L'attente de la nomination d'un Premier ministre met les milieux d'affaires sur les nerfs
Cette vacance du pouvoir nourrit encore un peu plus la dégradation économique, alors que l’instabilité politique inquiète les marchés, et fait augmenter les taux d’intérêt français. Dans un contexte géopolitique déjà très mouvant, les milieux d’affaires se lassent, s’agacent : ils attendent du prochain locataire de Matignon, dont la nomination est attendue vendredi dans la matinée, de la visibilité et un cap.
Tous les chefs d’entreprise en effet, petits ou grands, le disent : la France, en ce moment, est en suspens, les projets comme les investissements, sont ajournées, avec des conséquences très concrètes sur la vie des Français. On gèle les embauches, on ne renouvelle pas les CDD, on évite de donner trop d’augmentations de salaire, car on ne sait pas trop quel effort sera demandé aux entreprises en 2025.
Une consommation ralentie
Malgré les fêtes, la consommation des ménages, premier moteur de notre croissance, commence aussi à ralentir. Les économistes constatent en effet un retour de l’épargne de précaution, c’est-à-dire que, lorsqu'ils le peuvent, les Français mettent de l’argent de côté, non pas pour un projet précis, comme s’offrir des vacances, mais parce qu'ils anticipent des lendemains difficiles, des plans sociaux, des pertes d’emplois, ou encore des hausses d’impôts.
Il faut dire qu’en la matière, la controverse juridique autour de la révision du barème de l’impôt sur l’inflation n’a pas vocation à rassurer. Normalement, selon le conseil d’État, une révision du barème ne doit pas être inscrite dans la loi spéciale, qui sera discutée la semaine prochaine, mais il se peut qu’elle y soit finalement, car le Nouveau Front populaire a déposé un amendement en ce sens, avec le risque toutefois que cette loi de finances spéciale soit retoquée par le Conseil constitutionnel.
Un budget toujours indispensable
Le dossier qu'il faudra bien régler, c'est encore celui du budget 2025 pour la France. Mais ne nous y trompons pas, si c’est évidemment le dossier prioritaire du prochain locataire de Matignon, il est probable qu’il ne soit pas adopté au mieux avant la fin du premier trimestre, c'est-à-dire février-mars 2025. Pour rétablir la trajectoire des finances publiques, le successeur de Michel Barnier devra, on le rappelle, réaliser 60 milliards d’euros d’économies. Pour ce faire, va-t-il augmenter les impôts et les taxes dans les mêmes proportions que son prédécesseur ?
En attendant, de nombreuses politiques publiques sont à l’arrêt dans la défense, l’agriculture, l’éducation, la construction, et l’emploi. Faute de budget, les promesses qui avaient été faites ne peuvent pas être tenues pour l'instant. De quoi user encore les nerfs des Français et faire monter la tension sociale.
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