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Le débrief politique. Le couac gouvernemental le plus rapide du siècle

Premières frictions au gouvernement, rentrée en vue à l'Assemblée nationale et le Président qui pourrait couper l'herbe sous le pied de son Premier ministre... Tout ce qui ne fallait pas rater dans l'actualité politique du lundi 26 juin avec Louise Bodet.

Article rédigé par franceinfo, Louise Bodet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a connu un premier désaccord avec Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, sur l'interdiction des néonicotinoïdes.  (PHOTO RICHARD MOUILLAUD / MAXPPP)

Le couac gouvernemental le plus rapide du siècle

Deux ministres en désaccord pendant seulement une demi-journée : le gouvernement Philippe 2 vient de connaître ses toutes premières frictions. Matignon n'a pas perdu de temps pour remettre les pendules à l'heure. Tout a commencé par une déclaration du ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, qui entend remettre en cause l'interdiction des néonicotinoïdes. Ce sont des pesticides accusés notamment de tuer les abeilles. "Nous devons pouvoir autoriser des dérogations pour leur permettre l'utilisation afin que nos producteurs puissent continuer à travailler dans de bonnes conditions", déclarait lundi 26 juin au matin le ministre sur BFM TV.  

Stéphane Travert a été immédiatement contredit sur Twitter et devant la presse par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire. "On ne reviendra pas sur des acquis", a expliqué l'écologiste, qui a par ailleurs écorché le nom de son collègue au passage. Les ministres vont donc devoir apprendre à mieux se connaître et à mieux se coordonner. Certes, les désaccords entre agriculture et écologie sont un classique en politique mais ça fait désordre compte tenu des directives très strictes en la matière données par Emmanuel Macron. Les ministres se retrouvent d'ailleurs à la fin du mois de juin pour un séminaire à Nancy. Cette séance de team building ne sera peut-être pas si inutile que ça.

Matignon s'est d'ailleurs empressé de siffler la fin de la récréation. Le Premier ministre Édouard Philippe s'est fendu d'un communiqué à la mi-journée confirmant la version de Nicolas Hulot et assurant que l'arbitrage a été rendu dès le 21 juin, c'est-à-dire avant la nomination de Stéphane Travert. Face à ce couac dégonflé en urgence, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français (PCF), est pessimiste. "La période politique n'est pas du tout stabilisée donc je pense qu'il va encore se passer beaucoup de choses et que les contradictions gouvernementales vont assez vite éclater sur beaucoup de sujets", prédit-il. 

Téléscopage entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe

Emmanuel Macron l'avait promis pendant sa campagne : il entend s'exprimer une fois par an devant tous les parlementaires réunis en congrès à Versailles pour présenter le bilan et les perspectives du quinquennat En Marche. Le principe ne pose pas de problème mais ce congrès pourrait être convoqué dès lundi 3 juillet, veille de la déclaration de politique générale du Premier ministre, Édouard Philippe. Si le Président modifie son plan initial, qui était de faire ce discours après une année au pouvoir, c'est parce qu'il veut s'adresser aux Français avant la pause estivale. "Il veut parler rapidement", confirme Matignon, qui ne donne pas de date précise.

"On comprend le sentiment de court-circuitage mais c'est difficile pour le chef de l'État de parler après le Premier Ministre", relativise l'entourage d'Édouard Philippe. "S'ils disent des choses radicalement différentes, l'un abordant la vision, l'autre l'aspect l'opérationnel, on ne voit pas où est le problème", abonde l'Elysée. La question ne devrait pas être tranchée avant le mercredi 28 juin puisqu'il est impossible de convoquer un congrès à Versailles avant la constitution du bureau de l'Assemblée nationale.

Aucun suspens pour le Perchoir

Le mardi 27 juin, l'Assemblée nationale fait sa rentrée et élit son président à l'occasion de la séance d'ouverture de la 15e législature, à 15h. Il n'y a aucun suspens concernant le résultat de ce vote : le ou la future présidente sera macroniste puisqu'avec 310 députés, le groupe La République En Marche dispose de la majorité absolue. Le candidat choisi mardi matin en réunion de groupe sera immanquablement élu quelques heures plus tard dans l'hémicycle.

Le seul suspens qui susbsiste concerne l'identité de celui ou celle qui sera désigné. Trois députés postulent : François de Rugy, ex-patron du groupe Europe-Écologie-Les Verts, ex-candidat de la primaire à gauche, rallié depuis à En marche, et deux députées ex-socialistes, réélues le 18 juin sous l'étiquette macroniste, Sophie Errante, députée de Loire-Atlantique, et Brigitte Bourguignon, députée du Pas de Calais. "Chacun attend aujourd'hui que ce soit une candidature féminine qui soit prise, estime Brigitte Bourguignon. Nous sommes devant une Assemblée féminisée et renouvelée. Je crois que les symboles ça fonctionne encore et notamment quand nous sommes dans ces ors de la République." Pour la députée, il ne pas "rater cette marche-là". Ce serait la première fois qu'une femme présiderait l'Assemblée et c'est ce scenario qui aurait la préférence du président de la République.

Vers un record de groupes parlementaires

Au palais Bourbon, la recomposition souhaitée par Emmanuel Macron est en marche. Résultat : la valse des étiquettes et la multiplication des chapelles. Il y en avait six sous la précédente législature et la question est de savoir combien il y en aura mardi 27 au soir, les députés ayant jusqu'à 18h pour faire leur choix. Il y a une semaine, la nouvelle Assemblée nationale en comptait déjà sept. Il pourrait y en avoir au moins un de plus. Après le scission de la droite en deux avec la création d’un groupe des Républicains constructifs, c’est au tour de la gauche de réfléchir à un nouveau groupe : les progressistes. Ce groupe pourrait rassembler notamment Manuel Valls, des radicaux de gauche, des anciens écologistes esseulés, peut-être même quelques centristes et les trois députés nationalistes corses.

Huit groupes parlementaires, ce serait du jamais vu depuis 1958 et la création de la Ve République. Ce chiffre pourrait encore gonfler si Marine Le Pen et les sept autres députés du Front national parviennent, dans les mois qui viennent, à atteindre le seuil des 15 élus nécessaires car un groupe peut aussi se constituer en cours de législature. Avec 577 députés dans l’Hémicycle, le nombre total de groupes parlementaires ne peut pas, mathématiquement, dépasser les 38 mais on pourrait arriver à huit ou neuf.

La liste des députés n'est pas définitive

Certains sièges de l'Assemblée nationale pourrait encore changer d'occupant. Dans la 1e circonscription de l'Essonne, la concurrente de Manuel Valls, élu le 18 juin avec 139 voix d'avance, ne désespère pas de faire invalider le résultat. Farida Amrani, candidate de La France Insoumise, va déposer un recours devant le Conseil constitutionnel d'ici mercredi 28 juin. En Haute-Garonne, l'élection de l'unique rescapé socialiste est contestée : Joël Aviragnet a été élu avec 91 voix d'avance, après une remontée spectaculaire dans l'entre-deux tours. Son concurrent Michel Montsarrat, candidat La République En Marche, se défend d'être mauvais joueur. Il dépose un recours "par respect pour ceux qui ont voté pour [lui]".

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