Les lentilles de contact sont-elles inoffensives pour les yeux ?

Y a-t-il des risques avec les lentilles de contact ? C'est le dossier du jour avec le magazine "60 Millions de consommateurs", le mensuel de l'Institut national de la consommation. Les précisions d'Adélaïde Robert.
Article rédigé par Catherine Pottier - Damien Mestre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
"Il faut jeter les lentilles de contact dans les ordures ménagères, surtout pas dans le lavabo ou les toilettes", souligne Adélaïde Robert. "Et c’est une info qui manque sur pas mal de boites de lentilles". (ETHAMPHOTO / THE IMAGE BANK RF / GETTY IMAGES)

L’info conso du week-end est consacrée aux lentilles de contact. Le magazine 60 Millions de consommateurs a testé 10 produits pour savoir si les lentilles étaient ou non inoffensives pour les yeux.

franceinfo : Y a-t-il des risques avec les lentilles de contact, des risques pour l’environnement et pour la santé de nos yeux, mais d'abord pourquoi une menace pour l’environnement ? 

Adélaïde Robert : Parce que les lentilles représentent un support de transport pour des polluants organiques, c’est une menace physique pour la faune et la flore aquatique, et surtout, en se dégradant, ça génère des microplastiques. Beaucoup de microplastiques [entre 5000 et plus de 17000 par g de lentille]. Sachant qu’il y a dans le monde des millions d’utilisateurs de lentilles, souvent à usage quotidien.

Donc ça veut dire qu’il ne faut pas les jeter n’importe où après leur utilisation ?

Oui, il faut les jeter dans les ordures ménagères, surtout pas dans le lavabo ou les toilettes ! Et c’est une info qui manque sur pas mal de boites de lentilles. Ou quand elle est présente, c’est avec un petit logo à peine visible.  

Risque pour notre santé aussi. En fait, ce n’est pas leur composition qui est en cause mais ce qu’elle libère au contact de l’œil ?

Oui, les lentilles sont susceptibles de relibérer des composés dans le liquide lacrymal. L’idée est de savoir lesquels, et quels risques leur sont associés. Et là-dessus, on manque encore de connaissance. 

Et concrètement, à quoi sont exposés les utilisateurs ?

La composition précise des lentilles n’est pas connue, c’est un secret industriel. Et on ne sait pas bien ce qu’elles sont susceptibles de libérer. Des études ont pointé du doigt des polluants éternels, appelés PFAS (des porteurs de lentilles avaient un taux de PFAS dans le sang plus élevé que des non-porteurs), des microplastiques, du dioxyde de titane.  

Vous avez testé une dizaine de lentilles souples ce mois-ci dans 60 Millions, est-ce qu’il y a de grandes différences selon les marques ? 

Non, pas immenses. Et contrairement aux études évoquées, on n’a pas trouvé de preuves de la migration de PFAS dans le liquide où baignaient les lentilles, pour mimer le liquide lacrymal. Ni aucune des 241 substances extrêmement préoccupantes ou des 6 principaux microplastiques recherchés.

En revanche on a trouvé des microparticules partout, qui ont pu être identifiées comme des microparticules de silicone dans deux cas, et des traces de dioxyde de titane que deux fabricants nous ont assuré ne pas utiliser. Les autres n’ont pas réagi. 

Achat en boutique ou sur Internet : est-ce qu’il y a des différences là encore ?  

Non, pas de différence. Ce sont les mêmes fabricants, il n’y en a pas tant que ça d’ailleurs : le gros du marché est entre les mains de Cooper Vision, Alcon, Bausch&Lomb, Johnson&Johnson. Certains de leurs produits sont commercialisés sous marque blanche. Les Easy Lens d’Optical Center sont en fait des copies des Biofinity de Cooper Vision.  

Certaines garantissent des filtres UV, est-ce fiable ? 

En fait, il n’existe pas de preuve que ce type de filtre protège de manière efficace la rétine. Les fabricants le précisent, sur leur site ou en tout petits caractères : il faut quand même mettre des lunettes de soleil. Ne serait-ce que pour protéger les autres parties de l’œil, qui ne sont pas recouvertes par la lentille.  

Ce qui est sûr, c’est que l’hygiène est fondamentale lorsqu’on utilise des lentilles souples, le risque, c’est le développement de bactéries, si l’on n’est pas scrupuleux ? 

Des bactéries ou des champignons, oui, d’infections de manière générale. L’hygiène des mains, le nettoyage des lentilles est un point clé. C’est même le principal paramètre pris en compte, pour proposer des lentilles chez l’enfant : il n’y a pas d’âge minimum, ce qui compte c’est la capacité de l’enfant à respecter les mesures d’hygiène.   

Dans votre enquête, vous ne proposez pas de classement, de choix parmi les produits que vous avez testés, pourquoi ? 

Non, parce que l’idée était plutôt d’explorer ce que les lentilles pouvaient libérer dans l’œil, mais dans tous les cas, il n’existe pas encore d’étude permettant de connaître les risques, et encore moins les seuils d’exposition. Par ailleurs, on n’a pas testé le confort de port, qui est pourtant le principal critère de choix. Et le premier motif d’abandon.                      

On recense environ trois millions d’utilisateurs, c’est peu finalement par rapport au reste de l’Europe ?

Oui, les ventes augmentent mais on serait quand même en avant-dernière position, en Europe, d’après Euromcontact. Ce sont des produits qui restent chers. Les porteurs de lunettes ont bien souffert pourtant, avec la buée des masques pendant le Covid, mais ça ne les a pas tous convaincus de passer aux lentilles ! 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.