Comment faire des économies sur sa facture d’électricité ?

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022, nous parlons régulièrement sur franceinfo du coût de l'énergie. Inévitablement, les tarifs en hausse donnent envie de s'intéresser un peu plus en détail aux contrats désormais fréquents qui proposent des options heures pleines / heures creuses. Fanny Guibert vient de signer une enquête à ce sujet dans le magazine 60 Millions de consommateurs. 

franceinfo : Est-ce qu’on fait une bonne affaire en choisissant un contrat heures pleines / heures creuses ? 

Fanny Guibert : L’option heures pleines / heures creuses peut permettre de faire des économies mais ce n’est pas systématique. Elle peut aussi faire perdre de l’argent si le client ne parvient pas à déplacer suffisamment sa consommation en heures creuses. Une partie des clients ont donc intérêt à ne pas la souscrire et à rester à l’option "Base", celle avec un seul et même tarif toute la journée. Avec l’option heures pleines / heures creuses, ils seront perdants.

En pratique, comment cela fonctionne-t-il ?

Le fonctionnement de l’option heures / pleines heures creuses est assez simple. Les clients ont deux tarifs : un pendant les heures pleines et un autre, avantageux, pendant huit heures creuses tous les jours. L’objectif est de décaler le plus possible sa consommation pendant ces heures creuses pour réduire sa facture.

Et si on consomme en dehors des heures  "économiques", paie-t-on beaucoup plus cher  ? 

Oui, car le prix des heures creuses est avantageux. Dans la facture, il y a aussi le prix de l’abonnement et le prix des heures pleines qui sont plus élevés avec l’option "Heures Pleines / Heures Creuses" qu’avec l’option "Base", d’où le risque d’être "perdant" si l’on ne parvient pas à bien décaler sa consommation.  

Dans votre article, vous dites qu’il faut faire attention car les horaires peuvent varier , c’est-à-dire  ? 

Pour la majorité des clients, les 8 heures creuses sont uniquement la nuit. Pour les autres, il y a 6 heures creuses la nuit et 2 heures creuses en journée. Il faut donc déjà savoir si l’on a, ou pas, des heures creuses méridiennes, en journée. Ce ne sont pas les consommateurs qui choisissent. C’est Enedis, gestionnaire du réseau électrique qui définit les créneaux. Ils peuvent varier d’un logement à l’autre, par exemple démarrer à 22h22 pour une personne, et 23h33 chez une autre. Ils sont indiqués sur la facture. Attention, Enedis peut aussi faire évoluer les créneaux. Le client doit alors être informé suffisamment à l’avance par son fournisseur.  

Est-ce que le compteur Linky permet plus de latitude  ? Des heures creuses différentes le week-end par exemple  ? 

Il y a effectivement des formules avec plus d’heures creuses ou des heures creuses différentes qui peuvent être souscrites si l’on a un compteur Linky. Elles peuvent se révéler très adaptées, par exemple si les personnes du foyer sont peu présentes en semaine et se retrouvent toutes réunies le week-end.  

L'idée est donc de bien faire fonctionner ses appareils ménagers (lave-linge, lave-vaisselle) en dehors des heures de forte consommation mais si on met son lave-linge en pleine nuit, cela dérange les voisins. Ces contrats sont-ils donc vraiment intéressants quand on vit en appartement  ? 

C’est un élément à prendre en compte. L’essorage à 1 400 tours par minute à 2 heures du matin en appartement, il vaut mieux éviter mais rappelons que certains clients ont des heures creuses en journée. Ils peuvent donc, eux, en profiter pour lancer leur machine. D’autres appareils sont par ailleurs beaucoup plus discrets, comme le lave-vaisselle ou le chauffe-eau électrique.  

Il faut aussi faire attention à ses équipements. Si on a un chauffage ou un chauffe-eau électrique, on peut comprendre que cette option soit intéressante, mais si on n'en a pas, est-ce que cela reste intéressant  ? 

La présence d’un chauffe-eau électrique fait souvent pencher la balance vers l’option heures pleines / heures creuses mais il peut ne pas suffire. On peut retenir que pour ne pas être perdant, il faut réaliser au moins un tiers de sa consommation en heures creuses, c'est un minimum. Il faut même viser 40-44% pour être vraiment gagnant, autrement dit, économiser plus que quelques euros.  

Existe-t-il un moyen pour s’assurer que l’on est gagnant  ?  

Oui, le Médiateur national de l’énergie, autorité publique indépendante, met à disposition une calculette sur le site energie-info.fr. Elle permet de savoir si, avec son fournisseur et sa consommation actuelle en heures creuses, le client est gagnant ou non. S’il est perdant, l’outil incite à revenir à l’option "Base", celle avec un tarif unique toute la journée.  

De manière générale, est-ce qu’il y a des offres plus valables que d’autres  ?

L’option "Heures Pleines / Heures Creuses" est proposée par tous les fournisseurs mais chacun a ses tarifs. Nous avons ainsi constaté que, pour un même scénario, l’économie peut être seulement d’une dizaine d’euros avec certains contrats contre plus du double avec d’autres. Nous avons également eu la surprise de découvrir un fournisseur avec lequel l’option était perdante même avec 40% de consommation en heures creuses. Cela vaut donc vraiment la peine d’utiliser la calculette sur le site energie-info.fr pour faire le point sur son propre cas. Cela vaut aussi la peine de l’utiliser à intervalles réguliers car les tarifs évoluent.  

Vous abordez enfin d’autres formules encore plus flexibles  ?  

Oui, ce sont des formules qui jouent sur les heures et également sur les jours. Exemple : l’option "Tempo" avec 22 jours rouges pendant lesquels il faut absolument réduire sa consommation au plus bas car le tarif est prohibitif, en contrepartie d’un tarif avantageux le reste de l’année. Là encore, il faut bien s’assurer que l’offre est adaptée à sa situation. Mais si c’est le cas, il y a des économies non négligeables à la clé : près de 500 euros avec "Tempo" dans l’exemple donné dans notre article.