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32 heures, 35 heures, ou plus... Le débat sur le temps de travail relancé

La CGT relance le débat sur la réduction du temps de travail pour faire baisser le chômage. Mais, est-ce que cette proposition peut réellement créer des emplois ? Le décryptage éco de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des personnes travaillant dans les bureaux du quartier d'affaires de la Défense près de Paris (Covid-19), le 2 novembre 2020. Photo d'illustration. (ALAIN JOCARD / AFP)

La CGT lance, jeudi 14 octobre, une campagne pour un passage aux 32 heures de travail par semaine, sans perte de salaire. Pour le syndicat, cela permettrait de créer jusqu’à 2 millions d’emplois. C’est une vieille idée de la gauche, qui fait débat depuis longtemps. Le principe est simple : réduire le temps de travail permet de le partager et donc d’en distribuer à plus de monde. 

Mais, séduisante sur le papier, cette promesse de travailler moins, pour travailler tous, est plus complexe qu’il n’y paraît parce que, dans les faits, travailler moins en gardant le même niveau de salaire, ça se traduit - en général - par une hausse du coût du travail pour l’employeur, ce qui est peu propice aux embauches. Et puis, dans des économies complexes comme les nôtres, si vous partagez le travail, ça nécessite que tout le monde soit capable de le faire. Or, tout le monde n’est pas forcément formé pour, il peut y avoir des problèmes de compétences.

Le bilan contesté des 35 heures

Selon plusieurs études, dont l’Insee, le passage aux 35 heures a créé entre 300 000 et 400 000 emplois entre 1997-1998 et 2002, c’est à dire en quatre à cinq ans, ce qui n’est pas beaucoup en réalité. Et encore, ce bilan est contesté par certains économistes, c’est vous dire les crispations qu’il y a autour de ce sujet.

De plus, le passage aux 35 heures a entraîné une hausse mécanique du salaire horaire que le gouvernement Jospin de l’époque a compensé en aidant les entreprises, via des allègements de charges. Selon une étude du Budget de 2015, ces compensations ont coûté aux finances publiques entre 11 et 13 milliards par an, ce n’est pas neutre ! Il est probable que s’il y avait un passage aujourd’hui à 32 heures par semaine, les entreprises demanderaient de nouvelles compensations.

Un thème de campagne  

Le débat a déjà commencé : à gauche, Anne Hidalgo met sur la table la baisse du temps de travail, les écologistes aussi, Jean-Luc Mélenchon est pour les 32 heures. À droite, au contraire, les candidats, militent pour travailler plus. Par exemple, Xavier Bertrand veut assouplir les 35 heures.

Reste que le sujet revient aussi parce qu’après la pandémie de Covid-19, les aspirations des salariés ont changé. Ils ne veulent pas travailler comme avant, avec le même logiciel. On pourra d’ailleurs arguer que plus de temps libre permet aussi de "créer" des emplois non productifs, bénévoles, et non comptabilisés mais qui n’en sont pas moins essentiels pour l’économie. Le débat est loin d’être terminé !

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