Les couacs autour de la vaccination contre le Covid-19 en Italie, au Japon et en Suède
Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction l'Italie, le Japon et la Suède pour voir où en est la campagne de vaccination contre le Covid-19 dans ces pays.
Y aura-t-il assez de vaccins contre le Covid-19 pour tout le monde ? Le délai entre les deux injections pourra-t-il être respecté afin de garantir une efficacité maximum ? Quid de l'efficacité des vaccins face aux variants du virus ?... Alors que la campagne de vaccination contre le coronavirus en France connaît un démarrage en dents de scie, comment s'en sortent d'autres pays ? Les correspondants de franceinfo en Italie, au Japon et en Suède font le point.
En Suède, des vaccins détournés ou défectueux
En Suède aussi on se plaint de la vitesse de la vaccination, jugée trop lente. Mais il y a aussi des dysfonctionnements, dont un qui a récemment indigné l’opinion publique. Comme dans beaucoup de pays, la vaccination a commencé dans l’équivalent des Ehpad en Italie, et c’est justement un directeur de maison de retraite qui s’est fait prendre la main dans le sac. Comme il lui restait des doses inutilisées suite à la vaccination de ses pensionnaires, et il a préféré vacciner sa famille en secret plutôt que de protéger ses employés, qui font pourtant partie du groupe prioritaire. C’est un fait isolé, ça peut arriver n’importe où, mais dans un pays où on ne plaisante pas avec l’égalité, vous pouvez imaginer que la condamnation a été unanime.
Les autres pays nordiques ont quasiment tous commencé leur campagne de vaccination fin décembre, et se situent tous à peu près au même niveau, avec entre 1 et 1,5% de la population vaccinée. Le Danemark fait exception puisqu'il occupe la première position en Europe, avec près de 4% de vaccinés. En Suède, l’idée est de proposer un vaccin à l’ensemble de la population d’ici l’été, en espérant que les livraisons ne prendront pas trop de retard. Mais même quand ces dernières arrivent, des accidents peuvent survenir. C’est ce qui s’est passé la semaine dernière avec plus de 2 000 doses du vaccin Moderna qui ont été transportées à une température trop froide ! Dans cinq régions, des personnes déjà vaccinées avec ces lots défectueux ont présenté des effets secondaires inhabituels, comme des boutons de fièvre, et l’on craint que ces vaccins aient perdu leur vertu immunitaire. Là aussi ça pourrait arriver n’importe où, mais les médecins suédois se plaignent des lourdeurs administratives qui ne facilitent pas la logistique, ajouté au fait qu’ici la vaccination est gérée par chaque région, et pas au niveau national.
Au Japon, la vaccination n'a pas commencé
Le Japon enregistre moins de 400 000 cas de personnes testées positives au Covid-19 et 5 200 morts officiellement recensés. Mais la troisième vague y sévit depuis novembre. S'agissant de la vaccination, c’est simple, elle n’a pas commencé et ne débutera pas avant fin février au mieux. Aucun des trois vaccins Pfizer, Moderna ou AstraZeneca n’est approuvé au Japon. Seul Pfizer a pour le moment fait une demande d’approbation auprès du ministère de la Santé. Ce retard pour la 3e puissance économique mondiale, qui compte 127 millions d’habitants, s’explique par le fait que les laboratoires n’ont initialement pas choisi le Japon pour effectuer des essais cliniques en raison du trop petit nombre de cas détectés l’an passé. Le pays n’était pas prioritaire. Pfizer ne procède ici à des essais que depuis octobre et les deux autres viennent juste de s’y mettre.
Les contrats pour sécuriser 314 millions de doses pour l’ensemble de la population ont été signés il y a quelques jours, mais ils ne comportent aucun échéancier précis de livraison. Nul ne sait combien de personnes seront vaccinées avant les JO prévus dans six mois notamment, le calendrier n’est pas prêt. On sait juste que le gouvernement veut d’abord vacciner des soignants et les personnes âgées. C’est justement parce qu’il ne sera pas prêt que le gouvernement japonais ne fait pas de la vaccination un préalable à la tenue des JO. Il serait politiquement et éthiquement difficile de vacciner en priorité les participants des JO et de dire au reste de la population de patienter.
En Italie, une campagne menacée par des ruptures de stocks
L’Italie était jusqu’à présent la bonne élève en Europe concernant la vaccination, fière d’être le pays de l’Union européenne où la campagne de vaccination procédait le plus rapidement. Pour l'instant, 1,3 millions d’Italiens ont été vaccinés. Mais tout n’avait pas si bien commencé avec, en début d’année, des retards causés par le manque de personnel, de nombreux infirmiers et médecins encore en vacances, et des seringues souvent non adéquates. "Nous voulons être la Ferrari de l'Europe en la matière", affirmait il y a quelques semaines la sous-secrétaire à la Santé. Une course à la vaccination qui a fortement ralenti dans de nombreuses régions et qui est même au point mort aujourd'hui dans certaines, faute de stocks suffisants. Le gouvernement a fait part de son "inquiétude", alors qu'il s'est fixé pour objectif de vacciner 50% de la population d'ici l'été. Il faudrait pour cela procéder à 200 000 vaccinations par jour sur l'ensemble du territoire. Le plan initial du gouvernement accusera au moins deux mois de retards. Le comité technique et scientifique évoque désormais une immunité collective en 2022 et non plus cet automne comme il l’espérait.
L’Italie s’inquiète de la réduction des doses de vaccins qui doivent être livrées et envisage des actions légales contre Pfizer. L'Italie a vu ses livraisons de flacons de vaccin se réduire de 29% et le géant pharmaceutique américain a prévenu que les retards de livraison allaient se prolonger. L'Italie s'inquiète notamment de l'administration de la deuxième dose du vaccin au personnel sanitaire et aux personnes âgées. Si 1,3 million d’Italiens ont été vaccinés, à peine 62 000 pourront bénéficier du rappel. Le commissaire du gouvernement pour le coronavirus a envoyé une réponse officielle à Pfizer Italie, dans laquelle il exprime "sa déception". Et il demande "le rétablissement immédiat des quantités à distribuer". Le président du Conseil, Giuseppe Conte, menace de lancer "dans les prochains jours" des actions légales. Faute de front commun avec l’Europe, c’est le tribunal de Rome qui pourrait se saisir de l’affaire et entamer des poursuites contre le laboratoire Pfizer pour spéculations sur le vaccin.
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