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Le décryptage éco. Eurostar en grande difficulté

Le trafic est passé en un an de 11 millions de voyageurs à moins de 2 millions.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un train Eurostar en gare d'Avignon (Vaucluse) le 26 novembre 2019. Photo d'illustration. (PHILIPPE PAUPERT / FRANCE-BLEU VAUCLUSE)

Avec la crise, la compagnie ferroviaire Eurostar est au bord de la faillite.
Le patron Jacques Damas appelle les gouvernements à l’aide. Selon lui, "la catastrophe est possible". Faute de cash, de trésorerie, Eurostar pourrait se retrouver en cessation de paiement, dès le printemps prochain. Avec la pandémie, le chiffre d’affaires de la compagnie – plus d’1 milliard d’euros en 2019 – a été divisé par 20. Eurostar est passé de 11 millions de voyageurs par an à moins de 2 millions. Actuellement, il n’y a plus qu’un seul aller-retour par jour entre Paris et Londres et qui plus est, vide à 80% !

Dès cet été pourtant, les actionnaires d’Eurostar ont remis au pot, l’entreprise a négocié en urgence sa dette avec les banques. Banques qui lui ont d’ailleurs prêté plus de 450 millions d’euros. Non sans condition : Eurostar devait couper dans ses coûts et garantir un minimum d’activité pour 2021. Mais, avec le variant du virus et le durcissement des restrictions, impossible de tenir le contrat. Sans mauvais jeu de mots, Eurostar ne voit pas le bout du tunnel.

Les gouvernements vont-ils intervenir ?

La difficulté, c’est que pour les autorités britanniques, Eurostar est une entreprise française en Angleterre. Et côté Français, comme elle est au Royaume-Uni, elle est un peu trop anglaise pour être une priorité. La composition de son capital complique encore les choses : 55% détenus par la SNCF et le reste dans un consortium international, où il y a la Caisse des dépôts du Québec, un fonds britannique, la Compagnie ferroviaire belge aussi. Tout le monde se renvoie la balle. Sans compter que la SNCF, l’actionnaire majoritaire, est en très mauvaise posture avec ses 5 milliards d’euros de pertes l’an dernier.

Bruno Le Maire ne ferme pas toutes les portes. Reste à voir comment l’État pourrait intervenir, via la SNCF, via un prêt garanti directement à Eurostar. En attendant, les dirigeants de la SNCF, l’actionnaire majoritaire, poussent l’idée d’une fusion entre Eurostar et Thalys, l’autre filiale de la SNCF pour créer un géant du ferroviaire européen. Ce projet avait été lancé avant la pandémie mais plus encore qu’hier, la SNCF espère avec cette fusion, faire des économies et sauver Eurostar de la faillite.     

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