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L'économie numérique contre l'économie traditionnelle

Les taxis contre Uber, les hôtels contre Airbnb, les conflits se sont multipliés ces derniers mois entre les nouvelles plateformes numériques, très à la mode, et les entreprises traditionnelles. Et pourtant, de nouvelles règles du jeu apparaissent, des pistes de régulations sont expérimentées. La guerre est finie ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

 Certainement pas, il ne faut pas aller si vite, la guerre n’est pas encore finie, les plateformes numériques de type Uber, Airbnb ou Blablacar vont continuer à déstabiliser des pans entiers de l’économie traditionnelle. C’est le sens de l’histoire, on peut retarder l’innovation, lui mettre des battons dans les roues pendant quelques temps, mais certainement pas la faire disparaître. Pour autant, ces nouveaux acteurs de l’économie numérique ont besoin de reconnaissance pour prospérer, ils ont besoin d’être acceptées et donc d’une manière ou d’une autre d’être légalisées. Ces plateformes cherchent donc à pacifier le climat dans lequel elles se développent, elles cherchent des modes de régulations innovants et acceptables pour les pouvoirs publics, sans pour autant renoncer à ce qui fait leur singularité : un développement foudroyant de services entre particuliers. On entre bien dans une deuxième phase.

Des exemples en pagaille

Oui, plusieurs à l’étranger d’abord, au Québec en particulier, puisque la France n’est pas une exception, tous les pays ont connu ces derniers temps des tensions très fortes suscitées par le succès de ces plateformes numériques. Donc au Québec, on a appris cette semaine, qu’Airbnb, première plateforme communautaire de réservation d’hébergements dans le monde, avait accepté le deal suivant proposé par le gouvernement québecquois : on fait une loi pour légaliser vos activités, et en échange vous allez être taxées, Airbnb devra prélever les taxes locales de séjour qui reviennent aux municipalités et qui sont acquittées par les clients. Elle devra se montrer plus transparente car l’Etat veut taxer les particuliers qui achète un appartement et en font commerce quotidien par le biais d’Airbnb, car il s’agit de concurrene déloyale. C’est à peu près le sens de l’accord que vient de signer en France également Airbnb avec la mairie de Paris, l’opérateur numérique va collecter dès le 1er octobre la taxe de séjour auprès de ces hôtes. Et figurez-vous qu’Uber prend le même chemin, au Canada en tout cas, Uber Montréal a proposé au gouvernement de payer une taxe spéciale par course en échange de la légalisation de ses activités. Uber va même plus loin : il est prêt à donner au fisc le montant de revenus perçus par leurs chauffeurs qui sont en général des particuliers. C’est une petite révolution.

L’Etat légalise mais il taxe

Oui, ce sont les termes du deal, l’Etat ne veut pas construire des digues illusoires, ni empêcher l’éclosion de ces nouveaux services, mais il veut une compétition à peu près équitable et surtout il veut de la transparence et le respect d’un civisme fiscal sans lequel il n’y a plus de société, ni de collectif. Dans les exemples dont je vous ai parlé, la puissance publique ne capitule pas, elle ne protège pas de rentes, mais elle invente, elle expérimente de nouvelles règles. C’est exactement la bonne attitude. On n’arrête pas une révolution technologique mais on l’accompagne et on l’encadre. Et on peut simplement espérer que ces exemples fassent école.

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