Cet article date de plus de cinq ans.

Le décryptage éco. La CGT et le gouvernement unis pour l’avenir de Ford Blanquefort

La CGT accuse le gouvernement de ne pas l’avoir protégée, lors de la manifestation du 1er-Mai. En revanche, le syndicat fait cause commune avec l’exécutif pour tenter de sauver l’usine Ford de Blanquefort, en Gironde. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'entrée du site Ford à Blanquefort (Gironde), usine qui doit fermer ses portes  en août 2019. 11 décembre 2018. (ALEXANDRE BARLOT / RADIO-FRANCE)

Une fois n'est pas coutume, le syndicat CGT et Bruno Le Maire sont solidaires pour le combat qui les oppose au fabricant automobile Ford concernant l'usine de Blanquefort en Gironde.

C’est l’alliance incroyable de Philippe Poutou, le représentant CGT de ce site et porte-parole du NPA et de Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie issu de la droite. Tous deux sont en ce moment unis pour un même combat : sauver l’usine Ford qui va fermer dans quatre mois et mettre 850 salariés au chômage.

La CGT assigne jeudi 2 mai le constructeur américain en justice en dénonçant "l'absence de motif économique" pour cette fermeture. Et elle peut compter sur le soutien du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, furieux contre la décision du constructeur. Bruno Le Maire était violemment monté au créneau contre le géant américain. Il avait eu des mots très durs il y a un mois contre l’industriel, assurant que "Ford allait payer ce qu'elle doit aux salariés, au site et au territoire", au regard des subventions publiques que l'entreprise a touchées. Bruno Le Maire avait aussi créé la surprise générale en évoquant une éventuelle nationalisation temporaire. Mais Ford n’avait pas bougé, et maintenu sa volonté de retirer ses billes de cette usine spécialisée dans la fabrication de boîtes de vitesses automatiques

Pour la CGT , il y a volonté délibérée de Ford de mettre à mal ce site 

Parce que Ford préfère licencier et partir plutôt que de céder l'usine à un repreneur. Repreneur qui aurait pu assurer la continuité de l’activité et préserver les emplois. Et dans ce dossier, il y en avait un : le groupe belge Punch Powerglide. La solution était d’ailleurs considérée comme crédible par Bruno Le Maire mais Ford a estimé que Punch ne présentait des garanties suffisantes. Il faut dire qu'un an auparavant, le constructeur américain avait déjà cédé l'usine à un conglomérat allemand, mais la reprise n’avait pas fonctionné, les investissements promis pour produire des pièces d'éoliennes n'ont pas été faits, et Ford avait été finalement rappelé à la rescousse pour reprendre l'usine dont il pensait pouvoir se débarrasser.    

Pas sûr que la requête en justice de la CGT change la donne

Officiellement, la CGT espère encore stopper la procédure de fermeture mais cela semble compliqué. Le site doit s’arrêter en août prochain, le plan de sauvegarde de l’emploi a été validé par l’administration. Et si on regarde les précédents, il y a eu déjà des actions en justice – comme chez Caterpillar, chez Goodyear… – mais c’est très long et cela débouche rarement sur des réouvertures de sites. Cela peut en revanche donner lieu à des indemnités de départs plus importantes. Pour la CGT, c’est une manière d’essayer d’obtenir plus que les 20 millions d’euros déjà promis par Ford. Sachant que 20 millions, c'est six fois plus que les obligations légales. Le syndicat joue actuellement le tout pour le tout. La semaine dernière, il a investi pendant deux heures les bureaux de la direction à Blanquefort pour obtenir une prime exceptionnelle pour tous les salariés … sans succès.        

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.