Le décryptage éco. Création d'emplois, enfin de bonnes nouvelles
C’est une bonne nouvelle : la France se remet à créer des emplois. La "job machine" française s’est remise à tourner comme jamais depuis le début du quinquennat Hollande. Vincent Giret décrypte la dynamique enregistrée.
La France est à nouveau créatrice d'emplois. Il n’y a plus de doute maintenant, la courbe du chômage est bien inversée. On connaîtra mardi 24 janvier le chiffre du chômage du mois de décembre 2016, mais un autre chiffre révélé hier témoigne qu’il y a une vraie dynamique de création d’emplois en France. Ce chiffre est celui de l’agence qui collecte les cotisations de la sécurité sociale. Il permet donc de recenser les déclarations d’embauches. On n’est donc pas dans de l’estimation, mais dans le réel, le plus concret, le plus tangible, le plus incontestable.
Une hausse des embauches en 2016
L’agence a dénombré 1 900 000 embauches au cours du dernier trimestre, pour des contrats de plus d’un mois; On dispose donc désormais de la photographie de l’année 2016 dans son intégralité, avec une hausse de 6,4% des embauches. Et c’est même une hausse de 9,5 % pour les CDI, même si globalement l’énorme majorité des embauches continuent de se faire avec des contrats à durée déterminée (CDD). Et ce qui est intéressant, c’est que l’embellie est générale, qu’elle profite à toute les régions de France et qu'elle touche les trois grands secteurs d’activités, la construction, l’industrie qui avait beaucoup souffert, et le tertiaire avec les services et cela, quelle que soit la taille des entreprises, PME ou grandes entreprises. La "job machine" française s’est remise à tourner comme jamais depuis le début du quinquennat Hollande.
Un contexte pourtant difficile
L’économie française n’aurait dû créer que très peu d’emplois au cours d’une bonne partie de l’année 2016, voire même en détruire puisque la croissance a été nulle au deuxième et au troisième trimestre. Même sans croissance, la France a créé des emplois : 160 000 emplois salariés marchands, selon les dernières estimations de l’Insee. On peut donc affirmer sans se tromper que les baisses de charges sur le coût du travail ont enfin produit des effets. Mieux : ça marche, en dépit de ce qu’on a parfois entendu dans les débats de la primaire socialiste.
On parle ici du CICE, du pacte de responsabilité et aussi et peut-être surtout, de la prime à l’embauche dans les PME qui revient à annuler les charges patronales au niveau du smic. C’est cette dernière prime qui serait le plus efficace avec plus de 50 000 emplois créés. Le problème avec ces politiques de l’offre, c’est qu’elles mettent du temps avant de produire des effets, mais il n’y a pas de doute sur leurs vertus à moyen terme.
Des leçons à tirer pour l’avenir
Il faudra continuer d’une manière ou d’une autre ces fameuses baisses de charges, les simplifier, les pérenniser, car l’impact du coût du travail est majeur, surtout sur les emplois peu qualifiés. Le gouvernement a prévu que la prime à l’embauche pour les PME, dont on vient de dire l’efficacité s’arrête cet été, c’est à dire au moment de la présidentielle et ce n’est pas une bonne idée.
Mais il y a une autre leçon : c’est que cette politique ne suffira pas à résorber notre stock de chômage, qui reste considérable, et qu’elle doit donc être complétée par une série de réformes et de politiques proactives, et parfois très ciblées. Il est faux, mais vraiment archi-faux, de répéter que le chômage est une fatalité et que tout a été essayé.
La France continue, par exemple, à exclure du système scolaire 140 000 jeunes chaque année. Or, on sait qu’on peut repérer, identifier ces décrocheurs, entre la dernière année de maternelle et les deux premières années de l’école élémentaire. C’est donc sur la petite enfance qu’il faut mettre le paquet pour faire cesser cette tragédie. Ce n’est qu’un exemple, parmi des dizaines d'autres, mais dans les domaines de l’éducation, de la formation, il y a beaucoup à faire.
Voilà qui devrait nourrir en priorité notre débat électoral qui s’annonce pour la présidentielle.
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