Automobile : la grève historique qui touche l'industrie américaine fait trembler les constructeurs français

Les États-Unis connaissent une grève historique, qui touche les trois plus gros constructeurs automobiles. Les employés demandent des hausses de salaires. Ce conflit risque de s’étendre dans le pays mais aussi en Europe.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les employés de Blue Cross Blue Shield montrent leur soutien aux membres de l'United Auto Workers (UAW), à Détroit, le 15 septembre 2023. (MATTHEW HATCHER / AFP)

Quelque 13 000 salariés du secteur automobile se sont mis en grève aux États-Unis, vendredi 15 septembre, faute d'accord avec les constructeurs Ford, General Motors et Stellantis. Ce mouvement social fait trembler les constructeurs français qui craignent un effet contagion. La grève touche en effet un fabricant tricolore, Stellantis (ex-PSA), présent aux États-Unis depuis sa fusion avec Fiat Chrysler, il y a deux ans.

Une des usines américaines de Stellantis est à l’arrêt depuis la fin de la semaine dernière, mais la spécificité de ce conflit est qu'il éclate en même temps à Général Motors et Ford. La grève touche leurs usines de SUV et de pick-up, où les ouvriers demandent 40% de hausse de salaires. La revendication est portée par le puissant syndicat du secteur, UAW (Union automobil workers). Aux États-Unis, les syndicats ne sont pas toujours bien implantés, sauf dans l’automobile. 

Le contexte pré-électoral en appui

Les négociations ont débuté il y a deux mois, mais face à l'impasse, le syndicat entre dans un bras de fer : la grève concerne près de 13 000 salariés, c'est à peu près 10% des adhérents du syndicat. Ils promettent d’étendre le mouvement si les patrons ne revoient pas leur copie. Stellantis a déjà relevé son offre. Le groupe a proposé ce week-end plus de 20% d’augmentation, soit 5% de plus que la semaine dernière, mais ça ne suffit pas pour le syndicat. 

Il faut dire que les employés profitent aussi du contexte politique pour faire monter les enchères et trouver des soutiens : les Républicains accusent les Démocrates, actuellement en responsabilités, d’avoir plombé le pouvoir d’achat des ouvriers en ne stoppant pas l’inflation. De son côté, Joe Biden sait qu’il aura besoin du vote de la classe moyenne pour se faire réelire pour un second mandat. Il appelle donc les constructeurs à mieux partager les profits.

Le risque de contagion en France

En France aussi, les salaires restent la première préoccupation des travailleurs. C’est une revendication qui rassemble tous les syndicats. D’ailleurs, en France et en Europe, ils vont se mobiliser à ce sujet le 13 octobre prochain.

Ce conflit exprime aussi une profonde angoisse, que partagent travailleurs français et américains : celle du déclassement. Avec le passage à la voiture électrique, ils craignent de voir leurs emplois supprimés ou moins bien rémunérés. Pour exemple, chez Tesla, aux États-Unis, les ouvriers gagnent 30% de moins que chez les constructeurs traditionnels.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.