Chine, la dévaluation compétitive
Le yuan a été devalué comme n’importe quel ancien franc. La décision a surpris tout le monde, elle est exceptionnelle par son ampleur et c’est un tournant dans la poltique économique de Pékin. La banque populaire de Chine a donc abaissé de 2% le point de parité pivot par rapport au dollar. Mais autour de ce point pivot, la monnaie chinoise peut aussi fluctuer de 2%. Après cette annonce, le yuan a plongé. Il a atteint son plus bas niveau depuis que la Chine a instauré un marché des changes, c’est-à-dire depuis 20 ans. La Banque centrale chinoise ne parle pas de dévaluation mais d’ajustement, elle estime que le yuan était trop fort et veut désormais s’adapter davantage aux besoins des marchés. Cela dit, ce n’est pas non plus la fin du monde. D’autres ont dévalué bien davantage, comme le Japon, mais c’est surtout ce changement radical qui a été un choc.
Mais la vraie raison de cette dévaluation est ailleurs
Evidemment . Pourquoi dévalue t-on sa monnaie ? Vous connaissez la dévaluation compétitive. On dévalue pour mieux vendre à l’étranger. Car pour la Chine, le temps de la croissance à deux chiffres et des tee-shirts bon marché qui inondaient le monde entier, est révolu. Les exportations ont dégringolé de 8, 2 % en juillet, et la croissance chinoise va tourner, tant bien que mal, autour des 7 % seulement cette année : c’est son niveau le plus faible depuis 25 ans. La Chine est confrontée à plusieurs problèmes. D’abord, il y a trop d’offres chinoises dans l’économie mondiale. Pour que cette économie redémarre, elle a surtout besoin de demande intérieure. Bref, il faut qu’on consomme, y compris les Chinois. Du coup, la Chine fait de la surproduction, les hausses de salaires en rajoutent, il y a la concurrence de l'Asie du Sud-Est, et enfin les prix dégringolent car le prix des matières premières baissent. Mauvais tempo. L'entrepreneur chinois a la gueule de bois et l’économie aussi.
Booster ses exportations n’est pas la seule raison de cette dévaluation
Non, la Chine veut aussi jouer dans la cour des grands , c’est-à-dire faire partie du panier de monnaie de référence du FMI aux côtés du dollar, de l’euro, de la livre et du yen. Mais pour jouer dans cette cour des grands, il faut adopter une certaine souplesse vis-à-vis des marchés. Jusque-là, le FMI avait dit non, pas avant l’an prochain. On verra ce qu’il en sera après ce changement de politique en Chine.
Evidemment , tout cela a des conséquences mondiales
En Asie d’abord, chez les voisins de la Chine, la guerre des monnaies est déclarée. Tawaïn, la Corée du Sud et les autres vont sans doute réagir. Et puis conséquence directe : le prix du pétrole a baissé encore hier après cette annonce , les producteurs se demandent ce que sera la demande chinoise. C’est bon pour nos réservoirs et nos chaudières, mais ça appauvrit les pays exportateurs de pétrole qui nous achètent des produits.
Conséquence aussi sur nos économies européennes : les places boursieres avaient perdu le Nord hier, et se demandaient aussi où va la Chine. Les entreprises qui exportent vers Pékin ont vu leur cotation dégringoler. Pas bon pour les constructeurs automobiles européens comme PSA ou encore le luxe français de LVMH.
Enfin aux Etats-Unis, la Réserve fédérale ne sait plus à quel saint se vouer. Elle voulait remonter ses taux d’intérêt pour doper le billet vert. Il est remonté tout seul après la dévaluation du yuan. Et donc ce n’est peut-être plus le moment . Cette annonce énerve aussi les Américains qui ralent depuis toujours contre la sous-évaluation de la monnaie chinoise pour rafler les marchés.
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