Le débrief politique. François Fillon cherche à tout prix à refaire campagne
Le candidat de la droite multiplie les déclarations, les meetings et les rendez-vous pour faire en sorte qu'on reparle de son programme. Pendant ce temps, François Baroin rencontre Nicolas Sarkozy, et François Bayrou hésite à se lancer dans la course. Tout ce qu'il ne fallait rater de l'actualité politique du mercredi 15 février avec Yannick Falt.
François Fillon sur le terrain de la sécurité
Le candidat de la droite était en déplacement dans l'Oise, mercredi 15 février. Il a organisé une table ronde consacrée à la sécurité, avec cette proposition choc : faire passer la majorité pénale de 18 à 16 ans.
Il y a de plus en plus de mineurs qui sont impliqués dans la montée de cette violence. Il faut changer la législation. L'excuse de minorité ne peut plus, aujourd'hui, permettre de lutter contre cette violence (...) quand on a 16 ou 17 ans, qu'on attaque un policier, on doit savoir qu'on finira en prison.
François Fillon, le candidat de la droite à l'élection présidentielle
L'ancien Premier ministre a donc changé son fusil d'épaule, puisqu'il n'était pas favorable à l'abaissement de la majorité pénale. Il se rallie finalement à cette idée de Nicolas Sarkozy.
Il veut aussi parler programme...
François Fillon, englué dans les affaires, veut donc reparler du fond. Le constat a été fait par son équipe : "François Fillon est inaudible sur son programme depuis la première charge du Canard enchaîné il y a trois semaines." D'ailleurs, ses propositions économiques et sociales sont passées totalement inaperçues lors de son grand meeting parisien fin janvier.
La stratégie a donc été actée de revenir sur le terrain des idées. Il y avait débat entre l'économie et la sécurité. C'est la sécurité qui l'a donc emporté, puisqu'elle est davantage dans l'actualité avec les violences à répétition en Île-de-France. Ensuite, François Fillon parlera de la sécurité sociale et annoncera ses arbitrages pour faire évoluer son projet controversé.
... et multiplier les meetings de ses soutiens
L'autre élément de cette contre-offensive de François Fillon, ce sont les meetings de ses soutiens. Les jeudi 16 et vendredi 17 février, 17 orateurs sont déployés un peu partout en France.
Dans la liste, il y a bien sûr les très proches, comme Bruno Retailleau dans la Manche, Gérad Larcher en Seine-Saint-Denis, Thierry Solère son porte-parole dans l'Essonne... Mais aussi les moins proches, comme les sarkozystes ralliés, Christian Jacob, Luc Chatel ou François Baroin. De quoi afficher l'unité de la famille et faire taire toutes les rumeurs sur les éventuels plans B.
François Baroin a rencontré Nicolas Sarkozy
Ce rendez-vous, organisé le 15 février, était prévu de longue date, a précisé l'entourage des deux hommes. Le sénateur-maire de Troyes (Aube) est officiellement venu présenter à l'ancien chef de l'État son livre, Chemin français. Mais il s'agit bien d'"un hasard assez heureux", sourit la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy, qui voulait faire de François Baroin son Premier ministre.
François Baroin pourrait en tout cas donner un sérieux coup de main à François Fillon, selon Georges Fenech, le député du Rhône qui a lancé une mini-fronde contre le candidat de la droite. Pour lui, le sénateur-maire de Troyes "compte beaucoup dans notre famille politique. On compte beaucoup sur lui, sur sa personnalité, sur ce qu'il peut représenter, sur son image, très rassembleuse."
Je pense que François Baroin devra jouer un grand rôle. En tout cas, je le souhaite personnellement.
Georges Fenech, député du Rhôneà franceinfo
François Fillon a aussi vu Nicolas Sarkozy
Les deux hommes ont organisé un déjeuner à Paris, rue de Miromesnil, là où Nicolas Sarkozy a ses bureaux d'ancien président. Là aussi où François Fillon s'était promis de ne plus mettre les pieds. Mais il y a urgence : le candidat ne pouvait plus se passer du soutien de son ancien patron.
Ce déjeuner s'est déroulé "dans une ambiance chaleureuse", assurent les proches des deux hommes, et cet élément de langage a été savamment répété. En tout cas, la consigne de Nicolas Sarkozy à ses troupes est "ne faites rien qui puisse gêner Fillon".
Benoît Hamon en déplacement en terre vallsiste
À gauche, Benoît Hamon était sur le terrain mercredi 15 février, sur les terres de Manuel Valls, à Alfortville, dans le Val-de-Marne. Le sénateur-maire de la ville, Luc Carvounas, vient d'ailleurs de rejoindre son équipe.
Le candidat socialiste a placé son déplacement sur le thème de la pénibilité au travail. Il en a aussi profité pour parler de l'actualité et de l'affaire Théo : "Je ne veux pas [qu'on puisse] avoir l'inquiètude qu'un simple contrôle puisse dégénérer pour son propre enfant. C'est un cancer pour la société française."
François Bayrou, ira ou n'ira pas ?
On attend toujours de savoir si le maire de Pau se lance ou non dans la course à la présidentielle. Il se laisse jusqu'au 23 février pour décider, date du début d'envoi des parrainages pour la présidentielle. Mais ce qui est sûr, c'est qu'un soutien à François Fillon est définitivement exclu.
Je ne vois pas où cette obstination mène, parce que, quand bien même il y aurait une espèce de miracle électoral et il remporterait cette élection, comment gouvernerait-il ?
François Bayrou, le maire de Pauà franceinfo
Reste en revanche une question : François Bayrou pourrait-il rallier Emmanuel Macron s'il ne se présente pas ? Le président du Modem n'est pas en marche, mais il se dit prêt à discuter avec l'ancien ministre qu'il a déjà rencontré en juillet.
La note du débrief
Le débrief donne un 20/20 à l'archiviste qui a exhumé une interview de franceinfo datant du 2 septembre dernier. Une note de l'archive cruelle pour François Fillon, qui disait à l'époque qu'"il y a un problème d'abaissement de la morale publique, il y a un problème d'abaissement du niveau d'éthique dans la vie politique (...) C'est la manière dont le système politico-médiatique passe sur toutes ces affaires. Tout ça, ça fait la une pendant trois jours et ensuite c'est fini, on en parle plus." Depuis le 2 septembre dernier, on peut le dire, beaucoup de choses ont changé.
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