Le débrief politique. En marche vers les pleins pouvoirs à Emmanuel Macron ?
Comment ne pas donner les pleins pouvoirs à Macron à l'Assemblée, comment éviter la déroute au FN, pourquoi le PS est-il tombé si bas. Les réponses dans le débrief politique du lundi 12 juin signé Louise Bodet.
Les pleins pouvoirs pour Emmanuel Macron à l'Assemblée ?
Le président Macron est en passe de réussir son pari. Avant le second tour des législatives dimanche 18 juin, on prédit à la République en marche entre 400 et 450 sièges au palais Bourbon. Le record de 1993 obtenu par la majorité RPR-UDF en 1993 sera-t-il battu ? A l'époque, 484 sièges avaient été décrochés. Dans l'histoire politique, on retiendra aussi la majorité godillot du général De Gaulle en 1962. L'expression date d'ailleurs de cette époque. Aors qu'en sera-t-il de la future majorité Macron ? Disciplinée ou effrontée ? Studieuse ou frondeuse ? Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner n'exclut rien. "Sur 400, vous pouvez avoir 1, 2 ou 3 personnes chez les frondeurs", a-t-il expliqué sur France Inter. Et il ajoute : "Là je dis aussi aux entrants, c'est le mouvement politique porté par Emmanuel Macron qui fait qu'ils entrent à l'assemblée, et donc ils lui devront, non pas le respect à lui, mais le respect à ses engagements. Ils sont là pour faire en sorte que le projet présidentiel soit mis en oeuvre."
Apparemment, le message a été reçu 5 sur 5 au MoDem. "Nous avons participé du débat présidentiel, de l'aventure présidentielle de la volonté de voir Emmanuel Macron président et donc il y a une logique qu'on soit conforme à ces engagements" répond le secrétaire général du MoDem, Marc Fesneau.
Ne pas donner les pleins pouvoirs, un leitmotive
Gare à ne pas donner les pleins pouvoirs au président : c'est le leit motive depuis hier dimanche soir, à gauche comme à droite. Et c'est même un moyen de parler d'une seule voix. Alors que la division menace chez les Républicains, on fait bloc en attendant la grande explication. L'idée c'est de serrer les rangs, jusqu'au second tour, en remettant à plus tard les sujets qui fâchent. Lundi matin, lors du bureau politique au siège du parti, aucune porte n'a claqué. Mais on a répété un mot d'ordre : mobiliser les abstentionnistes, en les mettant en garde. "La majorité absolue c'est jamais bon pour la démocratie" a souligné Marc-Philippe Daubresse. Ajoutant : "C'est un tsunami mais quand la mer se retire, il y a beaucoup de dégâts".
Les électeurs du FN ont fondu comme neige au soleil
Autre parti, autre souci. Quatre millions de voix ont disparu au Front national. Et Marine Le Pen est un peu la seule à sortir la tête de l'eau dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais. La patronne du FN est repartie en campagne dès lundi matin sur le petit marché de Rouvroy à quelques kilomètres d'Hénin Beaumont. "Ca marque quand même une pause dans une très forte progression que nous avions connu ces cinq dernières années" a analysé la patronne du parti d'extrême droite. Aujourd'hui, le spectre d'une Marine Le Pen esseulée à l'assemblée est bien réel. Dans la circonscriptions, la candidate de la République en Marche part avec 30 points de retard. Mais Anne Roquet, sa représentante veut y croire. "Je poursuis ma campagne de terrain. Il y a trois semaines, personne ne me connaissait donc je suis assez contente du résultat" dit-elle.
Le leadership stérile de Jean-Luc Mélenchon
A gauche, Jean-Luc Mélenchon confirme son leadership. La France insoumise devance le PS dans les urnes au premier tour des législatives. Mais la traduction en sièges s'annonce décevante. Du coup, il faut impérativement faire le plein des voix de gauche dimanche prochain. Le parti socialiste, conspué pendant la camapgne, retrouve un certain attrait aux yeux de Jean-Luc Mélenchon. À Marseille, le 1er des insoumis a plus de 12 points d'avance sur son adversaire la république en marche. Malgré tout, il doit fédérer. Du coup, son rival du 1er tour, le socialiste Patrick Mennucci, et surtout ses électeurs, redeviennent tout à fait fréquentables. Jean-Luc Mélenchon leur souhaite même la "bienvenue". "Tout sortant mérite même la considération" ajoute-t-il. "Jean-Luc Mélenchon est bien aimable mais les choses ne sont pas si simples" a répondu Patrick Mennucci sur franceinfo.
Le parti socialiste éparpillé façon puzzle
Le poing et la rose ont fait office de repoussoir dimanche. Un premier tour des législatives au goût de cendres pour les socialistes, avec au mieux 30 sièges sauvables. C'est tout simplement la pire défaite électorale de leur histoire qui s'annonce. Fondeurs, légitimistes, réformateurs, personne n'est épargné, et la question est maintenant celle de la survie. Comment peser à l'Assemblée en étant si peu, et en s'aimant si peu ? Chacun se renvoie la responsabilité de la débâcle ; la faute aux frondeurs, et au premier d'entre eux Benoît Hamon, humilié à la présidentielle, dénoncent les uns. La faute au quinquennat, à François Hollande, à Manuel Valls, accuse le camp adverse, à l'image d'Aurélie Filippetti, éliminée en Moselle. "Nous nous sommes tués tout seuls" estime l'ex-ministre de la Culture. Dans le viseur d'Aurélie Filippetti, ces camarades "macron-compatibles", qui se revendiquent de la majorité présidentielle. Manuel Valls à Evry, Marisol Touraine en Indre-et-Loire, Myriam El Khomri à Paris. Ce sont finalement eux qui, pour l'instant, s'en sortent le mieux, en attendant le verdict des urnes dimanche prochain.
Et le scrutin est suivi de très près par Emmanuel Macron. Du haut de sa présidence jupitérienne, le locataire de l'Elysée garde un oeil sur l'intendance.. une 30aine d'amis politiques se sont retrouvés dimanche soir à l'Elysée pour suivre la soirée électorale en sa compagnie. "Il a appelé les députés qu'il connaissait le mieux", raconte une personne présente. "Pas d'allégresse, il est dans le coup d'après" dit-on ; "Déjà dans les réformes, comment, dans quel ordre"...
Pas de président pour la République en marche
C'est l'info du débrief signée Julie Marie leconte. Il ne doit y avoir qu'un président de la République, fût-elle en marche. Emmanuel Macron, le parti majoritaire devrait donc avoir à sa tête un "délégué général" plutôt qu'un "président". La question doit être tranchée d'ici le congrès prévu dans la 1ère quinzaine de juillet.
Le prix de l'inélégance démocratique
"Mes électeurs sont à vomir". C'est la déclaration très élégante, d'Henri Guaino, député sortant, candidat dissident Les républicains dans la 2ème ciorconscription de paris, largement battu dimanche. L'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, passé vous savez par le bureau d'angle des conseillers de l'Elysée, le fameux "bureau qui rend fou", ceci expliquant peut-être cela. Henri Guaino a donc fustigé sur BFM tv "les bobos d'un côté qui sont dans l'entre-soi, dans l'égoïsme", et "la bourgeoisie traditionnelle de droite qui va à la messe, envoie ses enfants au catéchisme" et qui vote pour un type qui pendant 30 ans, a triché par tous les moyens. Comprenez François Fillon. En faisant cette déclaration, Henri Guaino, a par ailleurs annoncé mettre un terme à sa vie politique..
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