Haro sur le charbon !
Indéniablement. Tenez on a appris hier jeudi que Natixis, la banque internationale de financement, qui appartient au groupe BPCE, le deuxième acteur bancaire en France, renonçait à financer les industries du charbon dans le monde. En mai, pendant l’assemblée générale des actionnaires, une ONG américaine avait sévèrement tancé Natixis pour sa participation au financement dans les montagnes américaines des Appalaches d’une mine de charbon, particulièrement vilaine. Cela a interpellé les dirigeants de la banque, qui ont fini par prendre cette décision : Natixis se retire des industries du charbon et des sociétés dont l’activité repose à plus de 50% sur l’exploitation de centrales au charbon. La banque prend donc l’engagement de s’investir davantage dans les énergies renouvelables.
D’autres entreprises avaient pris ces derniers jours des engagements similaires.
On peut désormais commencer à considérer qu’il s’agit d’un mouvement d’ensemble : dans la banque, le Crédit agricole a lui aussi pris des engagements, un peu moins contraignants, il est vrai : il s’est engagé à "ne plus financer de nouvelles centrales ou extension de centrales électriques au charbon dans les pays à haut revenus".
Axa, deuxième assureur européen, a pris l’engagement de désinvestir complètement du charbon d'ici la fin de l'année et tripler ses investissements verts d'ici 2020.
Les industriels ne sont pas en reste. Mardi, le groupe GDF-Suez qui s’appelle maintenant Engie, a annoncé qu’il ne construirait plus de centrales au charbon de le monde, et qu’il abandonnait tous ses projets, sauf s’ils avaient l’objet d’un engagement ferme. En clair, Engie met fin à un gros projet de centrale au charbon en Turquie et à un autre situé en Afrique du Sud.
Chez EDF, on se pose les mêmes questions, sachant que l’électricité issue du charbon atteint encore 13% de sa production nette dans le monde. Une revue stratégique est prévue, une expression pudique pour dire qu’un tri va être fait dans ces activités et certains projets abandonnés.
Donc oui, l’esprit de la COP21 et de la négociation climat commence à souffler dans les milieux industriels comme dans les milieux financiers et pas seulement en France : on a ainsi entendu fin septembre à Londres le gouverneur de la banque d’Angleterre tirer le signal d’alarme en disant que les investisseurs étaient beaucoup trop exposés dans le financement d’entreprises polluantes et que ces investissements devenaient trop risqués.
Si on se focalise sur le charbon, c’est que cette énergie est très polluante ?
La combustion du charbon est responsable de 17 % des émissions de gaz à effet de serre pour la seule Europe. L’Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni sont les principaux pollueurs. La France est beaucoup plus vertueuse, le charbon n’est responsable chez nous que de 2 % des émissions de gaz à effet de serre. En revanche, la Chine demeure le premier consommateur mondial mais, signe nouveau, elle commence enfin à se détourner du charbon. Donc, en résumé, le chemin et encore long, mais la pente est intéressante…
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