Covid-19 : quel succès pour les applications de traçage au Royaume-Uni, en Allemagne, et en Islande ?
Une même actualité dans trois pays dans le monde : chaque jour dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Aujourd'hui, nous sommes au Royaume-Uni, en Allemagne et en Islande pour voir comment sont accueillies les applications de traçage des malades du coronavirus.
C'était censé être un outil pour lutter contre le coronavirus : l'application de traçage StopCovid n'a pour l'instant pas rencontré le succès escompté en France. D'autres pays misent sur ce type d'application avec plus ou moins de réussite. Direction le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Islande.
Au Royaume-Uni, le sujet traîne depuis des mois
Une application de traçage des malades du coronavirus doit être lancée dans dix jours au Royaume-Uni. Si tout va bien. Parce qu’une application était déjà prévue pour le mois de mai. Elle avait été créée, developpée mais quand elle a été testée : fiasco total. Les autorités ont donc repoussé son lancement. On a même pensé qu’elle était aux oubliettes. Finalement non. Elle a été intégralement retravaillée pendant tout l’été.
Il est demandé aux commerçants d’afficher de grands QR codes sur leurs vitrines et dans leurs établissements. Le client qui dispose de l’appli Covid scanne ce code avec son téléphone portable et son passage est immédiatement enregistré avec toutes ses coordonnées qu’il a préalablement entrées dans l’appli. Si une personne qui est venue dans l’établissement tombe malade, les clients qui étaient là en même temps sont prévenus, ils doivent prendre des précautions et ils savent qu’ils doivent se faire tester. Cette application ne sera pas généralisée à tout le Royaume-Uni, uniquement à l'Angleterre et au Pays de Galles. L’Irlande du Nord a déjà une application qui fonctionne depuis le mois de juillet et ce n’est pas la même. L’Écosse a lancé la sienne jeudi 10 septembre.
Jusqu'ici, seuls des moyens très artisanaux sont appliqués pour retracer le parcours et les contacts d’une personne positive au coronavirus. Dans certains commerces, restaurant ou bars par exemple, on vous demande votre identité et un numéro de téléphone portable. C’est noté sur un cahier. On imagine donc que ces infos sont ensuite transmises, même si on ne voit pas bien comment ce travail d’archiviste est effectué. Et de toute façon, cette pratique n’est pas généralisée dans le pays.
En Allemagne, succès pour l'application de traçage
Environ 18 millions d’Allemands ont téléchargé cette application qui s’appelle Corona-Warn-App. Comprenez tout simplement "Application d'alerte au coronavirus". L’Allemagne comptant plus de 83 millions d’habitants, un quart des Allemands environ dispose donc sur son téléphone de cette application.Elle est accessible dans quatre langues très utilisées dans le pays : l’allemand, l’anglais, le turc et l’arabe. De quoi contribuer à son succès, faciliter son utilisation et donc faire grimper le nombre de téléchargements. Même ceux qui émettaient des doutes sont satisfaits aujourd’hui. Car il y a bien eu des débats au départ sur la protection des données des utilisateurs. C’est un sujet très sensible au sein de l’opinion publique allemande. Il faut rappeler que pour une partie de ses habitants, c’est un pays qui à l’Est vivait il y a trente ans encore sous un régime policier, caractérisé par une surveillance massive. Cela laisse des traces. Mais aujourd’hui, à une très grande majorité, les Allemands, dans cette crise, font confiance à leurs dirigeants.
La chancelière Angela Merkel a beaucoup cherché à convaincre la population du bien-fondé de cette application de traçage du coronavirus. Elle s’est investie à travers des messages adressés à la population. C’est sa façon d’agir depuis le début de l’épidémie : elle prend à témoin les Allemands, elle les informe directement de l’évolution des choses, des nouvelles restrictions, elle leur dit ce qu’il est possible de faire ou de ne plus faire, tout en cherchant à protéger au maximum les libertés. Ce qui crée dans la société beaucoup d’adhésion et donc aussi de la confiance.
Voilà par exemple comment Angela Merkel s'est adressée aux Allemands pour les inciter à télécharger l'application : "Il n’y a pas de prime pour ceux qui utilisent cette application. Il n’y a pas non plus de sanction pour ceux qui ne l’utiliseraient pas. Mais je crois vraiment qu’il y a de très bonnes raisons d’utiliser cette application. Il en va évidemment de notre propre intérêt de savoir si on a été exposé, si on s’est retrouvé dans une situation ou s'il y a un risque d’infection. Mais cette application offre aussi des bénéfices pour toute la population." Angela Merkel joue sur l’esprit de responsabilité des Allemands, chacun étant responsable de ses actes. On surnomme souvent affectueusement Angela Merkel "Mutti" : la maman.
En Islande, adhésion massive de la population
Environ 40% de la population islandaise a téléchargé l’application sur son smartphone. Pourtant assez peu de publicité a été faite. C’est essentiellement lors des conférences de presse quotidiennes des autorités sanitaires que les Islandais ont été encouragés à télécharger l’application qui "recueille la position GPS du téléphone et la stocke localement sur l’appareil". L’objectif est d’aider les équipes de traçage dans l’analyse des déplacements des individus récemment infectés pour prévenir ceux qu’ils auraient croisés.
Une double autorisation de l’utilisateur du téléphone est nécessaire, aussi bien pour le stockage des données que pour leur utilisation par la suite si besoin. Quelque 145 000 Islandais ont téléchargé l’application, un chiffre relativement stable depuis la mi-mai. Mais le nombre total de téléchargements a franchi la barre des 200 000 avec le retour des touristes mi-juin. Les voyageurs sont en effet encouragés à utiliser l’application pour les nombreux documents liés au Covid-19 qu’elle contient ou encore un chat en ligne.
Le caractère relativement intrusif de cette application ne semble rebuter personne en Islande. Aucune critique ni remise en cause n’est survenue. L’Autorité de protection des données islandaises a été associée tout au long du processus de développement de l’application. Quelques doutes ont bien été soulevés, mais rapidement éteints après que le code source, le langage de programmation de l’appli, a été rendu public. Résultat : un fort taux de téléchargement, donc, mais pas sûr qu’il soit suffisant. Les autorités sanitaires islandaises ont en effet prévenu que, pour être efficace, l’application devait être installée par au moins 60% des Islandais. Et si elle s’est révélée utile dans certains cas, elle n’a pas changé la donne : l’écrasante majorité du traçage des cas contacts se fait toujours par des humains.
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