Brexit : en route vers un accord, pour changer quoi en France ?
C'est visiblement la dernière ligne droite. La perspective d'un "No deal" entre l'Union européenne et le Royaume-Uni s'éloigne. Même si le principal point d’achoppement reste la pêche. Le décryptage de Fanny Guinochet.
En jeu, il y a l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques : les tractations portaient sur 650 millions d’euros de produits pêchés chaque année par l’Union dans les eaux anglaises. Même s'il y a un compromis, ces volumes ne seront pas maintenus, mais les pêcheurs européens auront accès à la zone britannique. Dans quelles proportions ? Selon quels quotas ? Sur quelles espèces ? C'est ce qui se discute en ce moment. Pour la filière pêche française, le Royaume-Uni est essentielle. Les eaux britanniques font vivre 40% des navires bretons, un quart des pêcheurs des Hauts-de-France, ceux de Normandie aussi. Sans ces débouchés, il y aura sans doute des dépôts de bilan, des suppressions d'emplois. Pour les Anglais, ce sujet de la pêche est avant tout politique : le contrôle des eaux symbolisait une souveraineté britannique retrouvée grâce au Brexit. Chacun cherche donc à sauver la mise et fait des concessions.
Les droits de douanes dans la discussion
Les droits de douanes, c'est aussi le nerf de la guerre. Car sans accord, les produits britanniques seront frappés de surcoûts douaniers importants. S'il y a accord, l'Union permettra à son ancien État membre un accès sans droits de douanes ni quotas à son marché, qui représente 500 millions de consommateurs. C’est important pour les Anglais, ils exportent 45% de leurs produits vers le continent. L’Europe reste leur premier partenaire commercial.
Mais pour les Européens, pas question de céder sans obtenir des garanties de la part de Londres contre la concurrence déloyale en matière d’environnement, de droit du travail ou même de fiscalité. Pas question que les Anglais fassent du dumping social.
Personne n’a intérêt à un "No deal"
Chacun prend des postures, mais chacun sait qu’au fond il y a beaucoup à perdre. Pour l'Union, un No deal entraînerait une perte de PIB de 0,75% d’ici à fin 2022. Côté britannique, la perte serait quatre fois plus importante, autour de 3% du PIB. On le voit, très concrètement, ces derniers jours, la fermeture de la Grande-Bretagne à cause de Covid-19 occasionne un véritable chaos, avec des milliers de chauffeurs routiers bloqués, et des magasins dévalisés au Royaume-Uni. Cette situation amène les deux camps, les Anglais comme les Européens, à être un peu moins inflexibles.
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