestations, en juin, entre ses sympathisants et les forces de l’ordre, qui ont fait 23 morts selon Amnesty International. Au total, ce sont 70 candidats au scrutin de février 2024 qui ont déposé leurs dossiers au conseil constitutionnel, dont Ousmane Sonko. Ils doivent encore attendre le 20 janvier pour savoir qui pourra participer ou non.

Tous les regards sont déjà tournés vers le 25 février 2024, premier tour de l’élection présidentielle qui se fera pour la première fois sans le président sortant. Un test pour la démocratie sénégalaise, qui est une exception dans la sous-région marquée par des putschs militaires comme au Burkina Faso, au Mali ou au Niger. La question est de savoir si le Sénégal, qui n’a jamais connu de coup d’Etat depuis son indépendance, tiendra sa réputation.

Le Sénégal est confronté à une vague de départs massifs de migrants irréguliers vers l’Espagne, via les îles Canaries. Forte inflation, manque d’opportunités d’emploi, raréfaction des ressources halieutiques… Autant de raisons qui poussent les jeunes à prendre le risque de monter dans des pirogues clandestines. Le pays met alors beaucoup d’espoir dans l’exploitation du pétrole et du gaz qui devrait commencer au premier semestre 2024.

En début d’année, ce sera aussi la Coupe d’Afrique des nations en Côte d’ivoire. Un événement sportif très attendu dans le pays, alors que les Lions du Sénégal ont remporté pour la première fois la compétition en février 2022. Les supporters espèrent que se répète l’exploit d’une victoire lors de ce grand rendez-vous du football africain, qui commence le 13 janvier prochain.

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