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Le premier tour de l'élection présidentielle vu du Royaume-Uni, de Russie et d’Allemagne

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, le premier tour de l'élection présidentielle française vu depuis le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne

Article rédigé par franceinfo
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Marine Le Pen, le 11 avril 2022, à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

Au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle, lundi 11 avril, l’annonce d’un duel entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron suscite l’intérêt de la presse internationale, partagée entre curiosité et inquiétude.

En Allemagne, l'inquiétude

"L’avenir de l’Europe se décide dans deux semaines." "La France est de nouveau à la croisée des chemins." Deux réactions où l’on retrouve l’idée que cette élection pourrait avoir de graves conséquences pour l’Europe. "L’amie de Poutine pourrait devenir présidente", écrit Bild le quotidien le plus populaire. Ce serait "Un tremblement de terre, une catastrophe", selon Die Welt. Pour le Tagesspiegel, "Le Pen n’hésiterait pas à mettre le moteur franco-allemand à la casse."

Inquiétude similaire voire même renforcée cinq ans après le premier duel entre Marine Le Pen et Emmnauel Macron à la présidentielle, en revanche les Allemands n’ont plus la même fascination pour Emmanuel Macron. La correspondante du RND pointe sa responsabilité : "Il n’a pas tenu sa promesse centrale : celle de réconcilier et d’affaiblir les extrêmes." Pour cet entre-deux tours, L’hebdomadaire Der Spiegel lui conseille de se rendre "davantage sur les marchés pour convaincre les électeurs" et de ne pas tout "miser" comme il l’a fait jusqu’à présent sur le seul "bonus de sa fonction".

La presse allemande retient aussi de ce premier tour l’effondrement des partis traditionnels. Car cette élection française est tellement à l’opposé du résultat ici des élections législatives d’il y a six mois que les Allemands n’en reviennent pas. La correspondante du Süddeutsche Zeitung à Paris range au rayon des surprises "l’état catastrophique des partis établis : ce scrutin est une débâcle pour les conservateurs et les socialistes." Un score si faible, analyse le quotidien économique Handelsblatt qu’ils "représentent une quantité négligeable, pour le dire poliment". Quant aux écologistes français, le lecteur allemand retiendra qu’ils ont réalisé un score cinq fois moins élevé qu’en Allemagne.

"Rien n'est joué", pour les Anglais

Au Royaume-Uni, de nombreux journaux britanniques ont choisi de consacrer leur Une à l’élection présidentielle en France. L’une des phrases d’Emmanuel Macron est d’ailleurs reprise plusieurs fois : "Rien n’est joué". Avec, lundi matin,
Le Financial Times, qui publie une photo du président et candidat Emmanuel Macron de profil, face à Marine Le Pen. Comme s’ils se regardaient droit dans les yeux.
Pour le quotidien le Guardian de centre-gauche, la bataille va être brutale ces deux prochaines semaines, c’est le futur de la France qui est en train de se jouer.
Selon Sky News, les Français doivent choisir entre Emmanuelle Macron, qui est pour le libéralisme, la mondialisation, un leader de l’Europe... Et Marine Le Pen, centrée sur la France et la ruralité, avec selon la chaine britannique, la crise du Covid qui aurait joué en sa faveur. Une journaliste qui se trouvait d’ailleurs dimanche 10 avril au QG de Marine Le Pen, compare ces élections au vote du Brexit de 2016 et la surprise des résultats... Expliquant que tout est encore possible.

Et le Royaume-Uni, qui garde historiquement une dominance droite gauche, le parti conservateur de Boris Johnson et le parti travailliste de Keir Starmer, s’intéressent aussi aux très faibles résultats d’Anne Hidalgo et Valérie Pécresse. La BBC parle de défaite humiliante pour les Socialistes et les Républicains, de crise existentielle... Et se demande si les deux partis historiques vont être amenés à disparaître ou trouver une nouvelle jeunesse en juin lors des élections législatives. Pour l’un des éditorialistes de la chaine, Emanuel Macron remportera certainement cette élection, même si la presse britannique rappelle tout de même à quel point Marine Le Pen a travaillé son image pendant ces cinq dernières années, en recentrant sa campagne sur le coût de la vie et l’inflation. Et les Britanniques, amoureux de leurs animaux de compagnie, ne sont pas indifférents aux nombreuses photos de Marine Le Pen avec ses chats, ce qui adoucit la personnalité de la candidate.

Pour les Russes, une victoire de Marine Le Pen est encore possible

En Russie, on ne peut pas dire que l'élection française soit passée totalement inaperçue. Selon la presse, et rappelons qu'il n'y a quasiment plus aucun média indépendant aujourd'hui en Russie, mais la presse qui paraît encore, proche du gouvernement, annonce qu'Emmanuel Macron est le favori du deuxième tour, mais qu'une victoire de Marine Le Pen reste possible. Les médias proches du pouvoir ici aiment à rappeler que le président sortant est contesté. Ils en veulent pour preuve les gilets jaunes qui selon eux pourraient se mobiliser pour sortir le sortant... Comme l'écrit une éditorialiste de l'agence officielle RIA, "si nous vivions dans un monde idéal, Marine Le Pen et Éric Zemmour auraient uni leurs forces et aujourd'hui, le président sortant serait en train de tourner comme un poisson dans une casserole pour combler l'écart".

Est-ce que cela veut dire que Marine Le Pen est la favorite des Russes, ou de la presse russe ou du pouvoir russe ? Le pouvoir russe pour l'instant n'a pas réagi et on ne connait pas sa position officielle. Les Russes connaissent Marine Le Pen, et certains l'apprécient. Le Journal Kommersant écrit que si le deuxième tour de la présidentielle avait lieu en Russie, c'est elle qui serait élue, parce qu'elle représente le pouvoir fort auquel aspire l'électorat russe. Et Kommersant raconte que chez les Russes installés en France dimanche, sur les réseaux sociaux on écrivait : "Il faut voter Marine Le Pen, elle seule peut nous sortir de la russophobie ambiante... " Malgré tout, la candidate RN n'a plus forcément la cote d'amour, qu'elle avait ici il y a quelques années, notamment, et certains lui reprochent, parce qu'elle ne s'est pas opposée de façon très virulente aux sanctions contre la Russie.

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