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Covid-19 : depuis le début de la crise qu'ont obtenu les personnels de santé en Espagne, en Allemagne et au Brésil

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction l'Espagne, l'Allemagne et le Brésil pour voir comment les personnels de santé tiennent le choc face à cette crise sanitaire. 

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Des agents de santé lors d'une manifestation en faveur de la santé publique à Madrid (24 février 2021). (OSCAR GONZALEZ / NURPHOTO)

En France, le personnel soignant a été chaleuresement applaudi lors du premier confinement. La crise du Covid-19 a néanmoins mis en lumière un certain nombre de difficultés que le Ségur de la Santé n'a pas réglées. Des organisations syndicales appelaient d'ailleurs à une journée d'action mardi 15 juin. Ces problématiques, les personnels de santé les rencontrent également dans d'autres pays. Tour d'horizon.

En Espagne les personnels de santé réclament de meilleures conditions de travail

En mars 2020, les Espagnols confinés avaient commencé à applaudir aux fenêtres les personnels de santé pour montrer leur soutien à ceux qui étaient en 1ère ligne face au COVID. Quinze mois plus tard, tout comme en France les personnels de santé manifestent leur mécontentement en Espagne mais cela a démarré il y a de nombreuses années ici. Ils réclament notamment de meilleures conditions de travail, comme la fin des contrats précaires. Selon une enquête publiée en juin 2020 et réalisée en 2019, 36% des médecins de la santé publique ont des contrats de travail temporaires. Une précarité qui touche davantage les femmes, les moins de 40 ans et les médecins de nationalité étrangère. Cette enquête témoigne plus largement du mécontentement de ces professionnels quant à leurs conditions de travail et ce même avant le début de la pandémie. Par exemple, 56% d’entre eux ressentaient déjà une fatigue physique et psychologique. Une situation qui n’a fait qu’empirer avec le COVID.
Les personnels de santé n'ont pas vraiment obtenu gain de cause. En fait, le gouvernement espagnol a approuvé en décembre dernier une hausse de salaires de 0,9% pour tous les employés de la fonction publique, dont les personnels de santé. Une revalorisation salariale jugée insuffisante par les syndicats espagnols. Ils réclament une hausse globale de 8% sur 3 ans, afin de compenser la perte du pouvoir d’achat qu’ils estiment entre 11 et 18%, suite aux coupes budgétaires subies depuis 2008. Quant aux manifestations des soignants pour défendre le système de santé publique, elles sont monnaie courante en Espagne. Samedi 13 juin, par exemple, ils étaient des milliers à défiler dans plus de 40 villes espagnoles.

En Allemagne, le plan de revalorisation des salaires ne convainc pas tout le monde

En Allemagne le ministre de la Santé a présenté récemment un plan de revalorisation salariale pour le personnel de santé et plus spécialement pour les aides-soignants. Il prévoit un certain nombre d'améliorations même si des critiques ont été émises sur son manque d'ambition. Le texte préconise qu’à l’automne 2022 la prise en charge des personnes âgées dans des Ehpad ne pourra donner lieu à des contrats avec l’assurance dépendance que si ces établissements paient à leurs salariés les rémunérations plus élevées que prévues dans les conventions collectives de branches. Aujourd’hui ça n’est le cas que pour la moitié du personnel soignant concerné. D’après le ministère du Travail les hausses de salaires pourraient aller jusqu’à 300 euros par mois.
Pour que le surcoût pour les établissements ne débouche pas sur une explosion des coûts pour les résidents, un soutien de l’État à l’assurance dépendance est prévu ainsi qu’une hausse de cette dernière pour les cotisants sans enfants. Mais cette réforme ne convainc pas tout le monde. Les syndicats craignent que la loi puisse être contournée. Ils souhaiteraient que les conventions collectives s’imposent à tous les établissements même s’ils ne sont pas membres de l’organisation patronale qui négocie avec les syndicats. Il faut aussi rappeler que l’Allemagne a un problème de main d’œuvre qui concerne aussi ce secteur qu’il faut rendre plus attractif. L’an dernier, des primes Covid allant jusqu’à 1500 euros ont été versées au personnel qui a pris en charge des malades mais l’amélioration des conditions de travail et des salaires dans cette branche restent à l’ordre du jour.

Au Brésil, le personnel médical est totalement épuisé


Sans confinement, avec un président négationniste, les hôpitaux ont à peine désempli en mai et de nouveau on manque de lits. Le gouvernement n’a mis en place ni mesure, ni aide et ne manifeste jamais sa reconnaissance. De fait Jair Bolsonaro n’a visité aucun hôpital alors qu’il provoque régulièrement des attroupements.
S'il n'y a pas de reconnaissance de la part du gouvernement, la population bréslienne a une toute autre attitude envers le personnel de santé. Il est difficile de savoir exactement à quel moment le public a commencé à exprimer sa reconnaissance au personnel médical mais il est certain que leur dévouement émeut les Brésiliens. Des témoignages comme celui de cette infirmière d’un grand hôpital de Manaus en janvier dernier sont restés dans toutes les mémoires. Elle déclarait "nous sommes dans une situation déplorable : nous n’avons plus d’oxygène dans tout l’hôpital." Personne n’ignore non plus ce que décrit le médecin Ederlon Rezende, qui dirige une unité de soin intensif à Sao Paulo. "Le personnel est victime d’un épuisement physique à cause d’une surcharge de travail mais rien ne peut se comparer avec la fatigue émotionnelle provoquée par l'effondrement du système de santé quand il manque des lits, des professionnels. C’est inhumain."
Au Brésil, on voit de plus en plus de banderoles aux fenêtres, de messages sur les réseaux sociaux ou d'autocollants sur les voitures pour defendre le système unique de santé, le SUS, le système public. Et puis chaque vaccination est l’occasion de dire sa reconnaissance et d’en poster la vidéo.

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