Cet article date de plus de trois ans.

Covid-19 : l'Afrique du Sud, le Sénégal et la Tunisie font face à une deuxième vague

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction le Sénégal, la Tunisie et l'Afrique du Sud, trois pays confrontés à un deuxième épisode épidémique.

Article rédigé par franceinfo - Maurine Mercier, Romain Chanson, Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Une bénévole distribue du gel hydroalcoolique aux passants dans les rues de Dakar (Sénégal), le 22 janvier 2021. (SEYLLOU / AFP)

Alors que la France et l'Europe font face à une troisième vague du coronavirus et à la diffusion de ses variants, franceinfo vous emmène en Afrique pour voir quelle est la situation sanitaire sur le continent. L'Afrique du Sud, la Tunisie et le Sénégal, sont, eux, confrontés à une deuxième vague.

Le gouvernement sud-africain allège les mesures de restrictions

En Afrique du Sud, pays le plus touché par le coronavirus du continent africain avec 46 000 morts, l'heure est au relâchement. Le pic de la seconde vague a été franchi selon le président Cyril Ramaphosa. Le nombre de cas quotidiens détectés est passé sous les 3 000 contre 22 000 lors du pic début janvier. En conséquence, des restrictions ont été levées.

Les plages ont pu rouvrir, le couvre-feu a été reculé à 23h et l'interdiction de vendre de l'alcool a été levée. L'Afrique du Sud respire un peu. Les mesures de restriction étaient en vigueur depuis fin décembre pour essayer de contrer la propagation du coronavirus accélérée par l'apparition du variant sud-africain. S'il est désormais possible de dîner au restaurant et d'accompagner son repas d'un verre de vin, l'allègement des restrictions ne doit pas faire oublier la menace d'une troisième vague. Peut-être début juin, prévient l'épidémiologiste Salim Abdool Karim sur la chaîne de télévision eNCA : "On peut anticiper que nous ferons face à une, voire deux nouvelles vagues au cours de l'année. Il va falloir vacciner une part très importante de notre population".

L'Afrique du Sud espérait commencer à vacciner ses personnels soignants dans les prochains jours, mais la campagne vient de connaître un coup d'arrêt. Les autorités misaient sur le vaccin AstraZeneca pour protéger les médecins, infirmières ou encore aides soignants. Mais voilà, une étude d'une université de Johannesburg a montré que ce vaccin protégeait beaucoup moins face au variant sud-africain. Des études complémentaires sont menées pour savoir si le million de doses déjà achetées peut être utile aux populations les plus fragiles. Différents vaccins sont également attendus dans les prochaines semaines.

Les autorités tunisiennes moins strictes alors que la deuxième vague est plus forte

En Tunisie la deuxième vague du Covid-19 frappe bien plus durement le pays que la première. Elle est autrement plus violente avec près de 70 morts par jour en moyenne alors que lors de la première vague, on en a compté une cinquantaine en tout et pour tout. Le pays a désormais le taux de mortalité le plus élevé du continent après l’Afrique du Sud. La campagne de vaccination n’a toujours pas démarré. Le personnel soignant espère pouvoir enfin se faire vacciner d’ici fin février.

La situation sanitaire est plus inquiétante que lors de la première vague et pourtant les mesures pour la freiner sont bien moins importantes. C’est tout le paradoxe. Lors de la première vague, les autorités ont très vite ordonné la fermeture des frontières ainsi qu’un confinement très strict. La Tunisie faisait figure alors d’exemple. Aujourd’hui, seul un couvre-feu a été instauré, pour le reste, la vie se déroule à peu près normalement. Les Tunisiens qui se montraient très disciplinés au printemps aujourd’hui ne portent plus suffisamment le masque même s’il est obligatoire. Ils ne sont pas assez sanctionnés, s’égosillent souvent les médecins, en vain.

Pourquoi ce relâchement ? Parce que les Tunisiens sont plus touchés encore d’un point de vue économique que sanitaire. Les mesures prises lors de la première vague ont achevé une économie qui se portait déjà mal. Les Tunisiens souffrent. Le gouvernement a perdu toute crédibilité. Des mobilisations ont lieu régulièrement ces dernières semaines contre ce gouvernement incapable de relancer l’économie du pays. D’un point de vue sanitaire, le gouvernement devrait sans doute décréter un nouveau confinement. Mais la population ne l’accepterait pas. Il n’est tout simplement plus en mesure de le faire.

Retour du couvre-feu à Dakar

Au Sénégal, aussi on parle de seconde vague mais il faut toutefois relativiser avec des chiffres qui sont loin d’atteindre ceux de la France, ce qui n'empêche pas le gouvernement de suivre l’évolution avec attention à Dakar.

Les choses ont changé entre novembre et janvier. Il y a deux mois, on pensait la pandémie passée or les chiffres sont repartis à la hausse et stagnent depuis plusieurs semaines. À titre indicatif, entre 2 000 et 2 500 tests sont réalisés tous les jours au Sénégal et le nombre de cas positifs varient entre 250 à 400 suivant les jours. Les chiffres de dimanche 7 février donne 273 nouveaux cas, soit depuis le début de l’épidémie plus de 28 700 personnes touchées dont 682 décès. Au Sénégal, on aime donner le nombre de personne guéries. Elles sont plus de 23 000.

Conséquence de cette deuxième vague : les autorités ont remis en place un couvre-feu. La vie s’arrête totalement tous les soirs à 21 heures à Dakar et à Thies les deux seules villes concernées par cette mesure. Le masque est obligatoire dès que vous entrez dans un magasin, dans un taxi. En revanche, dans la rue, les choses sont beaucoup plus souples. Pas de masque, masque sous le menton, masque bien porté... Toutes les versions existent.

Autre décision des autorités : le contrôle des frontières. Impossible de venir faire du tourisme au Sénégal, seuls les voyages d’affaires professionnels sont autorisés et même pour ce type de déplacement il faut un feu vert de l’ambassade pour pouvoir pénétrer sur le sol sénégalais. Dernière mesure enfin, toute récente : les horaires des établissements scolaires viennent d’être réorganisés. Il n'y a plus d’école l’après-midi pour les enfants qui ont cours seulement le matin de 8h à 14h.

Mais au Sénégal, on s’intéresse surtout à la suite avec l’arrivée des vaccins qui s’organise. Les autorités travaillent sur plusieurs pistes. Elles attendent tout d'abord 1,3 million de doses du vaccin d’AstraZeneca grâce au fond Covax de l’OMS qui répartit les vaccins dans le monde. Elles ne s’interdisent pas d’avoir recours aux autres vaccins qui seront disponibles sur le marché. Enfin, elles attendent 200 000 doses du vaccin chinois. Le Sénégal a par ailleurs reçu la semaine dernière plus de 1 000 réfrigérateurs et chambres froides qui viennent compléter les 600 déjà présents dans le pays.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.