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Le décryptage éco. Fichage à FO : Pascal Pavageau peut-il se maintenir à la tête du syndicat ?

Le poste de Pascal Pavageau est sur la sellette depuis que des fichages sur les cadres de Force ouvrière ont été révélés. La décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
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Temps de lecture : 4min
Moins de six mois après avoir succédé à Jean-Claude Mailly, Pascal Pavageau, secrétaire général de FO était contraint à la démission. (ERIC PIERMONT / AFP)

Pascal Pavageau, le patron de Force ouvrière est sous pression après la révélation, par Le Canard enchaîné d’un fichier occulte sur les cadres de FO. Tout le monde se pose la question : peut-il tenir ? Une question qui a été posée dimanche 14 octobre par France Inter à Muriel Pénicaud : est-ce que Pascal Pavageau doit démissionner ? La ministre du Travail n’a pas voulu se prononcer, expliquant que ce n’était pas de son ressort, mais elle s’est dite "choquée et scandalisée" par cette "histoire indigne" de fichier.

Selon Le Canard enchaîné, une centaine de responsables de FO ont été fichés avec des commentaires du type "niais, collabo, complètement dingue". Pascal Pavageau a reconnu les faits, regrettant "une grave erreur", mais il a rejeté la faute sur deux de ses collaboratrices pour lesquelles il aurait prononcé quelques jours de mise à pied. Il explique aussi que cette histoire est une tentative pour déstabiliser son syndicat, un complot en quelque sorte.

Semaine difficile pour Pavageau

Pascal Pavageau n’a pas prévu de démissionner. Même si certains, comme Frédéric Homez, le numéro un de la fédération FO Métallurgie, demandent publiquement qu’il abandonne de lui-même son poste, Pascal Pavageau a l’air décidé à rester. Mais la semaine va être compliquée pour le leader syndical. Lundi 15 octobre se tient un bureau confédéral : les cadres de FO vont lui demander des comptes. Mercredi il y a une autre réunion, encore plus importante, celle de la commission exécutive, le "gouvernement" de FO, où il va devoir aussi s’expliquer. Surtout que les 35 membres qui la composent sont tous susceptibles d’être dans le fichier. C’est stratégique car cette commission a les moyens statutaires de convoquer le parlement de FO pour le destituer. 

L’avenir de Pascal Pavageau à la tête de FO semble compromis. Même si FO est une organisation compliquée avec plusieurs mouvances, les soutiens de Pavageau semblent se réduire à peau de chagrin : il peut encore compter sur les anarchistes mais il semblerait que les réformistes et les trotskystes soient en train de se rallier pour le pousser vers la porte de sortie.

La ligne de FO fragilisée

Cette histoire de fichiers surgit à un moment déjà très délicat pour le successeur de Jean-Claude Mailly. En interne, beaucoup critiquent sa gestion, qu’on dit autoritaire. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs démissions de cadres. Au siège, l’ambiance est délétère. Beaucoup ne lui pardonnent pas d’avoir humilié son prédécesseur : à Lille, le congrès d’investiture en avril dernier s’était très mal passé, au point que Mailly était parti avant la fin.

Les critiques portent aussi sur la ligne politique de Pavageau. FO s’est beaucoup radicalisée depuis son arrivée en adoptant des positions presque plus dures que celles de la CGT face à la politique du gouvernement, courant le risque pour le syndicat d’être marginalisé par les pouvoirs publics. La dernière journée d’action le 9 octobre n’a pas été un franc succès. Bref, ça fait beaucoup.

Sans compter que Pascal Pavageau va aussi devoir s’expliquer devant la Cnil, la Commission nationale informatique et libertés qui a fait une descente vendredi au siège à Paris : Il y a un risque de procédure pénale. Cette sombre histoire tombe mal pour le troisième syndicat français à l'approche des élections professionnelles de la fonction publique, un scrutin important pour FO. Cela jette l’opprobre sur le syndicalisme, déjà très affaibli en France. Et ça, c’est dommage.

 

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