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Emmanuel Macron veut un "parlement de la zone euro"

Dans une interview au Journal du Dimanche, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a évoqué la création d’un « parlement de la zone euro » et d’une avant-garde de la monnaie unique. Est-ce vraiment envisageable ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

 Oui, c’est possible et souhaitable. En tout cas, l’Europe doit changer car sept ans après l’éclatement de la crise financière et dix ans après le non français au Traité Constitutionnel, quelques retouches timides ont bien été faites mais la dynamique de la construction d’une Union plus intégrée est toujours contrariée pour ne pas dire cassée.

Il y a pourtant une certaine urgence, car la zone euro garde des fragilités initiales, et puis le système turbule aujourd’hui avec d’un côté, les menaces d’un retrait britannique de l’Union, et de l’autre les risques d’une sortie de la Grèce de l’euro. Les uns exigent une modification rapide des traités européens, les autres la redoutent, mais tous doivent en discuter ce mois-ci lors du sommet européen des 25 et 26 juin prochains puisque le président de la Commission doit présenter ce week-end-là un rapport très attendu sur la gouvernance économique de la zone euro.

Que propose concrètement Emmanuel Macron ?

Le ministre s’exprime en son nom personnel, il sent bien que la France n’est pas à l’avant-garde du débat sur l’avenir de l’Union. Agé de 37 ans, Emmanuel Macron dit s’exprimer au nom d’une génération. Il pose sur la table deux idées principales : la première, c’est l’idée de création d’une avant-garde qui suppose une Europe à deux vitesses. Il y a une histoire à 28, dit-il, l’Union, et une histoire à 19, avec l’euro. La première doit être plus simple, plus claire, plus efficace et avancer sur de grands sujets comme l’énergie ou le numérique. La seconde doit aller vers plus de solidarité et plus d’intégration, vers un budget commun, une capacité d’endettement commune, une convergence fiscale.

La deuxième idée, c’est celle de la création d’un parlement de la zone euro. Chacun sait qu’il manque une légitimité démocratique, un lien plus fort avec les parlements nationaux sur ces questions liées au pilotage de l’euro. Ce parlement viendrait combler ce vide politique et démocratique.

La France a-t-elle des alliés en Europe pour défendre ces idées-là ?

Tout dépend des modalités, mais c’est possible.  En Allemagne, notamment, ces idées d’une avant-garde et d’un parlement de la zone euro sont partagées par plusieurs ministres d’Angela Merkel. Emmanuel Macron redonne ainsi corps au couple franco-allemand sur la question européenne. C’est bien, mais il sait aussi qu’il y a un gros travail de conviction à engager en France, au sein même de la majorité. Pour s’en assurer, il suffit de remarquer que le programme de stabilité envoyé par la France à Bruxelles, autrement dit le document qui consigne les objectifs de sa politique économique, n’a même pas été débattu au parlement français. On était alors à quelques jours du congrès du Parti socialiste, le gouvernement redoutait que ce document ne mette de l’huile sur le feu. Emmanuel Macron devra se battre, tant sur le front européen que sur le front intérieur pour défendre ses idées.

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