Allocution d'Emmanuel Macron : les pénuries d'emploi évoquées, mais pas les raisons pour lesquelles elles persistent
Emmanuel Macron a évoqué mardi 9 novembre lors de son allocution, les pénuries d’emploi, les difficultés des chefs d’entreprise pour trouver de la main-d’œuvre. Ses annonces peuvent-elles résoudre les pénuries d’emploi ? Le décryptage de Fanny Guinochet.
Pour faire baisser le chômage, il faut une adéquation entre l'offre et la demande. Or, parmi les chômeurs inscrits à Pôle emploi, beaucoup n’ont pas les compétences que recherchent les entreprises. Un seul exemple : en ce moment, les employeurs s’arrachent les ingénieurs dans l’industrie, la logistique, les travaux publics, l’informatique. Pour les cadres, c’est même le métier le plus demandé, selon la dernière enquête de l’Apec, l’Association pour l’emploi des cadres. Or, on ne devient pas ingénieur du jour au lendemain. Certes, la formation permet d’acquérir les compétences, mais cela demande du temps et des moyens.
Emmanuel Macron a évoqué 15 milliards d’euros mobilisés depuis 2017 pour la formation. Cette somme est très importante mais force est de constater qu’elle n’a pas suffi. La faute à un système de formation trop complexe avec trop d’organismes et ce malgré la réforme de 2018. Autre levier essentiel pour favoriser les embauches : les conditions de travail. Pourtant, mardi soir, Emmanuel Macron n’en a pas parlé. Pas un mot alors que c’est souvent ce qui rend un poste attractif. Le meilleur exemple est l’hôtellerie-restauration. En un an, le secteur a perdu plus de 200 000 salariés. Une véritable hémorragie alors que les métiers sont souvent peu qualifiés et qu'il y a donc peu de problèmes de compétences.
Mais avec le Covid-19, les salariés sont partis faire autre chose et ils ne veulent plus travailler tous les week-ends, tous les soirs,.pour des salaires pas toujours à la hauteur. Dans ce secteur de l’hôtellerie-restauration, les employeurs ont compris l’enjeu et font des propositions sur les repos ou les salaires, en proposant des hausses jusqu’à 9% pour tenter d’attirer des candidats
Les plus de 50 ans ont du mal à retrouver un emploi
Emmanuel Macron a mis la pression sur les chômeurs mais pas sur les entreprises. Pourtant, ils leur arrivent souvent de chercher le mouton à cinq pattes, type un candidat pas cher, mais avec de l’expérience, disponible tout de suite, mobile, etc.
N’oublions pas qu’un des principaux freins à l’embauche concerne l’âge. Sur dix cadres inscrits à Pôle emploi, quatre ont plus de 50 ans. Quand les quinquagénaires sont au chômage, ils y restent deux fois plus longtemps que les jeunes – presque deux ans, contre moins d’un an pour les moins de 25 ans – c’est une histoire de mentalités sur lesquelles les politiques ont du mal à intervenir. Mais qui permettrait pourtant de se rapprocher du plein emploi que vise Emmanuel Macron.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.