Covid-19 : Les conséquences désastreuses de la crise sanitaire sur l'enseignement au Royaume-Uni, en Inde et en Hongrie
La pandémie a des répercussions majeures sur l'enseignement. Selon l'ONG KidsRights, un enfant sur trois dans le monde n'a pas accès à l'école à distance lorsque les classes ferment.
La pandémie de Covid-19 a gravement affecté les droits des enfants dans le monde. Et les jeunes risquent "une catastrophe générationnelle si les gouvernements n'agissent pas" alerte KidsRights dans son rapport annuel. L'ONG estime que des millions d'enfants sur la planète n'ont pas eu accès à l'éducation, à cause des restrictions sanitaires. Et elle classe les pays en fonction de leur respect de la Convention internationale des droits de l'enfant. L'Islande, la Suisse et la Finlande sont en tête de ce classement. La France, 8e, a progressé d'une place par rapport à l'année précédente. D'autres pays sont nettement moins bien lotis. Tour d'horizon.
Au Royaume-Uni, un élève sur dix n'a pas d'accès à internet
Le Royaume-Uni est classé 169e sur 182, derrière le Yémen, l'Irak ou encore le Soudan. Il faut savoir que ce n'est pas seulement la faute de la crise sanitaire, puisque le Royaume-Uni est dans le bas de tableau depuis des années. Bien sûr, les différents confinements ont eu un impact très négatif sur l'éducation des jeunes britanniques. En moyenne durant la pandémie, ils ont manqué six mois d'école. Or l'apprentissage à la maison n'a pas été simple pour tous, car un élève sur dix n'a pas accès à internet et un sur quatre n'a pas d'espace au calme où travailler. Tout cela est bien sûr renforcé par le contexte social, les enfants issus de milieux défavorisés passeraient 30% de temps en moins que les autres à étudier chez eux.
L'impact est aussi psychologique et l'isolement a beaucoup affecté les enfants au Royaume-Uni. Plus d'un quart ont connu des troubles du sommeil pendant la pandémie et la situation est encore plus inquiétante chez les jeunes filles, puisque 27% d'entre elles ont vu leur santé mentale se dégrader. Les répercussions seront aussi économiques. Selon un groupe d'universitaires, la croissance du pays pourrait être impactée pendant 65 ans par cette perte d'apprentissage.
Sur le plan individuel, c'est significatif, chaque élève ayant raté six mois d'école risque de gagner 47 000 euros de moins au cours de sa future vie professionnelle. À l'échelle des 8,7 millions d'écoliers du pays, cela représente 410 milliards d'euros.
En Inde, l'enseignement en ligne augmente encore un peu plus les inégalités sociales
L'Inde est 112e sur 182 dans le classement de KidsRights. Depuis un an les écoles ont rarement été ouvertes. Beaucoup d’enfants indiens n’ont passé que quelques semaines en classe, entre février et début avril, et comme les effets de la 2e vague se font encore sentir, les écoles ne sont pas près de rouvrir. Les professeurs ont essayé de faire passer l’enseignement en ligne, mais cela n’a fait qu’accentuer les inégalités sociales. En Inde, seulement un foyer sur quatre a un accès à internet, et les connexions mobiles peinent à compenser. Beaucoup d’enfants ont donc décroché. Les écoles publiques ont essayé d’envoyer les devoirs par WhatsApp, pour fournir un service minimum mais dans beaucoup de cas, ce sont les ONG qui prennent le relais pour éviter la descolarisation des enfants pauvres. Le classement de KidsRights illustre bien ces ravages.
Le Bangladesh, a lui innové. Depuis plus d’un an, les enseignements du secondaire sont diffusés à la télévision nationale, ce qui permet d’offrir des cours réguliers aux enfants et de toucher plus de monde. La solution n’est pas parfaite, bien sûr : un sondage mené par un ONG locale a révélé que presque toute la population était au courant de ce système, mais que seulement 11% des familles interrogées suivaient ces cours régulièrement, car les mêmes problèmes demeurent. Les familles les plus pauvres n’ont pas de poste de télévision et sont donc exclues.
En Hongrie, les cours à distance difficiles à suivre notamment pour les Roms
La Hongrie est 141e sur 182 dans l'index de l'ONG KidsRights. Pour les Roms sédentarisés depuis des siècles, les cours en ligne ont viré au casse-tête. Même si les Roms, qui représentent près de 10 % de la population, vivent dans des maisons en dur ou des appartements, leurs logements sont petits, ce sont parfois des taudis. La plupart des familles n’ont pas d’ordinateur. Leurs enfants n’ont pas pu faire leurs devoirs en ligne pendant la pandémie. D’autant plus que l’accès à internet est un problème.
En Hongrie 40 % seulement des familles roms sont reliées au câble et à l'internet mobile et 13 % ne sont pas connectées du tout.
Selon un rapport du médiateur de la république, le passage à l’école à distance, pendant la pandémie, a encore aggravé la situation désavantageuse des petits roms. Ils ont été privés de leur droit à l’éducation pendant des mois. Jusqu’à la reprise des cours à l’école primaire le 20 avril dernier, et au collège le 10 mai.
Dans la plupart des communes, du lundi au vendredi, chaque enfant a pu venir chercher un repas chaud distribué par la municipalité pendant la crise du Covid-19. Ceci pour remplacer le repas de la cantine. Autre gros problème en Hongrie : la ségrégation scolaire, qui est parfois encouragée par les autorités hongroises. Aucun gouvernement n’a pris le problème à bras le corps. Résultat, la Hongrie a chuté dans le classement de l’ONG KidsRights. Le pays est passé de la 97ème à la 141ème place à cause cette discrimination des jeunes Roms.
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