Guerre Israël-Hamas : les manifestations de soutien aux Palestiniens agitent l'Europe

Alors que la question d'interdire les manifestations de soutien aux Palestiniens se pose en France, en Suisse, certains sont autorisés et d'autres interdits, en fonction des cantons. En Hongrie, c'est le Premier ministre Viktor Orban lui-même qui a interdit un rassemblement.
Article rédigé par Jérémie Lanche, Florence La Bruyère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Une manifestation de soutien à la Palestine à Lausanne en Suisse. (JEAN-CHRISTOPHE BOTT / MAXPPP)

En Suisse comme partout en Europe, la question d'interdire les manifestations de soutien aux Palestiniens se pose. Il existe une différence d’appréciation entre la Suisse alémanique et la Suisse romande. Les interdictions de manifester sont plutôt rares en Suisse romande, surtout à Genève, qui se définit comme la capitale des droits humains. Il y a effectivement, des manifestations presque tous les jours devant le Palais des Nations de l’ONU sur beaucoup de sujets.

En Suisse alémanique en revanche, les autorités sont beaucoup plus réticentes à autoriser les défilés, pour des raisons sécuritaires comme en France. Berne, Zurich et Bâle ont ainsi interdit toute manifestation en lien avec le conflit et pas seulement les rassemblements pro palestiniens. Même si la règle a semble-t-il évolué puisque des rassemblements ont eu lieu dans ces villes le week-end dernier même s'ils n'étaient pas tous autorisés.

S'il n'y a pas eu d'arrestation, ni de violence, les pancartes et les slogans posent problème puisqu'on pouvait par exemple entendre à Bâle, "From the river to the sea, Palestine will be free", "Du fleuve Jourdain jusqu'à la mer, la Palestine sera libre", en français. Une formulation qui peut être comprise comme un appel à nier l’existence même de l’État d’Israël.

La Suisse dans une position particulière

Contrairement à l'Union européenne, la Suisse ne reconnaît pas le Hamas comme une organisation terroriste et c’est une conséquence de la neutralité suisse. À l'exception de Daech et d’Al Qaida, le pays n’a jamais vraiment eu de liste noire d’organisations classées terroristes parce qu'elle joue traditionnellement un rôle de médiateur dans plusieurs conflits. Elle l'a d'ailleurs fait entre Israël et le Hamas.

Mais face à la pression politique et de l’opinion publique, le gouvernement a changé d’avis et se dit désormais favorable à une modification du statut du Hamas. Cependant, des familles d’otages israéliens appellent la Suisse à ne pas le faire trop vite pour que Berne puisse aider à négocier la libération de leurs proches.

Hongrie : Viktor Orban interdit le soutien à Gaza

À Budapest, une manifestation de "Solidarité à Gaza", prévue le 13 octobre dernier a été interdite. L'Association des Palestiniens vivant en Hongrie était à l'origine de cette initiative, où elle attendait 300 participants, essentiellement des étudiants arabophones.

Cet évènement se voulait pacifiste car cette association palestinienne de Hongrie ne reconnaît pas le Hamas. "Le Hamas n’a aucune légitimité pour représenter le peuple palestinien", a estimé Aref Mohamed, le président de cette association, qui se dit proche de l’Autorité palestinienne. Dans le discours qu’il devait prononcer à la tribune, Aref Mohamed avait prévu de prononcer ces mots : "La mort de chaque être humain, qu’il soit juif, musulman ou chrétien, est une tragédie. Nous condamnons l’assassinat des civils innocents, quel que soit l’endroit où ces civils sont tués."

La police hongroise explique que le Hamas avait appelé les musulmans du monde entier à manifester leur colère le 13 octobre dernier et c'est pour cette raison que la police a agi par prévention. En réalité c’est le Premier ministre Viktor Orban qui a pris son téléphone pour interdire l’événement, déclarant à la radio publique que ces manifestations de sympathie pour la Palestine revenaient à soutenir les terroristes.

Viktor Orban a par ailleurs d'excellentes relations personnelles avec Benyamin Nétanyahou. D'abord parce qu'ils sont à la tête de deux partis, le Likud et le Fidesz, plutôt libéraux à l’origine mais qui ont complètement viré à droite. Ils sont tous les deux des politiciens nationalistes avec la même stratégie : trouver des ennemis en permanence. Que ce soit la gauche, les LGBT, ou encore le milliardaire américain George Soros, le but est de diviser la société.

De plus, Viktor Orban est parfois accusé de flatter l’antisémitisme latent dans son pays. Par exemple, des auteurs associés au nazisme ont été mis dans les programmes scolaires. Mais Orban et Nétanyahou ont conclu une sorte de pacte tacite. Le Premier ministre israélien proclame haut et fort que le gouvernement hongrois n’est pas antisémite et en échange, Viktor Orban soutient Israël aux Nations-Unies, et vote contre les résolutions qui condamnent Israël. Les deux politiciens se protègent ainsi mutuellement.

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