L’arrivée des migrants a peu d’impact sur notre économie
Les économistes se penchent sur le sujet des migrations. Un sujet qui passionne, le grand amphi de l’université Lyon 2 était plein à craquer mercredi soir. Les économistes et les chercheurs qui ont planché sur la question s’étaient donnés pour mission d’avoir un débat serein, précis, rationnel, sur l’un des thèmes les plus instrumentalités du moment. L’objectif de ces trois chercheurs – Flore Gubert, Alice Mesnard et El Mouhoub Mouhoud - était d’expliciter, chiffres à l’appui, quelques vérités. Ils ont donné quelques exemples qui bousculent certaines idées reçues :
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A l’échelle de la planète, seule une toute petite minorité émigre chaque année, autour de 0,3% de la population mondiale. Certes, ce chiffre augmente mais comme la population mondiale augmente aussi, cette proportion ne bouge pas.
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Les principaux flux migratoires vont d’abord des pays du Sud, ainsi par exemple, les Africains qui quittent leurs pays, vont d’abord dans un autre pays africain.
- On croit volontiers que le profil type d’un migrant, c’est un jeune homme seul. Faux ! Ce sont en majorité des femmes qui partent. De même, on croit que ce sont les plus pauvres. Non ! Ce sont souvent ceux qui ont les moyens de partir et donc une population qui appartient en général à la classe moyenne de leur pays avec même des profils souvent qualifiés.
Qui vient en Europe ?
Plus de la moitié des migrants s’installent dans une dizaine de pays seulement. Les Etats-Unis demeurent le premier pays d’accueil.
En Europe, sur les 46 millions migrants enregistrés en 2013, plus la moitié venait d’un autre pays européen. Enfin, nos trois experts ont rappelé que la France est, parmi les grands pays de l’OCDE, l’un de ceux qui ferment le plus ses portes, et qui accueillent donc le moins d’immigrés sur son sol. Si on fait le compte de ceux qui arrivent et de ceux qui en partent, c’est entre 60 et 100.000 personnes seulement qui arrivent chaque année en France, sur une population, faut-il le rappeler, de 66 millions d’habitants.
Quel impact ont ces arrivées de migrants sur les finances publiques et sur le marché du travail en France?
La vérité est que cet impact est très faible et plutôt équilibré. Sur les finances d’abord, ceux qui arrivent sont le plus souvent des jeunes. Ils vont recevoir en moyenne plus de prestations sociales, mais à l’inverse ils vont cotiser bien plus qu’ils ne reçoivent pour la santé et pour la retraite.
Sur le marché du travail, les vérités sont aussi dérangeantes : non, les immigrés ne tirent pas vers le bas les salaires des autochtones, et ils ne prennent pas non plus leur travail, tout simplement parce que la question du chômage et celle de l’emploi sont deux questions différentes : vous pouvez à la fois avoir un taux de chômage élevé, comme en France et manquer de bras, en haut et en bas de l’échelle, c’est aussi le cas de la France. Vous voyez, il y a encore beaucoup de pédagogie à faire dans le débat public en France.
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