Sommeil : tout ce qui marche pour enfin dormir ?

Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe à 60 Millions de consommateurs, consacre un hors-série spécial à ces troubles du sommeil et à leurs remèdes. Plus de quatre Français sur dix déclarent souffrir d'un trouble du sommeil. Un chiffre inquiétant.

franceinfo : D'abord, qu'est-ce qu'on appelle troubles du sommeil ?

Sophie Coisne : Il s'agit d'un ensemble de phénomènes et de pathologies qui perturbent à la fois la qualité et la quantité de sommeil. Ça va de l'insomnie à l'apnée du sommeil, en passant par les cauchemars répétitifs, par exemple les difficultés d'endormissement. 30% d'entre nous sont confrontés à des insomnies régulières. C'est énorme.

Et quand on pense aux troubles du sommeil, on pense souvent aux médicaments. Pourtant, seul un changement de comportement est efficace sur la durée dans la majorité des cas. Vous avez des exemples ?

On donne beaucoup d'exemples dans ce numéro. Se réveiller à heures fixes, y compris le week-end, ne pas manger trop tard, faire du sport, mais pas en soirée. Bien calculer aussi l'heure et la durée de sa sieste. Et puis il faut bien se connaître. Est-ce qu'on est du soir ou est-ce qu'on est du matin ? C'est une question importante à se poser, parce que le savoir va changer beaucoup de choses dans notre comportement.

Les médicaments, ce n'est pas le meilleur moyen de retrouver le sommeil, mais ponctuellement, ça peut aider. Sur les plus de 50 produits que vous passez au crible, il y a évidemment des somnifères. Quels sont leurs avantages et quels sont leurs inconvénients ?

Bien, l'avantage, c'est évidemment de se remettre rapidement à dormir, mais on ne peut pas les prendre à vie. Ça provoque également une sorte de somnolence, parfois, dans la journée, ça empêche de conduire souvent. Il peut être aussi difficile de les arrêter. Donc vigilance avec ces médicaments.

Il faut se faire prescrire les somnifères, ou bien on peut aller en pharmacie, en demander à son pharmacien et repartir avec une boîte sans avoir présenté à aucun moment une ordonnance ?

Ça dépend. En fait, les somnifères qu'on appelle les benzodiazépines sont sur prescription, effectivement, mais il y a certains produits pour le sommeil qui sont en vente libre. C'est le cas notamment des antihistaminiques. Donc en fait, ils sont efficaces contre les allergies, mais désormais ils ont une autorisation de mise sur le marché pour aider à dormir. Donc ceux-là, on les trouve en vente libre en pharmacie, quel que soit le produit, il ne faut pas dépasser 28 jours de somnifères, ce qui arrive hélas trop souvent.

On entend aussi beaucoup parler de la mélatonine. Qu'est-ce que c'est exactement, et surtout, est-ce que ça fonctionne ?

Alors la mélatonine, c'est une hormone qu'on sécrète normalement dans le cerveau. C'est une hormone qui prépare au sommeil. Elle pousse notre organisme tous les jours à se mettre en mode nuit. Et donc son apport est intéressant dans la prise en charge des troubles du sommeil. Elle fait d'ailleurs fureur dans les compléments alimentaires, puisque ces 10 dernières années, il y a plus de 1400 compléments alimentaires qui ont été déclarés à base de mélatonine, rien qu'en France. Donc c'est énorme.

Tous ne sont pas intéressants. Il faut que la mélatonine soit d'un type précis. Il en existe de deux types. Il faut qu'elle soit à la bonne dose, et il faut la prendre au bon moment. Si on souffre d'insomnie, par exemple, il faut une mélatonine qu'on appelle à libération lente, assez fortement dosée. Et ça, tous les compléments alimentaires ne la contiennent pas.

Il y a aussi les plantes en infusion ou bien en complément alimentaire, c'est efficace ?

Laissez tomber la camomille, ça n'a aucun effet démontré sur le sommeil. En fait, il y a une seule plante qui se distingue dans le cas des troubles du sommeil ponctuel, c'est la valériane. Il y a d'autres plantes qui ont ce qu'on appelle un usage traditionnel et qui ont été utilisés dans la pharmacopée depuis longtemps, c'est la passiflore par exemple, ou le pavot de Californie. Mais elles n’ont quand même pas un niveau de preuve d'efficacité aussi élevé que la valériane.

Alors plusieurs conseils. Le premier, c'est d'éviter les mélanges de plantes. Partez plutôt sur une seule plante dans votre produit. Demandez aussi au pharmacien s'il y a un risque d'interactions de cette plante avec les traitements que vous prenez habituellement. Parce que ça, ces interactions arrivent régulièrement. Et enfin, il ne faut surtout pas les donner aux enfants, même si c'est écrit sur la boîte. On a déniché plusieurs produits qui disent être pour toute la famille, alors qu'ils contiennent des plantes qui sont strictement déconseillées en dessous de 12 ans.