Les ongleries à la loupe : des pratiques à surveiller pour la pose de vernis semi-permanent
Depuis quelques années, les enseignes d'ongleries fleurissent dans les grandes villes. La prestation la plus plébiscitée reste la pose de vernis semi-permanent, avec près des trois-quarts des demandes. 60 millions de consommateurs a enquêté auprès de 16 clientes mystères. Les explications d'Adélaïde Robert, cheffe de la rubrique santé au magazine.
franceinfo : De quelle manière avez-vous procédé pour mener vos tests ?
Adélaïde Robert : Nous avons fait appel à un panel de clientes mystère pour aller tester la pose de vernis semi-permanent dans 7 enseignes de bars à ongles ou chez des prothésistes indépendantes. Il en ressort une disparité importante des pratiques, y compris au sein d’une même enseigne, avec des règles d’hygiène mal respectées mais aussi un manque de dialogue. Les professionnelles donnent peu de conseils d’entretien, interrogent peu sur l’état des ongles et à quoi ils sont exposés au quotidien. Enfin, il y a beaucoup de dépose chimique totale quand une dépose partielle mécanique aurait pu suffir.
Quand on parle de vernis semi-permanent, de quoi s'agit-il exactement ?
Le vernis semi-permanent est un mélange de gel acrylique et de vernis, qui a besoin d’être passé sous une lampe UV ou LED UV pour durcir par photocatalyse. Il est plus résistant que le vernis classique et dure plus longtemps, entre 15 jours et 3 semaines. Il ne faut pas l’appliquer sur un ongle abîmé : la prothésiste ongulaire doit contrôler visuellement l’état de l’ongle et interroger le ou la cliente sur l’état de ses ongles. Or si le contrôle visuel semble avoir été globalement réalisé, très peu de professionnels ont posé les questions essentielles pour le bilan préalable.
Si on utilise des produits toxiques lors de ces manipulations, y a-t-il des risques ?
Oui, le dissolvant utilisé pour la dépose chimique totale est irritant par inhalation, c'est pourquoi il vaut mieux l’avoir en flacon avec bouchon poussoir plutôt que dévissable. Il y a aussi le risque lié aux UV des lampes de photocatalyse, contre lequel on peut proposer le port de mitaines. Et puis il y a des risques à plus long terme : si par exemple la polymérisation sous lampe UV est incomplète, il va rester des monomères de méthacrylate qui peuvent générer des allergies.
Le gros souci est donc dans l'hygiène, les règles ne sont pas toujours respectées ?
En effet, les bonnes pratiques ne sont pas toujours suivies. Par exemple, les clientes doivent se laver les mains avant de démarrer le soin, poser leurs mains sur une serviette à usage unique et,en théorie, les professionnels doivent porter un masque, une visière, un gant sur au moins une main et une tenue professionnelle. Or un tiers de ceux qui ont pratiqué la manipulation n’avait rien de tout cela.
Pose à domicile ou en magasin, quel est le mieux ?
C’est extrêmement dépendant des prothésistes, donc il est difficile de répondre à cette question. Le mieux est surtout d’avoir en tête les bonnes pratiques pour être en capacité de les repérer et éviter les professionnels qui ne les appliquent pas. Par exemple un échauffement de l’ongle lors de la dépose partielle mécanique signifie que le ou la professionnelle a eu un geste ou un matériel trop abrasif. Une douleur ou des microsaignements après le soin des cuticules révèle que la technique n’est pas maîtrisée. L’absence de questions, de discussion sur le type de dépose, ou sur la nécessité de laisser l’ongle au repos ou non, l’absence de conseils d’entretien doit aussi mettre la puce à l’oreille.
Au niveau des prix, de grandes variations ?
Dans notre essai les prix sont compris entre 40 et 50 euros – sans lien avec la qualité de la prestation. Mais attention, le prix affiché n’englobe pas toujours la dépose et encore moins la manucure que toutes les prothésistes ne sont pas habilitées à faire. Pour conclure, disons que certaines enseignes comme Carlance et Bodyminute ont une plus grande marge de progression que d'autres, en termes d’hygiène et de technique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.