Écarté par Stellantis, Carlos Tavares part avec un bonus chiffré en dizaines de millions d'euros

Le groupe automobile Stellantis a annoncé, dimanche, la démission "avec effet immédiat" de son patron emblématique Carlos Tavares. Jugeant qu'il n'a pas complètement démérité, le conseil d'administration ne s'est donc pas opposé à un départ avec une indemnité élevée.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Carlos Tavares s'exprime lors d'un discours au Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas, Nevada, le 5 janvier 2023. (ROBYN BECK / AFP)

Le montant de l'indemnité de Carlos Tavares, poussé vers la sortie par Stellantis, se chiffre en dizaines de millions d'euros, a appris, lundi 2 décembre, franceinfo auprès de membres du conseil d'administration. Le patron emblématique du groupe automobile franco-italo-américain a été contraint de démissionner avec effet immédiat sous la pression du conseil d'administration exceptionnel réuni dimanche soir. Le PDG de 66 ans devait garder les rennes de Stellantis pendant un an avant de prendre sa retraite, mais des "divergences de vues" ont eu raison de lui. Il lui est reproché un management jugé trop brutal et une pression excessive sur les équipes, malgré des mises en garde du conseil d'administration. Selon plusieurs sources, le conseil d'administration a acté une forme de déni du dirigeant.

Carlos Tavares a négocié un bonus important à l'aune de la rémunération astronomique qu'il touchait. Il était en effet le patron le mieux rémunéré de l'industrie automobile, avec 36,5 millions d'euros pour l'année 2023. Le conseil d'administration l'a certes limogé, mais il a salué la capacité qui avait été la sienne de redresser le groupe Stellantis ces dix dernières années. Jugeant qu'il n'a pas complètement démérité, le conseil ne s'est donc pas opposé à un départ avec une indemnité élevée.

Management brutal et résultats spectaculaires

Carlos Tavares était connu pour être un patron pas facile. Pendant longtemps, plus que son arrogance, et son management brural, c'est son génie qui était vanté. On admirait la façon dont il avait redressé le groupe PSA Peugeot Citroen, alors que la firme était au bord du gouffre, pour en faire, un des constructeurs mondiaux les plus performants, grâce notamment au rachat d’Opel, mais aussi la fusion avec Fiat Chrysler. Mais après des années fastes, la situation financière de Stellantis s’est dégradée à tel point qu’en octobre dernier, il y avait eu un avertissement sur les résultats, semant le doute chez les actionnaires.
 
Tout le secteur automobile souffre. Il y a la concurrence féroce des chinois, le virage vers l’électrique, la baisse des ventes de voitures en Europe, mais Stellantis souffrait plus que ses concurrents. Son cours de bourse chutait, le groupe décrochait sur le marché américain, avec des grèves importantes. Carlos Tavares cherchait coûte que coûte à redresser le manche. La semaine dernière encore, il était en Espagne et au Moyen-Orient pour lever des fonds. Il se démenait comme un diable, quitte à pressuriser ses équipes

Le successeur de Carlos Tavares n'est pas encore connu. Il sera nommé au cours du premier semestre 2025. En attendant, John Elkann, héritier de la famille Agnelli, premier actionnaire du groupe, prend la tête d'un nouveau comité exécutif temporaire.

 

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