Le développement du télétravail aux États-Unis et en Suède
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, on se penche sur la question du télétravail aux États-Unis et en Suède.
Aux États-Unis comme en Suède, le télétravail s'est développé de façon importante au cours de cette dernière année avec la pandémie. Les entreprises doivent maintenant s'adapter au nouveau rapport au travail de leurs salariés.
Aux États-Unis, la Silicon Valley déjà adaptée au télétravail
Chez Google la date de retour de tous ses employés dans les bureaux avait été fixée cette semaine du 18 octobre, avant de finalement reporter ce retour à janvier à cause du variant Delta, comme l’ont fait Apple ou Amazon. Mais les employés de Google peuvent déjà revenir s’ils le souhaitent. Avec 144 000 salariés, le géant de la Silicon Valley a des bureaux un peu partout aux États-Unis. Interviewé par le Wall Street Journal, Sundar Pichai, le patron du groupe, a estimé par exemple que 50% des effectifs étaient de retour à New York. Il a même vu pour la première fois depuis des mois des files d’attente devant les cafés du campus Google. L’objectif, c’est donc un retour global en janvier 2022, mais dans un mode hybride, trois jours au bureau, deux jours en télétravail. Dans la Silicon Valley, peut-être plus qu’ailleurs avec ses horaires à rallonge, la pandémie a permis de réaliser l’importance de l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Plus d’une centaine d’entreprises de la région de San Francisco devraient proposer ce genre d’organisation.
Chez Apple, cela paraît un peu plus compliqué. La direction a l’air déterminée à faire revenir tous ses employés et a opposé un non ferme à ceux qui demandent de rester à 100% en télétravail. Et ce n’est pas seulement parce la marque à la pomme a investi cinq milliards de dollars dans son siège de Cupertino en Californie. Il y a aussi cette croyance dans la Silicon Valley, qui n’a pas vraiment été chiffrée jusqu’ici, que les idées, l’innovation viennent aussi de rencontres fortuites, informelles près de la machine à café, dans les couloirs, au détour d’une conversation. Donc Apple veut que ses employés continuent d’échanger. Recode, un site spécialisé dans la tech, a d'ailleurs fait une remarque intéressante. Des employés ont créé un groupe de discussion pour aborder ces questions, ce qui ressemble un peu à une forme de mobilisation, à une rébellion presque et ça, ce n’est pas vraiment dans la culture d’Apple. Alors peut-être que ce sujet du télétravail a ouvert la porte à d’autres revendications dans les mois ou les années à venir.
De leur côté, Twitter, Facebook ou LindkedIn ont pris une autre direction en autorisant le télétravail pour toujours. C’est même devenu un argument pour séduire de futures recrues dans un secteur hautement concurrentiel. La différence avec Apple tout de même, c’est que Twitter ou Facebook travaillent d’abord sur des logiciels, du virtuel quand le fabricant de l’iPhone fabrique justement des téléphones, des ordinateurs, des objets qu’il faut prendre en main, observer en vrai. Et puis, le télétravail pose deux autres questions : d’abord quel impact économique sur tous les commerces environnants ? Et enfin, les salaires élevés de la Silicon Valley se justifient en partie par le coût de la vie et du logement. Si vous travaillez loin, est-ce que toutes ces firmes vont accepter de vous payer autant ?
En Suède, les salariés ont adopté le télétravail
En Suède aussi le télétravail a été très débattu, d’une part parce que c’est une société très numérisée, et aussi parce qu’on y veille plus qu’ailleurs à l’équilibre entre le travail, et la vie personnelle. Néanmoins le télétravail s’est développé car travailler à la maison a été l’une des plus importantes recommandations faite par le gouvernement. Pendant un an et demi, on estime qu’un peu plus d'un tiers de la population suédoise a travaillé à domicile. Depuis fin septembre la consigne a été abandonnée, mais le télétravail est resté, en partie. Et les gens y ont pris goût, par exemple à Stockholm. Selon un récent sondage, trois habitants sur quatre de la capitale suédoise disent qu'ils ne veulent pas retourner au bureau cinq jours par semaine. Et dans cette ville c’est possible car la moitié des emplois y sont des emplois de bureau.
Dans cette même enquête, on apprend que les jours préférés des salariés pour le télétravail, c’est le lundi et le vendredi, les jours les plus proches du week-end. Libre à vous d’interpréter ce que cela veut dire. Et la principale raison qui pousserait ces salariés à revenir au bureau de temps en temps, c’est réponse A : "rencontrer des collègues", à 74%. La réponse B : "le sentiment d’être là où ça se passe", n’a été choisie que par 33% des sondés. Ce qui montre bien que là où ça se passe, maintenant, ce n’est pas au bureau, ou au siège de l’entreprise, mais c’est sur l’écran de son ordinateur.
C’est une tendance en tout cas à laquelle d’autres secteurs tentent de s’adapter. À Stockholm, l’entreprise qui gère les transports en commun a décidé de vendre un nouvel abonnement, qui permet de voyager dix jours dans le mois, idéal pour ceux qui télétravaillent et se rendent au bureau de temps en temps.
Pour que ça marche, il faut aussi que les entreprises jouent le jeu, et laissent leurs salariés chez eux. Elles sont un peu obligées de le faire car une entreprise aujourd’hui qui dirait :"chez nous c’est travail en présentiel à 100%", aurait du mal à recruter. Une enquête à ce sujet a été faite auprès du constructeur de camion Scania, de l’opérateur de télécom Telia, du fournisseur d’énergie Vattenfall et de la sécurité sociale suédoise, quatre gros employeurs ici. Ils ont tous demandé à leurs salariés de revenir au bureau, mais ils sont tous prêts à aller jusqu’à 50% de télétravail, à la demande des salariés. Et certains leur prêtent même du matériel pour qu’ils équipent leur domicile.
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