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Le décryptage éco. Danone : le PDG Emmanuel Faber sous la pression des actionnaires et des fonds d'investissement

Danone vient de publier ses résultats. Avec la crise, le géant agroalimentaire a perdu en rentabilité. Et la pression s’accentue encore sur le patron Emmanuel Faber. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Emmanuel Faber, le patron de Danone à Paris, le 19 février 2019. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Danone fait moins bien que ses concurrents : 14% de rentabilité contre 18% pour Nestlé par exemple. L’an dernier, le titre du groupe a perdu 27% en bourse. Des performances jugées insuffisantes par une partie des actionnaires, et notamment par le fonds anglais Bluebell Capital ou encore l’américain Artisan Partners qui, avec 3% du capital, est le troisième actionnaire. Le PDG Emmanuel Faber argue que la crise a fait fondre son activité : par exemple, avec la fermeture des bars et des restaurants, les ventes de bouteille d’eau ont beaucoup chuté. Cela représente le quart de son chiffre d’affaires. 

Emmanuel Faber a beau restructurer, en supprimant 2 000 emplois sur les 100 000 que le groupe a dans le monde, ou encore promettre de réaliser un milliard d’euros d’économie d’ici l’an prochain, rien n’y fait. Ces fonds veulent sa tête, il est au pied du mur. 

Un patron aux positions iconoclastes 

Dans l’univers du CAC40, Emmanuel Faber est un patron atypique. À 57 ans, ce défenseur d’un capitalisme plus social, plus responsable, a baissé sa rémunération bien avant la crise. Il a surtout fait de Danone une entreprise à mission : cela veut dire affirmer noir sur blanc dans les statuts du groupe qu’il refuse les profits aveugles, et les seuls gains financiers. Phénomène assez rare, d’ailleurs : malgré l’annonce des suppressions de postes, les syndicats le soutiennent. Ils craignent que les fonds étrangers démantèlent Danone et procèdent à des ventes à la découpe.  

Le groupe centenaire en a vu d’autres. C’est vrai que la composition très diluée du capital le rend vulnérable, rachetable, "opéable". Pour espérer rester aux manettes, Emmanuel Faber va devoir faire de lourdes concessions sur sa stratégie, mais aussi sur le partage du pouvoir. Mais face à la crise de défiance, pas sûr que ce soit suffisant. Un prochain conseil dans deux ou trois semaines pourrait trancher.

Reste à voir aussi la position du gouvernement : pour l’instant, il ne s’est pas exprimé, mais va-t-il laisser ce fleuron français s’affaiblir ? Danone est dans la production alimentaire, un secteur sur lequel l’exécutif a promis de maintenir la souveraineté nationale. 

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