Le Débrief politique. Un Bernard Cazeneuve offensif obtient un large soutien des députés.
Bernard Cazeneuve offensif à la tribune de l'Assemblée obtient un large soutien des députés. La droite raille le bilan du quinquennat. François Fillon joue à cache-cache avec son programme santé. Manuel Valls et Vincent Peillon font une bataille de soutiens. Tout ce qu'il ne fallait pas rater est dans le Débrief de Louise Bodet
1Bernard Cazeneuve et son discours de politique générale
Bernard Cazeneuve a obtenu mardi 13 décembre la confiance des députés après 45 minutes d'un discours de politique générale particulièrement offensif : il n'est pas là pour éteindre la lumière d'un quinquennat en perdition, mais pour porter le fer contre la droite à cinq mois de l'élection présidentielle !
Un discours de combat de la part d'un Bernard Cazeneuve qui sonne la charge contre le programme social du candidat Fillon : "Protéger les Français, cela passe aussi par une fonction publique reconnue. Comment assurer la protection des Français avec moins de policiers et moins de gendarmes ? Comment soigner avec moins de personnels hospitaliers ? Comment garantir l'égalité des chances avec moins d'enseignants ? "
Et de conclure au bazooka : "Je vous le dis du fond du coeur, avec conviction : on peut réformer sans abîmer, et on peut moderniser sans détruire."
Un discours qui a également servi à défendre le bilan du quinquennat, ce dernier ayant été conspué par l'opposition, à l'instar de Christian Jacob, chef de file des députés Les Républicains : "Votre discours n'était, évidemment, pas une déclaration de politique générale, à certains égards peut-être un discours d'adieu. Parce que votre obsession maintenant, c'est de vous racheter et de repeindre un bilan qui n'est pas - et ne sera jamais - défendable. Ce quinquennat ne mérite aucune oraison, il mérite une critique sévère, implacable et cinglante."
Des deux côtés, on est loin du respect que Bernard Cazeneuve entend placer au coeur de son action. Pas sûr qu'il ait lui-même créé les conditions de l'apaisement comme il s'y est engagé, et l'opposition ne l'a pas beaucoup aidé.
Pour autant, malgré les postures et les figures de style imposées par le jeu politique dans l'Hémicycle, le nouveau Premier ministre a le respect d'un grand nombre de députés, à gauche, mais aussi à droite.
Sa personnalité moins clivante que celle de Manuel Valls lui a permis sans surprise d'obtenir la confiance d'une très large majorité des députés : 305 voix pour, 239 contre. C'est une voix de moins que les 306 obtenues par Manuel Valls lors de sa prise de fonction, en avril 2014, mais beaucoup plus que les 269 voix, même pas la majorité absolue, obtenues par l'ancien premier ministre après le remaniement d'août 2014.
Bernard Cazeneuve a réussi à calmer les tensions au sein du groupe socialiste, à se poser en rassembleur, même avec les Frondeurs, qui ont donc voté la confiance : ils n'avaient pas envie d'en remettre une couche.
2François Fillon explique aux députés de son camp son projet pour la sécurité sociale
Après la polémique provoquée par la partie santé de son programme, François Fillon affirme aux élus de son camp que sa déclaration au Figaro, lorsqu'il explique qu' "il ne veut pas privatiser l'assurance maladie, ni diminuer les remboursements", n'est pas une reculade.
On avait pourtant compris l'inverse : eh bien on avait mal compris ! François Fillon réformera, affirme à la sortie de la réunion le député de l'Oise Eric Woerth. "Quand on est immobile, il n'y a pas de débat, donc il faut réformer, explique-t-il. François veut réformer, il a raison, il a été élu à la primaire là-dessus. Il doit être élu par les Français là-dessus, sur un vrai programme de réformes, clair et net. La sécurité sociale doit rester universelle, mais elle doit quand même améliorer ses performances pour qu'il n'y ait pas de déficit, sinon il n'y a pas de durabilité du système."
Eric Woerth est l'un de ceux qui, à droite, critiquaient il y a 48 heures encore, la distinction entre "petits" et "gros" risques maladie, les "petits" n'étant plus remboursés. Ils ont manifestement été entendus : la proposition a été retirée mardi soir du site internet du candidat Fillon.
3À gauche, le match des soutiens entre Manuel Valls et Vincent Peillon
Les deux candidats à la primaire de la gauche réunissent mardi soir leurs soutiens dans deux salles parisiennes : la Maison de la Chimie pour Manuel Valls, la Gaîté Lyrique pour Vincent Peillon.
Deux salles, deux ambiances, mais le huis-clos partout, avec quand même une petite place laissée à la presse côté Valls, qui a l'avantage, surtout chez les poids-lourds du gouvernement.
Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, annonce mardi soir son soutien à l'ancien Premier ministre. C'est tout sauf une surprise, mais ça fait du bien au camp vallsiste.
Mardi matin sur franceinfo, c'est le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Patrick Kanner qui faisait part de son choix : "Manuel Valls ! C'est un choix nécessaire : pour moi, c'est le mieux placé pour nous mener le plus haut possible dans cette élection présidentielle."
Autre soutien de poids à Manuel Valls, celui de la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, en attendant ses collègues à l'Économie, Michel Sapin, et au Travail, Myriam El Khomri.
Vincent Peillon n'a, lui, pas de ministre dans sa besace, mais la maire de Paris, Anne Hidalgo.
4La note du Débrief
19 500. C'est la note que va devoir payer Vincent Peillon au Parti Socialiste s'il veut être candidat. Un petit problème d'ardoise, déniché par le Canard enchaîné : le député européen n'a pas payé sa cotisation de militant depuis trois ans, ni sa quote-part d'élu depuis mai 2014, soit 19 500 euros, qu'il va devoir débourser d'ici jeudi 18h.
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