Covid-19 : le "tourisme vaccinal" suscite des espoirs à Cuba, Dubaï et en Israël
Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction Cuba, Dubaï et Israël où les professionnels du tourisme espèrent relancer le secteur grâce aux vaccins contre le coronavirus.
La vaccination contre le Covid-19 à grande échelle peut-elle sauver le secteur du tourisme durement touché par la pandémie ? C'est le pari que font Cuba, Dubaï et Israël, qui souhaitent développer le "tourisme vaccinal".
Cuba compte sur ses propres vaccins pour relancer le tourisme
Que diriez-vous d’un vaccin, tout en profitant d’un mojito sur la plage ? C’est ce que promet Cuba. Les vaccins cubains sont encore en développement, mais déjà, l’île communiste des Caraïbes en fait un argument de vente pour attirer plus de touristes.
Pour l’instant, les quatre vaccins cubains sont encore en phase de test, mais le plus avancé, Soberana 2, pourrait être commercialisé d’ici avril et les autorités affirment qu'il sera injecté à toute la population d’ici l’été, puis qu’il sera disponible pour d’autres pays qui seraient intéressés et pour les touristes qui viendraient sur l’île. Certains tours-opérateurs parlent déjà des premiers mois de l’été pour un voyage en toute sécurité et immunisé à Cuba.
#Cuba será uno de los primeros países en inmunizar a toda su población frente a la #COVID19 basada en nuestras propias capacidades de producción y distribución de vacunas.
— Bruno Rodríguez P (@BrunoRguezP) February 6, 2021
Los cuatro candidatos brindan seguridad en un contexto de inmensa desigualdad en la vacunación mundial. pic.twitter.com/sDvIe9dns0
Le vaccin deviendra donc prochainement une option de voyage pour les touristes, dont Cuba a grand besoin. Le gouvernement parie à la fois sur sa "puissance médicale", selon l’expression officielle, et sur le tourisme pour relancer son économie, alors que le pays traverse une grave crise économique. Le tourisme est l’un des plus importants secteurs économiques de l’île et en 2020, le coronavirus a fait chuter de quatre à un million le nombre de visiteurs. Le vaccin contre le Covid-19 pourrait donc devenir une source de revenu et une nouveauté parmi les offres touristiques proposées par le pays. À Cuba, le tourisme médical est une pratique courante et assez lucrative.
Le pays se dit prêt à produire 100 millions de doses, pour une population de 11 millions d’habitants Il y en aura donc pour tout le monde et il n’y aura pas de débat comme on a pu le voir à 150 km d’ici, en Floride, où le "tourisme vaccinal" a indigné les habitants. Des voyageurs d’autres États, ou même du Canada et d’Amérique latine se font vacciner avant la population locale, ce qui a provoqué une vague d’indignation. Depuis lors, les autorités de Floride exigent un permis de résidence, avant d'injecter une dose.
À Dubaï, on invite des personnalités étrangères à se faire vacciner
Dubaï est un des meilleurs élèves dans la lutte contre le Covid-19. Dès l’apparition des premiers cas de contamination, les autorités ont mis le paquet pour contrôler l’épidémie. Dès le début; à Dubaï et dans les autres Émirats, on a d’abord testé massivement, et aujourd’hui, on vaccine tout aussi massivement. La cité émiratie a passé des accords avec les principaux fabricants. Les habitants, qu’ils soient émiratis ou expatriés, ne paient pas, et ils peuvent choisir le vaccin de leur choix.
L’organisation est impressionnante, constate Jean-Paul Scheuer, le directeur de Sanofi pour les pays du Golfe : "Les premiers jours de la vaccination, tout était organisé. Les systèmes informatiques, les protocoles, l'organisation des salles de vaccination étaient à jour. Aujourd'hui, vous prenez rendez-vous sur internet, vous allez dans une salle de vaccination, vous avez 200 bureaux, vous attendez 20 minutes à peine, on vous donne une petite bouteille d'eau, une petite serviette pour vous essuyer."
"Le bouche à oreille fait que les gens y sont allés facilement et on est déjà à plus de trois millions de personnes vaccinées."
Jean-Paul Scheuer, directeur de Sanofi pour les pays du Golfeà franceinfo
À Dubaï, certains imaginent déjà du tourisme vaccinal. Ce n’est pas encore possible, parce qu’il faut une carte de résident pour être vacciné, mais on y pense très sérieusement. D’ailleurs, l'émirat délivre désormais des visas de télétravail pour les étrangers, visas de quelques mois. Et des personnalités se font déjà vacciner sur place, comme par exemple le Premier ministre libanais, Saad Hariri.
En Israël, des accords bilatéraux pour autoriser les voyages de touristes vaccinés
En Israël, c’est un peu différent. Les champions du monde de la vaccination passent des accords en vue de créer des "bulles de voyages". Ce n’est pas du tourisme vaccinal à proprement parler, mais plutôt une manière de relancer le tourisme. Lundi 8 février, le pays a donc signé un accord avec la Grèce. Le premier ministre grec a rencontré son homologue israélien, Benyamin Netanyahou. Tous deux évoquent la nécessité "de faciliter les voyages pour ceux qui présentent une preuve de vaccination". Un passeport vaccinal sera mis en place pour que les Israéliens vaccinés puissent se rendre en Grèce, sans restriction et sans quarantaine au retour, et inversement. Selon la radio israélienne, il y aurait aussi des négociations en cours avec l’Estonie et le Royaume-Uni.
Cela parait alléchant, mais ce n’est pas pour tout de suite, car si Israël a déjà vacciné plus d’un tiers de sa population, s’il a étendu la vaccination à toutes les personnes de plus de 16 ans, si les diplomates, les travailleurs étrangers et les demandeurs d’asile peuvent se faire vacciner aussi, les frontières sont toujours fermées. Même pour les Israéliens ou pour les personnes qui y habitent. L’aéroport lui est encore fermé, et ce jusqu’au 20 février, Il n’y a donc aucun moyen de rejoindre le pays. Et puis, selon les médias israéliens, la mesure ne sera pas mise en place avant Pessah, la pâque juive, qui tombe le mois prochain. Les touristes devront attendre encore un petit peu avant de profiter des îles grecques ou des plages israéliennes.
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