Cuba : ce que la France peut y gagner
Pour répondre à votre question, il faut d’abord planter le décor : Cuba, c’est un marché de taille modeste, avec 11 millions d’habitants, et c’est surtout une économie complètement exsangue, mise en piteux état par un demi siècle d’économie socialiste dans sa version étatique la plus bureaucratique et par un interminable embargo commercial et financier imposé par les Américains, il y a 52 ans et plus récemment par les sanctions européennes. Soutenu par le Venezuela et la Russie, Cuba est l’un des rares pays de la planète à être resté totalement à l’écart de la mondialisation et aucun économiste sérieux ne se risquerait d’ailleurs à évaluer la richesse nationale produite chaque année, le fameux Pib est ici une véritable boite noire. Alors avec ce tableau, l’intérêt d’une visite officielle à Cuba paraît assez faible au plan économique, sauf que tout est en train de changer à Cuba, une nouvelle ère s’ouvre avec le revirement de Barak Obama, le président américain qui a décidé, on le sait, de tourner la page de cette longue brouille politique, et promis de mettre fin à l’embargo. En retour, les dirigeants cubains veulent enfin ouvrir l'île au monde extérieur.
La France a donc maintenant une carte à jouer ?
Oui, sans aucun doute, en tout cas, François Hollande défend une diplomatie économique décomplexée. Pour lui, il n’y a pas de petits marchés, tout est bon à prendre. Nul ne doute aujourd’hui que les embargos américains et européens seront bientôt levés, et qu’il y aura, dès le lendemain une ruée des entreprises, notamment américaines. La France entend donc se placer. Toute l’économie cubaine est à reconstruire et de grandes entreprises françaises veulent y prendre leur part, et notamment celles qui y ont déjà des positions, comme Pernot-Ricard, qui exporte du rhum cubain, le groupe Accor qui gère des complexes touristiques promis à un bel avenir, le tourisme est d'ailleurs la grande carte d'avenir de Cuba. On peut aussi ajouter Air France, Total et Alcatel, par exemple, qui sont aussi représentées dans la délégation officielle qui viennent avec des projets d’investissement concrets.
C’est la situation géographique de Cuba qui représente aussi un intérêt pour ces entreprises
Oui, bien sûr, Cuba est située à 200 km des côtes américaines, et à une encablure du Mexique, de la Colombie et du fameux canal de Panama, qui est l’objet de travaux gigantesques pour accueillir bientôt des porte-conteneurs géants. Cuba pourra donc bénéficier d’une position géographique stratégique pour le commerce maritime mondial. Les Brésiliens ne s’y sont pas trompés et construisent déjà à la Havane, un nouveau port, destiné lui aussi à accueillir de grands navires. Le Cuba socialiste va donc s’effacer et laisser sa place à un Cuba capitaliste. Fidel Castro n’est pas encore mort, mais son régime est déjà condamné. Et les dirigeants cubains le savent fort bien. La France, après les Etats-Unis, mais aussi la Chine ou le Brésil, espèrent bien écrire très vite la suite de d'une histoire qui fut très tourmentée
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