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Transports à l'arrêt, routes bloquées et pénurie d'électricité... Les Pays-Bas, la Suède et l'Allemagne aussi touchés par la vague de froid

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction les Pays-Bas, la Suède et l'Allemagne.

Article rédigé par Pierre Benazet, Nathalie Versieux - Frédéric Faux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
La vague de froid à Francfort en Allemagne. (ARMANDO BABANI / AFP)

La vague de froid, qui fait grelotter la France ces jours-ci, s'est abattue dès le début du mois dans le nord de l'Europe. franceinfo vous emmène aux Pays-Bas, en Suède et en Allemagne.

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Aux Pays-Bas, transports suspendus et rêve de patinage

La vague de froid qui touche le nord de l’Europe depuis dimanche 7 février a provoqué aux Pays-Bas une tempête de neige comme il ne s’en était plus vu depuis dix ans. Baptisée Darcy par les météorologues, elle a causé de graves perturbations à travers tout le pays, avec une température minimale relevée lundi de -16,2°C et certaines régions ont eu jusqu’à de 30 cm de neige. À tel point que l’agence météo néerlandaise a activé un code rouge national pour la première fois depuis 2012.

Les températures sont désormais stabilisées autour de -5°C la journée et -11°C la nuit. Les routes restent dangereuses, mais moins que dimanche et lundi, où la neige a causé 450 accidents, dont beaucoup de sorties de route. À part en direction de l’Allemagne, tous les trains avaient été suspendus, ainsi que beaucoup de tramways, après le déraillement d’un tram à La Haye. Les transports ferroviaires restent perturbés. Le trafic a par ailleurs été interrompu à l’aéroport d’Eindhoven, ainsi que sur une autoroute. Des centres de vaccination ont dû fermer et des dizaines d’écoles ont gardé portes closes lundi, alors que toutes devaient rouvrir après deux mois de fermeture pour cause de pandémie.

Malgré toutes ces perturbations à travers l’ensemble des Pays-Bas, cette vague de froid est paradoxalement une bonne nouvelle pour les Néerlandais. Qui dit froid dit glace, et qui dit glace dit patin. L’espoir de tout le royaume est désormais que gèlent les canaux, ce qui ne s’est pas produit depuis trois ans. C’est si important pour les Bataves que le Premier ministre Mark Rutte a même annoncé que le patinage pourrait être autorisé si la glace est assez épaisse.

Ce que certains espèrent par-dessus tout, c’est que gèlent aussi les lacs, les rivières et même, qui sait, la mer intérieure du Zuyderzée. Ceci créerait les conditions pour que se tienne l’événement le plus mythique des Pays-Bas, la Elfstedentocht, le tour des onze villes frisonnes, une course d’endurance à laquelle même le roi Guillaume-Alexandre a participé. Elle ne s’est plus tenue depuis 24 ans, faute de glace suffisante. Les autorités envisagent de l’interdire pour cause de pandémie de Covid-19 et pour les Néerlandais, après la vague de froid, ce serait la douche froide.

En Suède, le débat sur la sortie du nucléaire relancé

Les températures sont très basses depuis le début du mois de février en Suède. Résultat, le pays a dû importer de l’électricité produite en brûlant du charbon en Allemagne ou en Pologne, et même redémarrer une centrale thermique au fioul pour éviter la panne. Tout le monde dans le pays fait le lien avec la fermeture de réacteurs nucléaires. Deux réacteurs sur huit ont été fermés, en un an. L’éolien est censé prendre le relais, mais quand il n’y a pas de vent et qu’il fait froid, la seule solution c’est d’importer cette électricité "sale".

Tout cela est plutôt embarrassant pour un pays qui vise la neutralité carbone pour 2045. Mais comme l’explique l’expert en énergie Magnus Thorstensson, le fait que la Suède soit globalement un exportateur d’électricité n’empêche pas les risques ponctuels de pénurie : "En Suède, la part de l’électricité dont on ne peut pas planifier la production – l’éolien – augmente alors que l’électricité que l’on peut planifier – le nucléaire – se réduit. Les politiques pensent que la fermeture de réacteurs nucléaires est la solution miracle... Mais ça peut nous amener à un vrai déficit." Ce nucléaire ne représente plus que 30% de la production d’électricité en Suède.

Le débat porte sur la sortie ou non du nucléaire, car au-delà des positions idéologiques, il y a aussi une réalité très pragmatique. Comme le disait Magnus Thorstensson, l’avantage du nucléaire, c’est que l’on peut compter dessus quelles que soient les conditions. Cet hiver, c’est le froid persistant qui a contraint la Suède à acheter de l’électricité issue des énergies fossiles, mais on n’a pas atteint – pas encore – des températures record. Si c’était le cas, la Suède pourrait se voir contrainte de plonger dans le noir certaines parties du pays.

En Allemagne, pagaille sur les routes allemandes et ski de fond en ville

En Allemagne, la situation se détend lentement, mercredi 10 février, sur le front des intempéries. Plusieurs centaines d'automobilistes avaient dû passer la nuit de lundi à mardi dans leur véhicule, par -10°C, bloqués par la neige près de Bielefeld, dans le nord-ouest du pays. Les services techniques avaient été obligés de distribuer couvertures et boissons chaudes à des automobilistes transis dans leur voiture. Plusieurs camions s'étaient mis en travers de la route, provoquant des embouteillages de 30 km dans les deux sens sur l'autoroute A2, près de Bielefeld.

Le ministre des Transports avait appelé les automobilistes à laisser leur voiture au garage jusqu'à mercredi. Il a cessé de neiger dans la plupart du pays. Mais le froid persiste, avec jusqu'à -20°C la nuit, au moins jusqu'au week-end, poussant plusieurs villes, dont Francfort, à augmenter leurs capacités d'hébergement pour les sans-abri.

Mais la neige fait aussi des heureux : tous ceux qui n'ont pas pu partir au ski cette année, puisque les stations allemandes en raison du Covid-19 sont fermées et que les stations autrichiennes n'accueillent pas de touristes. Tous ces déçus des sports d'hiver ont remonté leurs spatules de la cave. À Berlin, on fait du ski de fond dans les parcs et forêts, de la luge sur la moindre pente ou colline. Les amoureux des bains glacés, plus nombreux que jamais cette année, partagent les trous dans la glace des lacs avec canards et cygnes.

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